Magazine Journal intime

Tôt ou tard s'en aller

Publié le 24 décembre 2007 par Mirabelle

Mon cher Victor,

Mon Mystérieux Inconnu et moi-même nous sommes séparés. Ma Mirabelle... Je m'en doutais, vus les écrits désespérés que tu lançais ici... Comment te sens-tu ? Triste. Un peu désabusée. Mais surtout triste. Toi qui croyais tenir le bon... Tu n'avais déjà pas eu de chance avec le précédent...

Victor, il faut que je te dise quelque chose... Oui ? Le Mystérieux Inconnu n'existe pas. Il n'a jamais existé. Je t'ai menti. Je te mens depuis des mois. Que crois-tu m'apprendre, ma pauvre petite fille ? Qu'il n'y a en réalité jamais eu qu'un seul homme dans ta vie depuis la création de nos conversations ? Mais... Voyons, voyons ! Je m'en doutais ! Et nombre de nos lecteurs également ! Comment as-tu... ? J'ai tout simplement fait preuve de beaucoup de perspicacité. J'ai voulu respecter ton intimité et ai joué le jeu de l'ignorance pour ne pas te perturber : tu étais si heureuse !

Je te demande pardon, Victor. Je n'ai pas été honnête. J'aurais dû te dire, dès le début, que je croyais encore à mon histoire avec Johan. J'aurais dû assumer le regard des autres, leurs jugements. J'ai préféré me taire, craignant leur réaction : "Quoi ? Elle s'entête encore ? Pourtant, cette relation ne fonctionne visiblement pas !". J'ai voulu garder le meilleur, pour esquiver le moins bon. J'ai manipulé la vérité. Et c'est ton droit ! Car je suis bien d'accord avec toi sur un point : bloguer, c'est l'Art de manipuler !

C'est la dernière fois que je parle de Johan ici. Je ne te raconterai pas le pourquoi du comment nous en sommes arrivés là, lui et moi. J'ai déjà versé dans l'étalage de la vie privée au début de nos conversations et je le regrette amèrement : c'est pourquoi je me tairai. C'est drôle... J'ai hésité bien des fois avant de te dire la vérité... Bien des fois, j'ai failli prononcer son nom et effacer le Mystérieux Inconnu. Quelque chose m'en a empêché. Désormais, je n'ai plus cette peur. Je me sens prête. Prête à dire que je l'ai aimé pendant quatre ans. Que je ne regrette rien d'autre que la manière dont cela s'est terminé.

Tu sais Victor, j'avais publié récemment un article que j'ai supprimé quelques heures plus tard. Oui, j'avais à peine eu le temps de le lire ! J'y disais que je n'oublierai pas. Que je ne voulais pas oublier. Que je trouvais la vie bien conne de faires des hommes des marionnettes qui changent de sentiments comme de chemises, pour qui une relation n'a pas été assez belle pour parvenir à respecter et estimer l'autre jusqu'au bout. Aujourd'hui, dans la matinée, l'année 2008 approchant à grands pas, je me suis dit qu'il était peut être temps d'oublier ce qui devait l'être. De tourner la page. J'ai déjà été capable de le faire en amitié, je serai capable de le faire en amour.

Alors j'ai repris ma liberté. J'ai pris ma vie en main comme on dit et depuis que j'ai raccroché, je me sens plus sereine. Triste mais sereine. Comme si j'avais fait ce que je devais faire et qu'un nouvel horizon s'ouvrait devant moi. Je sais que cette fois-ci, c'est réellement terminé. Je crois que c'est la première fois que j'en ai une telle conscience. Et surtout, la première fois que je l'accepte. Sans chercher à lutter contre l'inéluctable.

Je ne garderai que le meilleur. Parce que je ne veux rien salir. J'oublierai son manque de courage et ma naïveté. J'oublierai l'amertume de la fin, les discussions stériles, ce que je n'ai pas entendu, ce qu'il n'a pas voulu entendre. J'oublierai que je n'aurai pas d'enfant avec lui, finalement, j'oublierai que nous ne vivrons jamais ensemble. Je n'oublierai pas les petits cailloux sur ma fenêtre, ni cette nuit en Angleterre, ni les mots d'amour et les promesses dites de tout notre coeur, même si nous ne les tiendrons jamais. Je n'oublierai pas l'acharnement que nous aurons mis à être ensemble, ni le creux de son épaule.

Toutefois, je n'oublierai pas non plus que le bonheur est là, quelque part, qu'il attend juste que je cicatrise pour me faire signe. Je n'oublie pas que j'ai l'espoir, au fond. Je n'oublie pas que je n'ai que 24 ans (même pas) une tête plutôt bien faite et bien pleine, et puis aussi la vie devant moi. Je n'oublie pas non plus que je l'oublierai, bien sûr, et qu'un jour viendra où je n'éprouverai rien en le croisant dans la rue, juste cette tendresse qui me fait si peur. Je n'oublie pas qu'un jour, j'aurai cessé de l'aimer.


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