Mort que me veux-tu ?

Publié le 01 septembre 2010 par Fbaillot

Autoportrait de David Bailly (1620)

Ce mois d’août a été tristement marqué par de nombreux décès dans notre commune. Des figures familières s’en sont allées, sans qu’il soit possible de trouver un quelconque lien entre ces disparitions. La commune s’est efforcée d’apporter son concours et son soutien aux familles et aux proches dans la douleur, et je sais que de nombreux Templemarois cherchent à comprendre les grands vides que ces absences mettent à nu.

Je m’étais intéressé cet été, à l’occasion d’une exposition parisienne, aux Vanités. Depuis des siècles, les artistes s’efforcent de trouver des réponses à cette question qui nous taraude : pourquoi passons-nous sur terre, avant de repartir en poussière ?
L’art constitue en lui-même une réponse : l’œuvre du peintre, du musicien du dramaturge résiste à la mort, et survit à son auteur…

Je dois dire qu’une fois de plus, les paroles de Michel Deswarte, notre vieux sage paroissial ont été d’un grand secours. Je l’ai écouté à plusieurs reprises la semaine passée, dans ces circonstances dramatiques, et je lui ai trouvé comme souvent une aptitude toute particulière pour nous aider à retrouver la sérénité.
Son message est simple, frappé de l’expérience et de compassion : nous existons pour les autres, chacun à notre niveau. Et il donne des exemples dans lesquels chacun peut se reconnaître. Dans notre travail, dans notre intérêt pour la vie de la cité, dans notre souci d’être à la hauteur de notre tâche, nous existons pour un objectif qui nous dépasse, mais dans lequel nous nous retrouvons.
C’est sans doute ce qu’on appelle la transcendance : nous participons de quelque chose qui nous est supérieur, mais dont nous sommes pourtant partie constitutive.
Ces vies interrompues ont un sens. Chacun s’accroche ensuite pour en comprendre l’explication, mais notre passage sur terre n’est pas absurde.
J’ai d’ailleurs trouvé à ces occasions que ces rassemblements emplis d’émotion, souvent dans la nef de l’église, nous permettait de nous surpasser. J’ai entendu des messages de la part de proches, peu habitués à la prise publique de parole, souvent peu enclins à franchir le porche de ce lieu de culte, pleins de sincérité et de désir de faire honneur à la personne disparue.
Et ce besoin du sacré me procure un grand réconfort, dans cette époque où le pessimisme, l’individualisme et le matérialisme règnent en maîtres.

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