Celui qui dit ce matin « voilà on y va le concert reprend sa cadence joie joie joie voilà c'est reparti » / Celle qui se sent toute claire ce matin neuf / Ceux qui sentent le soleil atteindre doucement leurs mains d'aveugles / Celui qui enfile le froc du défroqué et poursuit son chemin en sifflotant des airs gais / Celle qui se sent ce matin très Vivaldi / Ceux dont le concert défie le cancer / Celui qui file ses clefs à la garagiste vu qu'il va continuer de marcher sur les eaux le jojo / Celle qui rédige les exécutions sommaires du critique musical Ludwig Von Alzheimer / Ceux qui ont conscience de leur estivale vacuité mais que ça n'empêche pas de siroter leur mojito (prononcer morito) sur la marina de Jerez / Celui qui lit L'erreur de Narcisse de Louis Lavelle au bord de l'étang désormais voué aux déchets carnés / Celle qui se trouve ce matin la tête de Méduse avec ses dreadlocks peroxydées / Ceux qui te laissent entendre que ton salut (dont tu te fous) n'est pas assuré tandis que le leur est une affaire qui roule / Celui qui marche à reculons vers ce qui l'attend /Celle qui se dit j'y fus j'y étais j'y est et puis qui dit comme ça : on y va et ça y va or en allons-nous et ils s'en allent / Celui qui couine de n'être point cité au sommaire de la revue que nul ne lit sauf lui / Celle qui est si ronde qu'elle ne roulera personne / Ceux qui se cramponnent à l'idée qu'ils croient qu'on se fait d'eux / Celui qui est tout sureau ce matin dans le bois feuillu / Celle qui souffle encore sur les braises du feu d'hier / Ceux qui se lavent dans le courant puis se sèchent en courant / Celle qui se dit en état de rivière d'été / Ceux qui fléchissent à la gaule mais ne rompent point à la ligne / Celui qui détale le long des talus de sommeil / Celle qui dit Paradis pour accéder à la nuit plus belle / Ceux qui s'éveillent en le rêvant à l'instant, etc.
Image : Philip Seelen