On ne peut oublier, au moment où il y a une recrudescence du terrorisme à travers le monde, notamment en Afghanistan, l’enlèvement depuis 239 jours, de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, journalistes de France 3. Avec le cas de Michel Germaneau, la France semble avoir payé le lourd tribut de la désinvolture élyséenne, si l’on en croit les membres de Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). On’avait pas connu de mort d’otage en captivité depuis…1986.
Il y a quand même un petit malaise à avoir malgré la joie qu’on partage avec eux, quand on voit rentrer à la maison, hier, les espagnols Roque Pascual, 50 ans, et Albert Vilalta, 35 ans, tous deux humanitaires pour l’ONG catalane Accio Solidaria après 10 mois environ de captivité. Et là, on se demande bien ce qui a enrayé la machine France, puisque Michel Germaneau, 78 ans, lui, a été simplement exécuté.
On ne reviendra pas sur l’amateurisme de la pseudo opération militaire de sauvetage initiée par la Mauritanie selon l’Élysée. Un échec cuisant qui aurait donc conduit à l’exécution de Michel Germaneau, lui aussi humanitaire, un homme qui a dévoué corps et âme, sa vie de retraité, par son amour pour l’Afrique qu’il aimait tant. Nous parlions par ailleurs dela lâcheté de ceux qui ne s’en prennent qu’aux faibles, d’autant plus que Michel Germaneau était malade…
Où le bât blesse et éclaire entre autres la lanterne des uns et des autres, c’est le message de l’Aqmi que dévoile le quotidien espagnol à grand tirage El Paisen ces termes que nous avons essayé de traduire en français: «Dieu merci, les moujahidines ont trouvé une solution positive à la question des otages Espagnols Roque Pascual et Albert Vilalta. Leur captivité est achevée en ce dimanche, jour du Ramadan. Cette libération a été obtenue après que certaines de nos revendications aient été satisfaites. C’est une leçon visant les services secrets français, qui devront désormais prendre ça en considération à l’avenir. Ils n’ont pu agir avec responsabilité au sommet de l’État et les moudjahidines ont pris leur responsabilité, ce qui a conduit à notre colère qui répondait à leur folie qui a abouti à la mort de leur ressortissant… »
Un véritable camouflet qui met en doute, indubitablement, les aboiements de l’Elysée et ces cris d’orfraie orchestrés après l’éxécution de Michel Germaneau. La République et ses représentants sont nus. Leur responsabilité est engagée. En premier lieu, celui qui est sensé incarner la France et dont Le Canard Enchaîné épingle encore ce matin avec l’affaire Woerth-Bettencourt. Il serait le donneur d’ordre, en ce qui concerne la légion d’honneur de Patrice de Maistre, homme de confiance de Liliane Bettencourt. C’est son cabinet, en 2007, à la place Beauvau, qui a étudié ce dossier épineux et plutôt de favoritisme et de trafic honteux de médaille vu le pedigree du quidam…
Sur le cas Germaneau et de l’Aqmi, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, a trouvé bon de se justifier rapidement. Il a une nouvelle fois démenti la « rumeur » des terroristes. Pour lui, la réalité est ailleurs, la France n’a simplement pas pu entrer en contact avec Al-Qaïda. Difficile à croire tout de même quand on voit le résultat espagnol, que la France soit incapable d’entrer en contact avec les terroristes de Aqmi. Avec ce Gouvernement de bras cassés, qui ne se déjuge jamais, irresponsable en tous points et rejetant la responsabilité sur les autres, ce n’est pas demain la veille qu’elle reconnaîtra sa faiblesse et sa mauvaise gestion dans ce dossier. On ne négocie pas avec les terroristes selon la formule anglaise ? La France dit, non, au contraire. Permettez-nous de nous inscrire en faux face à ces allégations mensongères au plus haut sommet de l’État.
C’est à croire que les zozos de l’Arche de Zoé ont plus d’importance qu’un vrai humanitaire, en l’occurrence, Michel Germaneau. Oui, l’Élysée devrait avoir sur la conscience, la mort en captivité de cet homme, Michel Germaneau, mort par la faute des politiques. Le mensonge, l’approximation, la jactance et le non-respect de la vie humaine, tout comme les terroristes. D’ailleurs, l’Élysée n’avait pas hésité à dénoncer le travail des journalistes captifs de France 3, en estimant qu’ils avaient trop pris des risques ? Ne faut-il plus informer ? La France mérite mieux.