Magazine Journal intime

Cap sur paradis… (dernier épisode)

Publié le 22 juillet 2010 par Anaïs Valente

capparadis.jpgDernier épisode du mini-roman chick lit écrit par bibi et paru dans le Summer Flair 2009 (un an déjà, que le Tampax vite hein ma bonne Dame).  Publié avec l’aimable autorisation de l’équipe de Flair, afin que vous, mes lectrices de pas la Gelbique, puissiez enfin en profiter… Keskon dit ?  Merci Flair.  A suivre durant six semaines sur ce blog…  Bonne lecture.

Dans Flair du ************

Soudain, son œil n’est plus du tout amusé, d’un coup d’un seul.  Il se fait tendre et doux.  Voire chaud.  Hot.  Très hot, même.  Lorsqu’il se penche vers moi et m’embrasse, je lis une telle excitation dans son regard que je me sens immédiatement transportée dans un roman Arlequin.  Tellement cliché.  Mais tellement bon.  Ce baiser est parfait.  J’ouvre cependant les yeux pour m’assurer que Renaud ne se transforme pas, comme dans mon cauchemar de la veille, en Fredo et ses chemises.  Mais non, c’est toujours Renaud qui m’embrasse et m’embrasse encore.  Lorsqu’il me propose, d’une voix rendue rauque par le désir, de gagner sa cabine, j’accepte sans vraiment réfléchir, tellement mon corps est déjà avide du sien.  Une fois sur place, en deux temps trois mouvements, nous nous débarrassons de nos maillots et nous installons sur son lit.  Tiens, pas de draps de satin, dans cette cabine.  Tant mieux, le satin, ça glisse.  Et c’est kitsch.  Tout d’un coup intimidée, je tente de me donner une contenance en faisant quelques commentaires sur l’ordinateur portable de Renaud qui trône sur la table basse.  Il me cloue le bec d’un baiser, puis continue à couvrir mon corps tout entier de ses baisers, en alternance tendres puis passionnés, faisant naître en moi une vague de désir qui anéantit en moi toute once de timidité.  Je l’invite alors, d’un simple regard, à assouvir au plus tôt cette envie de lui qui me submerge, tel un Tsunami.   Il prend cependant son temps, se jouant de mon appétit croissant et m’obligeant à gémir d’impatience et à me ruer sur lui comme une mite affamée le ferait sur un bout de chiffon.  Cédant enfin à sa propre envie, il prend possession de mon corps et me fait l’amour avec insatiabilité et gourmandise.  Au moment où nos orgasmes respectifs atteignent leur apogée, je songe un bref instant, étrangement, à mes compagnons célibataires occupés à admirer des vieilles pierres, tandis que, moi, je prends un pied que je n’avais plus pris depuis belle lurette. Merci la vie.

Trois heures de douce extase plus tard, il est 19 heures et j’ai faim.  Ne souhaitant pas rompre le charme de cette journée si particulière en abandonnant déjà Renaud et en rejoignant le club des célibataires pour le repas, j’accepte son invitation à nous restaurer en tête à tête dans un autre établissement que compte le bateau.  La soirée est merveilleuse et amusante.  Nous n’avons de cesse de nous chamailler à propos de tout et de rien.  Nous ne sommes d’accord sur rien.  Ou plutôt, Renaud refuse d’admettre que j’ai raison sur tout, le vilain.  Il adore me contredire et voir mes yeux lancer des éclairs, me précise-t-il, de l’air moqueur qui m’avait tant exaspérée le premier soir sur ce bateau, lorsque ma démonstration de danse avait attiré son attention.

Après le repas, nous retournons dans sa cabine pour continuer ce que nous avons si bien commencé dans l’après-midi…  Ma courte nuit est douce et sans cauchemar.  Parfaite… ou presque, si ce n’était cette crampe au mollet qui m’a surprise au plus mauvais moment de nos ébats.  Les positions acrobatiques, c’est vraiment déjà plus de mon âge…  A l’aube, nous nous endormons enfin, lovés l’un contre l’autre, repus.

mercredi

A mon réveil, Renaud n’est plus dans la cabine.  Un petit mot de lui trône sur l’oreiller « J’ai besoin de me concentrer sur mon article, qui est loin d’être terminé, profite de ce petit déjeuner que je t’ai préparé et je te recontacte tout bientôt ».

Affamée, je m’installe sur la terrasse pour y dévorer deux croissants et me désaltérer d’un jus de fruits frais.  Je décide ensuite de me joindre aux célibataires pour profiter de ces dernières heures à bord en leur compagnie.  En mon absence, les couples se sont réellement formés : Jasmine et Bruno se dévorent des yeux, Lara semble raide dingue de Jean-Paul.  Fredo a finalement jeté son dévolu sur Anne, qui semble avoir grand mal à se défaire de sa présence… envahissante.  Marc reprend inutilement espoir de par ma présence.  Lauranne nous rejoint pour un dernier petit discours, toujours aussi soporifique, et nous souhaite une bonne fin de croisière.

Malgré la bonne humeur de fin de séjour et malgré la complicité qui nous unit désormais, je réalise que je ne pense plus qu’à une seule chose : Renaud.  Je le cherche partout.  Je crois le voir partout, en vain.  Rien que l’évocation de son prénom me rappelle la nuit que je viens de passer, ses mains si habiles, sa bouche si sensuelle, rhaaaaaaaaaaaaaaaa.  Où es-tu Renaud ?

