De nos quartiers du sud-est de la France, se rendre à Barcelone est une simple formalité, que dis-je une habitude. Finalement pas un an ne se passe sans qu’un prétexte ne m’envoi vers cette ville que je vénère par dessus tout ! Ambiance, soleil, femmes, fêtes, drogues, tout y est en plus grand nombre et de meilleure qualité qu’en France.
Alors que les Jekyll s’étaient (apparemment) épuisés en vain au Sonar ce mois de juin, c’était à notre tour de prendre la route de la Catalogne, sauvage cette fois-ci. Et comme Monegros nous paraissait nettement moins lisse, chiant, chic et élitiste que l’institution Sonar, nous avons décidé de mettre notre moyen de transport au diapason: Un Volkswagen Transporter rouge, pure merveille de l’industrie automobile du XXème siècle : quatre places, quatre couchages, 160 km/h de vitesse de pointe et un spacieux réfrigérateur pour garder bières et rosé au frais. Le rêve absolu en somme ! Mais comme nulle chose n’est parfaite en ce bas monde, notre poste MP3 nous tape une crise juste avant le départ : moteur éteint ça marche, moteur en marche, plus de son ! Arghhh !!! On s’arrache les cheveux (ce qu’il en reste), on met les mains dans les branchements, mais rien n’y fait. Il est 1h du matin, l’heure du départ a déjà sonné. On va rouler de nuit mais sans musica. Déception.
Six heures plus tard d’un trajet plein d’excitation et de conversations, le soleil se lève alors qu’on laisse Barcelona derrière nous. Le festival commence dans 10 heures, il faut qu’on dorme maintenant. D’un coup de volant brusque notre chauffeur nous jette sur un terrain caillouteux qui s’enfonce abruptement dans la garrigue. C’est donc à l’ombre des arbres que nous dormirons. Mais ce début d’été a un petit goût de canicule, après 2h de « sommeil » je m’extrais de sous les toits du Transporter pour trouver, au pied d’un arbre, plus de fraîcheur. Mouches, fourmis, abeilles et consorts s’y réfugiant elles aussi à tour de rôle, je ne trouve évidement pas le sommeil tant espéré. Quelques heures plus tard on se dirige vers la plage, de peur d’arriver trop tôt (et donc trop chaud) au Monegros. Une pause tellement détente qu’on fini par être à la bourre. Un retard qui nous vaut l’exceptionnel plaisir d’emprunter pour les derniers kilomètres – et à l’heure d’un coucher de soleil fabuleux – un chemin de terre tendu vers ce « cirque » dressé en plein désert. On avance lentement et en accordéon. Lorsque la file s’immobilise, tous les chicos et chicas jaillissent de leur voiture, bières ou mélanges à la main et musique au placard. Notre autoradio déphasé et son esprit de contradiction prend enfin tout son sens dans ces « embouteillages », et on pousse la bass à l’arrêt !!! Yepa !!!
L’organisation à ce point est parfaite et ça avance finalement rapidement malgré la masse impressionnante de voitures. Une fois garés (pas si loin que ça finalement) chacun fait sa popote, estime le degrés d’habillement nécessaire (la nuit il fait froid dans le désert parait-il) et se mentalise à affronter 20h de son non stop.
Notre équipe se disperse, chacun ayant eu son précieux sésame de manière différente. Pour moi ce sera les entrées presse que je ne trouve qu’après avoir fait le tour complet du festival entre rocailles et serpents, tout en prenant soin de ne pas trop m’éloigner du grillage. Je finis par trouver une faille en bafouillant un peu d’hispano – anglais à deux bénévoles isolés et apparemment peu concernés.
