Les premiers chrétiens : comment vivaient-ils ? (2) La chrétienté primitive (a)

Publié le 30 août 2010 par Hermas

SECTION II : LA VIE DE LA CHRETIENTE PRIMITIVE


Les chrétiens formèrent des communautés locales - des églises - sous l’autorité pastorale d’un évêque. L’évêque de Rome - successeur de l’Apôtre Pierre - exerçait le primat sur toutes les églises. L’eucharistie était le centre de la vie chrétienne. Le rejet du gnosticisme fut la grande victoire doctrinale de l’Eglise primitive.


1. Introduction


L’expansion du christianisme dans le monde antique s’est adaptée aux structures et aux modes de vie de la société romaine. Après avoir examiné la réalisation progressive du principe d’universalité chrétienne et les relations entre l’Eglise et l’Empire païen, il faut à présent présenter les principaux aspects de la vie interne des chrétientés : leur composition sociale et hiérarchique, le gouvernement pastoral, la doctrine, la discipline, le culte liturgique, etc.


La Rome classique a partout encouragé, de propos délibéré, la propagation de la vie urbaine : les villes et les colonies surgirent en grand nombre dans toutes les provinces d'un empire pour lequel l’urbanisation était synonyme de romanisation. Le christianisme est né dans ce contexte historique et les villes furent le siège des premières communautés, lesquelles y constituèrent des églises locales. Les communautés chrétiennes se trouvaient au milieu d’un environnement païen hostile, qui a favorisé leur cohésion interne et la solidarité entre leurs membres. Cependant, ces églises ne constituaient pas des noyaux isolés et perdus : la communion et la communication entre elles était bien réelles et elles avaient toutes le vif sentiment d'être intégrées dans une même Eglise universelle, l'unique Eglise fondée par Jésus-Christ.


2. Hiérarchie et unité de l'Eglise primitive


De nombreuses églises du 1er siècle ont été fondées par les Apôtres et, tant qu’ils ont vécu, sont restées sous leur autorité supérieure, dirigées par un “collège” de prêtres qui ordonnait leur vie liturgique et disciplinaire. Ce régime peut être attesté en particulier pour les églises “pauliniennes”, fondées par l'Apôtre des Gentils. Mais à mesure que les Apôtres ont disparu, l'épiscopat local monarchique s’est généralisé, après avoir d’abord été introduit dans certaines églises particulières. L'évêque était le chef de l'église, le pasteur des fidèles et, en tant que successeur des Apôtres, il avait la plénitude du sacerdoce et l'autorité nécessaire au gouvernement de la communauté.


La clé de l'unité des églises dispersées dans le monde entier, qui les intégrait en une seule Eglise universelle, fut l’institution du Primat romain. Le Christ, fondateur de l'Eglise - comme il a été rappelé ailleurs - a choisi l'Apôtre Pierre pour être le roc solide sur lequel serait édifiée l’Eglise. Cependant, la primauté donnée par le Christ à Pierre n'était en aucune manière une institution éphémère et circonstantielle, vouée à l’extinction avec la vie de l’Apôtre. Ce fut une institution permanente, le gage de la pérennité de l'Eglise, et ce jusqu'à la fin des temps.


Pierre fut le premier évêque de Rome, et ses successeurs sur la chaire romaine furent également ses successeurs dans la prérogative du Primat, lequel a donné à l'Église sa constitution hiérarchique, voulue pour toujours par Jésus Christ. L'Eglise romaine fut, par conséquent, et pour toujours, le centre de l'unité de l'Eglise universelle.


3. L’exercice du primat


L'exercice de la primauté romaine a été logiquement conditionnée, au cours des siècles, par les circonstances historiques. Dans les temps de persécutions ou de difficultés de communication entre les peuples, cet exercice fut moins facile et moins intense qu’en des périodes plus propices. Cependant les documents historiques permettent de montrer, dès la première heure, à la fois la reconnaissance par les autres églises de la prééminence qui revenait à l'église romaine et la conscience que les évêques de Rome avaient de leur primauté sur l'Eglise universelle.


Au début du deuxième siècle, saint Ignace, évêque d'Antioche, écrivait que l'église romaine était l'église « mise à la tête de la charité », lui attribuant ainsi un droit de suprématie ecclésiastique universelle. Pour saint Irénée de Lyon, dans son traité Contre les hérésies (AD 185), l'église de Rome jouissait d'une prééminence singulière et était le critère sûr pour la connaissance de la véritable doctrine de la foi.


Nous possédons un remarquable témoignage, remontant au 1er siècle, de la conscience qu’avaient les évêques de Rome de leur Primat sur l’Eglise universelle. A la suite d’un grave problème interne, survenu au sein de la communauté chrétienne de Corinthe, le pape Clément Ier est intervenu de manière autoritaire. La lettre écrite par le Pape, pour prescrire ce qu’il y avait lieu de faire, en exigeant l'obéissance à ses commandements, constitue une preuve manifeste de la conscience qu’il avait de son pouvoir primatial. Non moins significatif est l’accueil respectueux et docile qui fut réservé par l’église de Corinthe à son intervention pontificale.