Le Monde était dans ma boite aux lettres. Pas n’importe quel Monde. Le « Best- Of » marketing de l’été, destiné à me convaincre que pour 27 euros par mois, je serais enfin bien informé. Or, que lis-je en « Une » de couverture : « 2012 : M.SARKOZY est-il encore le meilleur candidat de la droite ? »Le journalisme a bien changé. D’abord, parce qu’on apprenait, autrefois, à la prestigieuse école parisienne de journalisme de la rue du Louvre qu’un bon titre n’est jamais interrogateur, fort du principe que le journaliste est là pour répondre aux questions que le lecteur se pose et pas l’inverse. Ensuite, parce que le métier d’un journaliste est fondé sur l’investigation informationnelle et pas sur des analyses idéologiques extrapolées de sondages versatiles. La réponse de M.Sarkozy : « Le métier de Chef d’Etat c’est de faire des choses justes sans être populaire » est passée à la télévision américaine CBS… pas dans les colonnes du journal Le Monde. Hubert Beuve-Merry, fondateur du quotidien, disait à l’époque à ses journalistes : « Faites chiant, ça fait sérieux. » C’est ainsi que les étudiants de Sciences-po arboraient Le Monde, plié en trois, sous les bras sans le lire. La nouvelle direction a du suggérer : « Faites « people »…ça fait vendre. »