Il a cependant promis de me recontacter.  Je ne ferai donc pas le premier pas.  Je ne ferai pas le premier pas.  J’ai ma fierté.  C’est à l’homme de faire le premier pas.  J’ai tellement envie de faire le premier pas.  Mais non, je suis une femme et c’est à lui de se manifester.  Il va se manifester.  J’y crois.  J’y crois.  J’y crois.

Deux heures plus tard, je n’y crois plus du tout.  Je passe dix fois « par hasard »  devant sa cabine, espérant le voir en sortir, sans succès.  Je squatte ensuite ma propre cabine, attendant son passage, toujours en vain.  Et si pour lui, ce n’était qu’une aventure de vacances avec une célibataire esseulée et (bien trop) disponible ?

Durant des heures, je me traîne comme une âme en peine, ne parvenant pas à trouver un endroit où me poser.  Même les jacuzzis ne trouvent plus grâce à mes yeux.  Je compense en m’empiffrant de pâtisseries grecques grasses et sucrées à souhait, histoire d’oublier à quel point j’ai été stupide d’espérer une quelconque suite à cette nuit fabuleuse.

En fin de journée, lorsqu’il est l’heure de faire mes bagages et de dire adieu au bateau, je suis toujours sans nouvelles.  Je quitte donc définitivement ma cabine et rejoins mes compagnons de voyage.  Je réalise alors que de Renaud, je ne sais finalement rien.  Un prénom.  Juste un prénom.  Je relativise en me disant que cette brève histoire me fera de chouettes souvenirs.

Une fois débarquée, je jette un dernier regard plein d’espoir vers le bateau, puis je mets le cap, avec Lauranne et ma bande de célibataires et ex-célibataires, sur l’aéroport, pour un retour au pays.  Lauranne nous abandonne définitivement, déjà obnubilée par les participants à la prochaine croisière, qui doivent arriver d’ici peu.  En m’embrassant pour un dernier au revoir, son regard me semble un peu trop espiègle et son étreinte se fait un peu trop pressante.  L’émotion de la séparation, sans doute.  Elle me quitte sur un « aaah, ces journalistes » qui me confirme qu’elle sait tout.  Comment ?  Je l’ignore.

Jeudi

Voilà, c’est fini.  Tout est fini.  Ce voyage.  Cette croisière de l’amour sans amour.  Je ne me ferai plus draguer lourdement par Marc.  Je ne subirai plus les assauts de la libido de Fredo. Je ne discuterai plus avec Pierre.  Je ne rirai plus pour tout et n’importe quoi avec les filles, même si nous avons fait le serment de nous revoir prochainement.  Je ne reverrai plus Renaud.  Je hais Renaud.  J’adore Renaud.  Et pour couronner le tout, il pleut sur ma petite Belgique.  Et il fait encore nuit.  J’aime pas la pluie.  J’aime pas la nuit.  Putain de vie.  Le taxi me dépose devant mon immeuble.  Cherchant mes clés d’une main, tenant ma valise de l’autre, je vocifère allégrement en farfouillant dans mon sac, tellement grand qu’une chatte n’y retrouverait pas ses jeunes, comme dit l’adage.  J’en ressors mon trousseau de clés, dans lequel s’est coincée une petite enveloppe brune qui m’intrigue.

Je rentre en vitesse, je m’ébroue comme un chiot, je jette ma valise à travers le hall d’entrée et je m’affale enfin sur ce canapé qui m’a tant manqué durant ce séjour à la fois idyllique et cauchemardesque.  J’ouvre l’enveloppe et j’en sors deux pages A4 dactylographiées.  Le titre, en gros caractères, indique « Croisières : vos vacances tendance ».  Anxieuse, je lis les deux pages à toute vitesse, appréhendant d’y découvrir l’histoire ridicule d’une célibataire en quête d’amour, partant sur un grand paquebot de croisière transformé en site de rencontres n’ayant rien de virtuel et tombant dans les bras d’un quidam croisé sur place, qui abusera allégrement d’elle (oui, bon, j’étais consentante, je sais, mais c’est tout de même de l’abus de confiance, nom d’un jacuzzi bouillonnant).

Je lis.  Et je n’y trouve rien d’autre qu’un compte rendu d’une croisière classique.  Rien sur moi.  Rien sur notre nuit torride.  Limite si je ne suis pas déçue, même si découvrir ma vie étalée au vu et au su de tous m’aurait mise dans une rage folle, c’est indéniable.  Je pousse donc un bref soupir de soulagement et je découvre, en bas de l’article, un numéro de téléphone ajouté à la main.  En dessous du numéro, Renaud a écrit « Pas réussi à te revoir avant ton débarquement.  Heureusement, Lauranne a joué l’ange gardien.  Il manque un chapitre à mon article, que j’intitulerais ‘et si on pouvait trouver l’amour en croisière ?’  Tu y crois ?  Moi oui.  En croisière, je t’ai trouvée : râleuse, chieuse, emmerdeuse.  Drôle, espiègle, futée.  Gourmande, jolie, tendre.  Et j’aime ça.  Si tu y crois, appelle-moi. »

« Allo Renaud ?  C’est Chloé.  J’ai ton courrier sous les yeux.  J’y crois.  J’y crois.  J’y crois.  Amène donc tes fesses ici, et plus vite que ça ! »

FIN


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