Magazine Journal intime

Whenever, Wherever, le chèque ira quand même …

Publié le 29 août 2010 par Wawaa

Les personnes qui n’ont pas compris le jeu de mots du titre sont plutôt saines d’esprit.
Si on me demandait de supprimer l’un des moyens de paiement à la caisse, je suis persuadée qu’on me dirait que je choisirais sans hésitation l’argent liquide parce que ça peut faire des erreurs, parce que ça demande d’avoir de quoi rendre la monnaie, parce qu’il faut faire attention, parce que c’est une sacrée responsabilité que d’avoir un caisson plein d’argent. Mais contre toute attente je répondrai sans hésiter que ce que je déteste ce sont les paiements par chèque car  c’est le moyen de paiement qui est à mon sens le moins rapide et le plus chiant. Oui CHIANT comme certains clients qui sont assez CHIANTS pour payer systématiquement avec leur chéquier.
Le paiement par chèque est une monstrueuse perte de temps quand la machine est capricieuse et qu’elle l’emberlificote dans ses roulements mais aussi quand le client prend bien son temps avant de vous tendre le chèque en question. D’abord, il attend qu’on lui prête un stylo. Il ne met pas toujours les formes de politesses minimales pour vous quémander la chose. « J’attends un stylo », « Il me faut un stylo », « Un stylo ? ». Rares sont les « Vous auriez un stylo à me prêter ? », « Puis-je vous emprunter votre stylo ? ».  Quelques-uns ne prennent même pas la peine de demander, soit ils se servent eux-mêmes en passant indélicatement leur bras par-dessus votre caisse car ils savent que la plupart du temps il est posé à droite pour les droitières. Comme je suis gauchère, ils en arrivent à dire « Il n’est pas à sa place ».  Je leur rappelle que tout le monde n’écrit pas de la main droite. D’autres sont des professionnels du mime et d’un geste précis vous décrive en serrant le bout du pousse sur l’index, le mouvement apparent de l’objet de leur désir sans même un sourire, comme si c’était logique que vous ayez un stylo à prêter et que déjà il devrait être dans leur main. Plus vite que ça madame la caissière, faites votre boulot, filez nous un stylo.
Il y a d’ailleurs de nombreuses dénominations pour ce stylo : « Le bic », jolie métonymie publicitaire, « un truc pour écrire », belle périphrase traduisant un manque de vocabulaire, « le crrrrrrayonnnnn », avec le « r » bien roulé de l’accent de la campagne.

Et quand vous avez pensé avant le client à tendre le stylo pour éviter n’importe laquelle de ces comédies, il vous dit « Merci, mais j’ai le mien », d’un air condescendant, comme si son « crrrrayon » à lui n’avait pas les mêmes valeurs.

Ca m’énerve.

Dans le lot des payeurs par chèque, il y a deux catégories. Ceux qui optimisent le temps et vous tendent le chèque et en profitent pour remplir le bordereau pendant que votre machine rempli ledit bout de papier. Ceux-là, je les aime bien. Puis il y a ceux qui prennent leur temps pour remplir soigneusement leur bordereau en mettant la date avec l’année avec les quatre chiffres quelquefois qu’ils se tromperaient d’un siècle, le nom du magasin en entier et qui s’applique à bien écrire le montant au centime près. Ils vous demanderont la date du jour ici aussi avec diverses expressions :

-« On est le… » attendant que vous acceptiez de jouer au jeu du « je complète la phrase »

-« C’est l’combien aujourd’hui ? »

-« On est le 23 , non ? »

Quand le « Quelle date sommes nous aujourd’hui, s’il vous plait ? » semble banni de leur banque cérébrale de phrases polies.

On vous fera également répéter  2 à 27 fois le montant parce que soit on est sourd, soit on fait la fine oreille et qu’au lieu d’entendre 6 on entend 10 … Vous finirez par hurler le montant de 37 Euros 86 en hurlant à gorge déployée mais toujours en souriant.


5 minutes plus tard, pendant qu’une longue file d’attente de personnes impatientes s’est constituée à votre caisse maugréant des « P’tin c’est long à c’te caisse !!! », le client vous tend enfin le chèque qu’il a eu évidemment du mal à détacher parce que « Ca se déchire pas bien ces chèques là » comme ils disent. Ils se permettront parfois, parce qu'ils sont drôles malgré eux, un "elle est longue, votre machine". Il faut dans ces cas là faire un travail sur soi pour rester calme et positive.


Si vous avez de la chance, la machine fait passer le chèque assez rapidement et le rempli en deux temps trois mouvements. Si le sort s’acharne, alors que les clients suivants commencent sérieusement à s’impatienter, la machine coincera le chèque et vous serez obligée de faire usage des grands moyens : ouvrir la machine, récupérer le chèque, retenter votre chance et prier pour que cela fonctionne auquel cas vous passerez du mode automatique au mode manuel.


Quand enfin après toutes ces opérations le chèque sortira de la machine, vous devrez, comme il est normal de le faire, montrer au client que le montant correspond bien à celui annoncé au départ. Il y aura ceux qui scruteront scrupuleusement chaque chiffre pour être sûrs qu’il n’y a pas d’entourloupe et il y a ceux qui vous diront « Mais je vous dis à chaque fois que c’est pas la peine de me montrer car je ne vois rien ». Chose à laquelle vous avez envie de répondre « Vous n’êtes pas le seul client qui vienne ici et puis c’est mon boulot connard/connasse ! » mais à laquelle vous répondrez plutôt « C’est un automatisme monsieur, je suis obligée de vous montrez le montant pour que vous soyez sûr qu’il n’y a pas d’erreur et ce même si la machine ne se trompe pas ! ».


Parfois, à votre grande surprise, certaines personnes âgées vous tendront carrément leur chéquier et vous diront de vous servir. Surprise la première fois, j’étais un peu gênée !  Donner une telle confiance à une caissière inconnue qui aurait vite fait de subtiliser l’un des chèques pour son compte personnel, c’est aventureux !  Mais j’ai vite apprécié la chose car très vite je détache le chèque et pendant qu’il se fait, je remplis le bordereau des informations ! Je gagne ainsi du temps même si les personnes âgées ne devraient pas tant faire confiance !


Alors, lorsque j’entends, après avoir annoncé le montant, le client dire « par chèque », je me prépare au pire intérieurement et je me mets en mode « je suis une fougère, je sens la sève qui fait glouglou », parce que quoiqu’il en soit, même si je n’aime pas ça, whenever, wherever, le chèque ira quand même …


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