Max | Nuit noire et blanche

Publié le 29 août 2010 par Aragon

"Je fixais des vertiges", Rimbaud

la nuit pèse la place des hommes

cette nuit-là pèse un char de boeufs

une remorque de bêtes tétanisées

l'échine raide ouverte sur l'intérieur

le dedans rempli saturé complet sans espace

l'appel impossible

la grâce séduite ailleurs

et les voiles les voiles apeurés qui flottent

les anges sont nus et sans défense

ils fuient ma terre obscure et grasse

ils sombreraient les âmes se terniraient

là où cette nuit blanche a tant besoin de lumière

cette nuit-là me pèse

tant de pelletés de vie pour la recouvrir

tant de vie avalée pour nourrir cette nuit

pour combattre la chute

rien ne peut suffire ni ta main ni ton nom

ni la main d'un seul, ni le nom de tous

tout est indispensable

à la préservation de mon désir

hommes, femmes, bêtes, chants et ciels

tout est requis à la violence de cette nuit