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30 août
Une force intacte qui ne se dilue pas dans la fiction, qui ne devient pas littérature. Pas d’œuvre, non, mais un brûlot, une agression, des livres sauvages, inclassables, que la critique ne sait comment saisir.
Un après-midi, de la fenêtre. L’air, par intermittence, rejoint ma vie immobile. Je lève les yeux vers le ciel pur. Ce mouvement très bref se perd dans le bleu. Lever les yeux ainsi vers l’azur, les beaux feuillages balancés par le vent. Je pourrais rester ainsi durant des heures. Sans intention ni projet. Ne méditant aucun voyage. Rester des heures dans cette pièce, des années, regardant s’écouler les saisons, saisissant le feu vif de l’essentiel niché dans chaque instant. M’attachant à toucher, à atteindre l’invisible. Mais est-ce une vie, cela, toute de dévotion au monde, au silence, aux heures de solitude ? Est-ce une vie cette non-vie, cet abîme de rien qui me fonde ?
L’or de l’automne, les brûlures de l’été, du printemps, les songes de neige et de givre. La poussière sur le temps, l’orage dans notre vie.
Devenir un nomade dans la vie sédentaire. Je me vois marchant le long de l’Océan indien dans un état de solitude divine. J’ai voyagé, me dis-je, pour rencontrer la solitude, mon vrai visage car la lumière de la fenêtre m’épouvante quand arrive le soir, quand tombe la nuit.
Joël Vernet, Le Regard du cœur ouvert, Des carnets 1978-2002, Éditions La part commune, 2009, pp. 189-190.
JOËL VERNET
■ Voir aussi ▼
→ (sur remue.net) Joël Vernet /marcher vers un ciel de pierre
→ (sur Le Nouveau Recueil) Joël Vernet, ou l’esthétique de la trace, par Sylvie Besson
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