Magazine Journal intime

Luke, je suis ton père

Publié le 22 décembre 2007 par Pascal

Selon l'entente conclue en conciliation, ma fille passera Noël avec sa mère même si nous en étions à mon tour de garde. À la base de cette décision, sa famille s’est toujours réunie à Noël alors que la mienne préfère le souper du premier de l’an. Enfin, c’est ainsi du côté de ma mère parce que du côté de mon père, on s’en fiche pas mal.

Qu’elle soit joyeuse ou de mauvaise humeur, la présence de ma fille dans ma vie fait toute une différence. Au minimum, le condo est habité et vivant lorsqu’elle est ici. J’ai eu sa « visite » jeudi et vendredi, et, quoiqu’au départ je me suis convaincu égoïstement que son absence pour Noël me donnerait du temps de libre à moi seul, force m’est d’avouer que je vis cela difficilement. J’ignore comment font certains pères pour visiter leurs enfants aux deux semaines ou pire, deux journées par mois. Si est un point que je peux concéder à mon père, c’est que de nous voir, moi et ma sœur, une fois aux deux semaines, lorsqu’il daignait honorer ses engagements bien entendu, ne l’a probablement pas aidé à nous connaître. C’est tout ce que je suis prêt à lui donner comme marge d’excuses parce que selon moi, il n’en a pas, pas une maudite.

Le jour de la naissance de ma fille, à l’été 1997, fût le dernier jour où j’ai adressé la parole à mon père. Sans vouloir faire l’historique de la piètre relation père-fils que j’ai eu avec lui, il suffit de dire que nous avions rétabli un dialogue à partir de 1993. Pardon, j’ai erré. Je rectifie. J’avais usé de patience, ignorer mon orgueil, pour rétablir une relation cordiale avec lui et cela semblait fonctionner jusqu’à ce que je l’appelle depuis l’hôpital pour lui annoncer la bonne nouvelle.

Malheureusement, il a préféré me répondre qu’il était occupé à peinturer sa clôture ; il ignorait s’il viendrait à l’hôpital voir sa première petite fille. Il n’est pas venu et par conséquent il avait réussi à me blesser à nouveau. Je me suis dit que ce serait la dernière fois de ma vie que ce minable aurait cet effet sur moi. Il était trop tard. À partir de cette journée là, je n’étais plus un fils mais un père et je me suis retourné vers ma fille pour m’en occuper du mieux que je le pouvais. Des erreurs, j’en ai fait et je suis bon pour la confesse… ou quelques décennies au purgatoire.

Mon père n’a jamais vu sa petite-fille et il n’a jamais cherché à me contacter depuis. Il ignore même être le grand-père, techniquement parlant entendons-nous bien, des trois enfants de ma sœur qui a aussi coupé les liens avec lui suite à sa façon de mal-agir envers moi. Pourquoi devrions-nous lui présenter nos enfants puisqu’il ne veut rien savoir de nous ? « Maudit minable que tu es. Si tu savais tout ce que tu as manqué quand j’étais jeune et tout ce que tu manques maintenant. »

J’haïs le sentiment que j’ai de faillir à ma fille quand je me réjouis de ne pas l’avoir avec moi durant les quelques jours qui viennent. J’hais ce sentiment lorsque je la fait garder par ma mère afin que je puisse aller danser les vendredis soirs. C’est de sa faute à lui, je le sais. Il m’a failli comme père et j’en porte l’odieux lorsque je pense à moi en premier.


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