Tu vois mes pieds dans la glace ?
- oui
Tu les trouves jolis ?
- oui ….très
Et mes chevilles, tu les aimes ?
- oui
Tu les aimes mes genoux, aussi?
- oui…j’aime beaucoup tes genoux….
shame, shame, shame, shame on you. J’aime tes genoux Le reste je m’en fous.
Et mes cuisses ?
- Aussi
Tu vois mon derrière dans la glace?
- oui
Tu les trouves jolies mes fesses ?
- oui ….très
Et mes seins tu les aimes ?
- Oui énormément
Je t’aime totalement, tendrement et surtout tragiquement…mais tu sais ma poule, il est trois heures du mat : à mon humble avis tu devrais prendre des forces pour demain matin; et puis Le Mépris sans la musique de Delerue, c’est comme du couscous sans la semoule.
C’est quoi déjà la vanne en forme de râteau que les femmes vous balancent invariablement dans la tronche …ah oui ça y est je l’ai…”je préfère qu’on reste amis”. Maintenant tu remets ta pampers et ton “babygros” parce que tu vas finir par attraper la crève.
La fille de l’ogre, lacha un “Je t’aime, moi non plus”, et se rendormit en priant pour que celui qui ne voulut être son Piccoli d’un soir, soit ”invité” par son cher père à la Grande Bouffe du lendemain.
Poucet s’assit sur le bord de son lit. Il scrutait du regard la chambre qui baignait dans la pénombre et cherchait désespérément la caméra de Claude Lelouch mais ne la trouvait pas.
Putain, se dit-il, c’est mon plus beau flash back et personne pour immortaliser l’instant.
Comment était-on passé de Perault à Godard ?
C’est l’histoire d’un Homme et d’une Femme, des Uns et des Autres, c’est Toute une vie ou Vivre pour vivre et ça commence comme ça :
Il était une fois un couple de bucherons qui, ayant reçu une très mauvaise note de l’agence Moody’s, dut se résoudre à adopter des mesures de rigueur.
Le mari exposa à son épouse les grandes lignes de son plan avec la décision phare : l’élimination des Lehman Brothers.
- On va leur dire qu’ils vont gagner du flouss en travaillant au black, dans la forêt. Cette bande de benêts n’y verra que du feu !
- Zarma, parce que pour môsieur y a pas d’lézard ??? interrogea l’épouse déroutée par les idées de son cher et tendre.
Et pourtant, comme dirait Aznavour, aussitôt dit aussitôt fait. Ces Thénardiers de la découpe, s’en retournèrent à leur logis le coeur léger, massacrant au passage, et sans tronçonneuse, quelques tubes de Michael Jackson.
Ce qu’ils ignoraient c’est que Poucet avaient gardé dans sa poche l’intégrale des jeux pour Nintendo DS, de Martine : Martine à l’Opéra, Martine à la plage, Martine à Ibiza, Martine et son gang-bang et que par ailleurs ce diable de mouflet avait les mêmes oreilles que le Prince Charles.
C’est donc avec une fierté non contenue qu’il ramena la troupe à la maison.
Par bonheur, les parents avaient hérité entre-temps d’un inespéré crédit d’impôt. Le père et la mère qui ne prirent même pas la peine de s’excuser, acceuillirent leur progéniture, avec une allégresse toute feinte.
Hélas plaisir d’amour ne dure qu’un instant, l’argent fut rapidement dépensé et vint encore à manquer.
Qui allait se risquer à leur faire crédit ?
- Pas moi, dit le dindon.
- Ni moi,dit le canard.
- Avez-vous tenté votre chance chez Cofidis ? dit la petite poule rouge…Parce que la vie a parfois besoin d’un crédit.
(Désolé pour la réclame mais depuis le succès de mes pastiches je dois respecter un cahier des charges avec des coupures pub.)
Retour à la case départ, et sans Martine cette fois-ci.
- Alors y fait quoi le nain pour ses frangins ? ironisa l’ainé
Mais Poucet n’écoutait point car il profitait, perché au sommet d’un chêne glandeur, d’une vue imprenable sur un Relais Château de folie.