Je n’ai pas récupéré mon pass mais je suis dedans, voila bien l’essentiel ! J’ai raté Luciano et Umek, apparemment c’était terrible selon mes collègues (oui je suis du sud). On se rue vers la scène ou doit jouer Capsa, mais déception, le big boss de Dub Police et son dubstep dancefloor ne viendra pas. Même sanction pour Busta Rhymes qui préserve la tradition d’absentéisme des rappeurs US sur le vieux continent. Vraiment dommage car je me faisais une joie de voir cette star planétaire du hip hop dans un tel contexte. En même temps, on est venue écouter de la grosse techno, tant pis pour le bling bling Hip hop et ses bitches au kilomètre.
On patiente donc « sagement » jusqu’à minuit pour voir ceux qui sont devenus des légendes de la drum’n’bass et bien plus encore, Pendulum. On réussi même l’exploit d’y trainer notre ami John qui ne jure pourtant que par la Minimale…
La vérité c’est qu’on ne tiendra pas plus de 15 minutes face a leur soupe drum’n’rock live. John s’est déjà cassé en douce vers le chapito Eristoff pour le set de Marco Carola et Loco Dice. On part donc le rejoindre, et là, grosse claque. Nous voila embarqués dans un set de deux heures qui met la foule en transe. Millimétré, funky, sauvage, vibrant ! De loin le meilleur moment du festival, aussi fin que puissant ! On reste tellement scotchés qu’on passe au travers du Buraka Sound System et ses sons « tropico » très tendances chez les parisiens en quête d’exotisme. Moins raffiné, le phénomène Bloody Beetroots envoi sa sauce sans complexes. On n’aime ou on n’aime pas, efficace.
Petite pause kleenex pour enlever le kilo de poussière qui s’est logé dans chaque narine. C’est physique comme festival mais quand même super agréable. Les sounds system de toutes les scènes sont excellents, la distance entre elles raisonnables, les lights largement à la hauteur et on trouve même des coins aménagés pour se reposer.
Du coup on repart avec le grand classique Richie Hawtin, encore une fois au rendez-vous cette année et égal à lui-même j’ai envie de dire…
Il est 5 heures du mat, l’heure à laquelle on commence généralement à regarder sa montre fébrilement toutes les 7 minutes en comptant le peu du temps qu’il nous reste avant l’extinction du son. Mais Monegros n’est pas un festival, it’s a big rave. Ici la fête dure jusqu’à 13 heures ! Il est 5h du mat, donc, et en même temps qu’on regarde sa montre, on sait qu’il nous reste encore le temps d’une soirée entière à vibrer à l’unisson avec les 38.000 courageux installés dans cette « ville » au milieu du désert.
Et pour combattre la fatigue, on passe enfin au son techno qui frappe, fini les civilités mondaines housy… only the brave can survive ! C’est donc en compagnie du local de l’étape Cristian Varela et de sa techno sans fioritures que l’on aura l’immense privilège de voir le soleil se lever, et un nouveau Monegros commencer ! Chargés de poussière, sous une chaleur de plus en plus prégnante, la résistance s’organise. Los bonberos catalans sortent les jets pour rafraichir la foule bouillante, les espaces de repos sont gentiment pillés et parasols et poufs fleurissent du coup un peu partout sur le site. Une douce anarchie, tout en sourires et en douceur, contrairement à la prestation Techno sans concessions du brésilien DJ Murphy qui suit. Exhausted, on prête de moins en moins attention au DJ, de plus en plus à la foule qui s’est réveillée de bonne humeur. Les filles ont chaud et ça se voit, les drogués répètent inlassablement les mêmes gestuelles, les sages commencent à retrouver le chemin du parking et au milieu de ce beau monde, un espagnol « agresse » la foule avec son drapeau de la Rioja, hurlant à qui veut l’entendre « campeones del mundo » ! Ca nous rappel des souvenirs à nous petits français déchu de ce titre mondial depuis bien longtemps. Un joli retour en arrière (dans tous les sens du terme) de 12 ans, qu’on espère figé à jamais. MONEGROS ESTA GRANDE, CLARO QUE SI !!!!
Mr Cip