Les Evangiles apocryphes
Le 8 septembre
Neuf mois après avoir fêté la conception immaculée de Marie le 8 décembre, l’Église commémore sa naissance ou « Nativité » le 8 septembre. Nombre des détails que la liturgie présente aux fidèles ont été influencés par un écrit apocryphe, le Protévangile [ou Premier Évangile] de Jacques qui date de l’an 150 environ. Par exemple, les noms des parents de Marie, Anne et Joachim, ne figurent pas dans les Écritures canoniques. Rien, aucun témoignage apostolique ne vient confirmer cela avant le Protévangile de Jacques. L’Église ne place pas ce document au même niveau que l’Écriture Sainte. Il est toutefois possible d’accepter la vérité spirituelle qui sous-tend ce récit, sans nécessairement en attribuer à chaque détail une exactitude littérale et historique. La signification profonde de ce texte est que, dès le moment de sa naissance et même bien avant, la Mère de Dieu a été spécialement consacrée par l’Esprit Saint, choisie et marquée par Dieu.
I - Le Protévangile de Jacques (chapitres 1 à 3)
On ne saurait tenir pour certains tous les renseignements que nous donnent le Protévangile de Jacques ; mais il faut sans doute attacher quelque importance à saint Grégoire de Nysse (mort en 394) qui donne Anne et Joachim comme les parents de la sainte Vierge, à saint Sophrone qui montre, à Jérusalem, la maison, « la sainte Probatique où l'illustre Anne enfanta Marie », ou à saint Jean Damascène (mort en 749) qui ajoute que de ferventes prières leur obtinrent dans un âge avancé la naissance d'une fille .
Le nom de " Protévangile " fut donné au XVIe siècle par l'humaniste français qui le publia en Occident, parce que le texte relate des événements antérieurs aux récits des évangiles canoniques. Le plus ancien manuscrit connu (Papyrus Bodmer 5) porte le titre : Nativité de Marie, Révélation de Jacques.
Le livre se dit écrit par l'apôtre Jacques le Mineur, frère de Jésus selon l'Évangile, demi-frère selon ce texte. Il est très ancien (milieu du second siècle) et s'inspire librement des récits canoniques de l'enfance.
L'ouvrage ne doit rien aux judéo-chrétiens, comme en témoigne son ignorance des coutumes juives. Probablement son auteur était-il d'origine païenne, issu de l'Egypte ou de l'Asie Mineure. Il rédigea son texte dans un but apologétique, pour régler, auprès des Grecs et des Juifs, la question délicate de l'incarnation de Jésus.
Or, pas d'incarnation sans l'absolue pureté de Marie, non seulement vierge avant, pendant et après, mais maintenue dès sa conception dans une sorte d'état angélique, où hommes et anges prêtent leur concours.
L'écrit a connu à travers les siècles une grande fortune : il a inspiré d'autres livres du même genre, dont le plus connu est l'évangile du Pseudo-Matthieu (VIe siècle), qui multiplie les miracles. Il est à l'origine de plusieurs fêtes liturgiques, célébration d'Anne et Joachim, Conception et Nativité de Marie, Présentation de la Vierge. L'art chrétien y a abondamment puisé. Mais surtout cette célébration de la pureté a nourri les développements ultérieurs de l'aspect marial.
Nativité de la Très Sainte Vierge Marie GIROLAMO del Pacchia 1518
Oratory of San Bernardino, Siena
Joachim et Anne la stérile
I.1. Les histoires des douze tribus racontent qu'un homme fort riche, Joachim, apportait au Seigneur une double offrande, se disant : " Le supplément sera pour tout le peuple, et la part que je dois pour la remise de mes fautes ira au Seigneur, afin qu'il me soit propice. "
I.2. Vint le grand jour du Seigneur, et les fils d'Israël apportaient leurs présents. Or Ruben se dresse devant lui et dit : " Tu n'as pas le droit de déposer le premier tes offrandes, puisque tu n'as pas eu de postérité en Israël. "
I.3. Joachim eut grand chagrin, et il s'en alla consulter les registres des douze tribus du peuple, se disant : " Je verrai bien dans leurs archives si je suis le seul à n'avoir pas engendré en Israël ! " Il chercha, et découvrit que tous les justes avaient suscité une postérité en Israël. Et il se souvint du patriarche Abraham ; sur ses vieux jours, le Seigneur Dieu lui avait donné un fils, Isaac.
I.4. Alors, accablé de tristesse, Joachim ne reparut pas devant sa femme, et il se rendit dans le désert ; il y planta sa tente et, quarante jours et quarante nuits, il jeûna, se disant : " Je ne descendrai plus manger ni boire, avant que le Seigneur mon Dieu m'ait visité. La prière sera ma nourriture et ma boisson. "
II.1. Et sa femme Anne avait deux sujets de se lamenter et de se marteler la poitrine. " J'ai à pleurer, disait-elle, sur mon veuvage et sur ma stérilité ! "
II. 2. Vint le grand jour du Seigneur. Judith, sa servante, lui dit : " Jusqu'à quand te désespéreras-tu ? C'est aujourd'hui le grand jour du Seigneur. Tu n'as pas le droit de te livrer aux lamentations. Prends donc ce bandeau que m'a donné la maîtresse de l'atelier. Je ne puis m'en orner, car je ne suis qu'une servante, et il porte un insigne royal. "
II.3. Anne lui dit : " Arrière, toi ! Je n'en ferai rien, car le Seigneur m'a accablée d'humiliations. Et peut-être ce présent te vient-il d'un voleur et tu cherches à me faire complice de ta faute. Et Judith la servante dit : " Quel mal dois-je te souhaiter encore, de rester sourde à ma voix ? Le Seigneur Dieu a clos ton sein et ne te donne point de fruit en Israël ! "
II.4. Alors Anne, malgré son désespoir, ôta ses habits de deuil, se lava la tête et revêtit la robe de ses noces. Et vers la neuvième heure, elle descendit se promener dans son jardin. Elle vit un laurier et s'assit à son ombre. Après un moment de repos, elle invoqua le Maître : " Dieu de mes pères, dit-elle, bénis-moi, exauce ma prière, ainsi que tu as béni Sarah, notre mère, et lui as donné son fils Isaac. "
III.1. Levant les yeux au ciel, elle aperçut un nid de passereaux dans le laurier. Aussitôt elle se remit à gémir : " Las, disait-elle, qui m'a engendrée et de quel sein suis-je sortie ? Je suis née, maudite devant les fils d'Israël. On m'a insultée, raillée et chassée du temple du Seigneur mon Dieu.
III.2. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même aux oiseaux du ciel, car les oiseaux du ciel sont féconds devant ta face, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même aux animaux stupides, car les animaux stupides sont eux aussi féconds devant toi, Seigneur. Las, à quoi se compare mon sort ? Non plus aux bêtes sauvages de la terre, car les bêtes sauvages de la terre sont fécondes devant ta face, Seigneur.
III.3. Las, à quoi se compare mon sort ? A ces eaux non plus, car ces eaux sont tantôt calmes tantôt bondissantes, et leurs poissons te bénissent, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même à cette terre, car la terre produit des fruits en leur saison et te rend gloire, Seigneur. "
Rappel : La
neuvaine consiste à réciter chaque jour 9 Ave Maria en l'honneur du séjour de neuf mois de Marie dans le sein de sa mère et de sa naissance, et à exprimer sa propre demande
particulière. Confession et communions si possible pendant la
neuvaine.