"Je fixais des vertiges", Rimbaud
la nuit pèse la place des hommes
cette nuit-là pèse un char de boeufs
une remorque de bêtes tétanisées
l'échine raide ouverte sur l'intérieur
le dedans rempli saturé complet sans espace
l'appel impossible
la grâce séduite ailleurs
et les voiles les voiles apeurés qui flottent
les anges sont nus et sans défense
ils fuient ma terre obscure et grasse
ils sombreraient les âmes se terniraient
là où cette nuit blanche a tant besoin de lumière
cette nuit-là me pèse
tant de pelletés de vie pour la recouvrir
tant de vie avalée pour nourrir cette nuit
pour combattre la chute
rien ne peut suffire ni ta main ni ton nom
ni la main d'un seul, ni le nom de tous
tout est indispensable
à la préservation de mon désir
hommes, femmes, bêtes, chants et ciels
tout est requis à la violence de cette nuit