Le 25 août 1923 naît à Bogota, en Colombie, Álvaro Mutis. Fils de diplomate, Álvaro Mutis passe son enfance à Bruxelles, en Belgique. À la mort de son père en 1933, il rentre en Colombie avec sa mère et passe ses vacances dans l'hacienda de Coello, propriété de ses grands-parents maternels. À Bogota où il poursuit ses études, il publie ses premiers poèmes dans La Razón et dans le supplément littéraire dominical El Especatador. C'est dans ce supplément que paraît pour la première fois le poème « La prière de Maqroll el Gaviero », le double du poète, figure de l'aventurier, « archétype du voyageur, en proie à la désespérance mais plein de vie, en proie à la lassitude mais plein de sagesse face à l'inéluctabilité de la mort, à l'échec de toute entreprise humaine, à la maladie, et à la fièvre qui le ronge lentement. »
En 1974, Álvaro Mutis reçoit le Prix littéraire national de Colombie ; en 1989, le prix Médicis étranger pour La Neige de l'Amiral. En 2001, il est récompensé par le Prix Cervantès.
Álvaro Mutis vit actuellement à Mexico.
LETANÍA
Esta era la letanía recitada por el gaviero mientras se bañaba las torrenteras del delta:
Agonía de los oscuros
recoge tus frutos.
Miedo de los mayores
disuelve la esperanza.
Ansia de los débiles
mitiga tus ramas.
Agua de los muertos
mide tu cauce.
Campana de las minas
modera tus voces.
Orgullo del deseo
olvida tus dones.
Herencia de los fuertes
rinde tus armas.
Llanto de las olvidadas
rescata tus frutos.
Y así seguía indefinidamente mientras el ruido de las aguas ahogaba su voz y la tarde refrescaba sus carnes laceradas por los oficios más variados y oscuros.
Voici la litanie que récitait le Gabier quand il se baignait dans les eaux du delta : Agonie des obscurs
cueille tes fruits.
Peur des grands
dissous l'espérance.
Angoisse des faibles
Fleur des morts
mesure ton cours
apaise tes branches.
Cloche des mines
modère tes voix.
Orgueil du désir
oublie tes présents.
Héritage des forts
rends tes armes.
Plainte des oubliés
sauve tes fruits.
Il poursuivait ainsi indéfiniment, dans le fracas des eaux qui couvrait sa voix et dans le soir qui calmait la brûlure de ses chairs lacérées par les travaux les plus variés et les plus obscurs.
Álvaro Mutis, Inventaire des hôpitaux ultramarins in Et comme disait Maqroll el Gaviero, Gallimard, Collection Poésie, 2008, page 158.
ÁLVARO MUTIS
Source
■ Álvaro Mutis
sur Terres de femmes▼
→ Sonate (2)
■ Voir/écouter aussi ▼
→ (sur A media voz) d’autres poèmes d’Álvaro Mutis
→ (sur books.google.com) Summa de Maqroll el Gaviero (1948-1970)
→ (sur ClubCultura.com) une page (en espagnol) sur Álvaro Mutis
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