Breaking News – Breaking News – Breaking News – Breaking News – Breaking News – Breaking
Nous interrompons le cours de cette histoire pour retransmettre en direct la conférence de presse de Poucet sur SkyChanel N°5
- What do you feel when you saw the magic castle ?
- I Think to myself…What a wonderful world …but the dirty mother stopped me as I Was Justin Bieber; so I said : “Please, open this fucking door, Uriah Heep”
- What was the choice ?
- The choice ? There’s no choice !! You must Live and let die rétorqua le gamin en allumant nerveusement une cigarette.
- Avez-vous des projets ?
- Of course..je voudrais organiser une flash-mob avec des Hassidim au pied du Mur des Lamentations, sur une musique des Black Eyes Peas.
Les Journalistes :
- Fill up my cup Mazel tov !!!
Mesdames, Messieurs je découvre en même temps que vous les images de cet enfant qui répond avec un réel aplomb aux questions des média… et notons au passage qu’il est parfaitement bilingue.
Ainsi donc après des heures de négociation, où Poucet fort habilement évoqua la possibilité de révéler sur le net l’inscription secrète de l’épouse de l’ogre sur Meetic, les enfants eurent le gîte et le couvert.
A la tombée de la nuit, Le seigneur des Agneaux rentra chez lui en prononçant cette phrase devenue culte chez les enseignants d’université : ” Ça sent la chaire fraîche”
En des termes choisis, sa femme lui fit remarquer qu’il suivait un régime.
” Chouf baba, tu es gentil, tu écoutes ce que le Docteur Cohen il a dit sinon, les boulettes elles vont te niquer l’estomac et pour commencer tu arrêtes la tchoutchouka au petit dej”.
La suite vous la connaissez….Poucet met les casquettes du Barça sur la tête de ses filles et celles du Real sur la bouille des mecs. L’ogre, loyaliste convaincu, rendu infanticide et irascible, part à la poursuite des frères.
- Brothers ans sisters, do you hear me ? Please, my sweet Lord, why, why me ? hurla ce père meurtrier qui se lança dans un prêche endiablé.. comment veux-tu, mon Dieu que je les retrouve, je ne suis qu’un simple monstre sans GPS intégré.
- Alléluia, alléluia, reprirent en choeur tous les animaux de la forêt en un merveilleux et sublime gospel.
- Si je les attrape, seigneur, je les fais revenir au Bordeaux et aux truffes, je les cuisine avec raffinement.
- God, god bless you, plutôt eux que nous chantèrent les cailles et les perdreaux.
L’ogre commençait à perdre son souffle et ce maudit commissaire de course tenait la voiture de son directeur sportif à une distance respectable, empêchant tout ravitaillement. Les bottes de sept lieues c’est bien, mais si t’as pas l’E.P.O. tu vaux rien.
Il s’assoupit le brave homme, redevenant ce qu’il avait toujours été : un couillon.
Poucet en profita pour récupérer les bottes et, de là, se rendre à la maison des ogres.
- Femme, femme, ouvre moi vite…ton époux, ton cher époux a été enlevé !
- Qui a osé ??? Que je l’embrasse….je veux bien payer mais surtout qu’on ne me le rende pas !!
- Oh l’autre …mais c’est qu’elle nous réglerait ses comptes en direct…Hé ! L’ogresse …ici on est dans une histoire de Perault pas dans un loft…y a pas de caméras !!!
Elle finit par lâcher un max d’oseille en répétant sans cesse : c’est qui ? dis-moi qui a fait le coup ?
- Parle plus bas car on pourrait bien nous entendre…se contenta de dire, notre jeune héros, qui avait lu les mémoires de Lucky Luciano.
Après avoir renfloué les comptes de ses parents, Poucet réalisa que les bottes constituaient une ouverture sur un business de ouf.
Dès lors il créa sa propre société et multiplia les transactions, portant ça et là tous ces messages qu’on ne peut laisser traîner dans sa boîte e-mail ou sur son portable. Ainsi se fit la fortune du pauvre.
Et moi je mets un point final à cette histoire parce que je suis A bout de souffle.