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Phylloxéra

Publié le 25 décembre 2007 par Eric Mccomber
Au dix-neuvième siècle, une grande épidémie a bien failli tuer toute la vigne de France. Les Cognaçais en parlent avec émotion, comme de la peste noire. Il existe encore des bouteilles d'avant. Et les grandes maisons conservent toutes quelques réserves de fine venue du lointain passé, venue des vignes intactes, qui n'avaient pas encore connu la mort, et s'adonnaient en toute innocence au cycle éternel du grand sommeil.
Je suis ici sans toi. Je venais avec toi. Puis ensuite je suis venu seul. Ton absence… Chaque fois qu'on me sert un vin génial. Chaque fois que je goûte un plat divin. Chaque fois qu'un vieux réalise que je bois ses paroles et s'anime tout à coup pour me raconter. Chaque fois que je vois trois générations d'hommes se traiter en amis. Chaque fois qu'une fillette me montre le langage des vers de terre, qui habitent dans les pommes de terre. Chaque fois qu'un bambin me donne un dessin de sa maison qui vole jusqu'en haut des arbres. Ton absence… Chaque heure. Chaque jour. Chaque fois que je te relis. Chaque fois qu'un vent doux charrie le piquant de la terre déjà grosse de son prochain raisin. Chaque fois qu'une épaisse brume couvre la lande et rend même les usines rêveuses et souriantes. Chaque fois qu'une lumière chatoie. Chaque fois qu'une étoile brille. Chaque fois que la lune est pleine.
L'autre jour le maître d'hôtel m'appelle en bas, veut que je descende, il a une surprise, qu'y dit. J'ai cru que c'était toi. Comme un brèle qui croit encore à la vie et au bonheur, longtemps après le last call, j'oublie souvent que notre séparation n'est pas comme les autres. Je suis arrivé dans le hall en courant. Les gars de la cuisine m'avaient fait du bacon ! Vrai que j'étais surpris. C'est quand que tu ressuscites, oh, dis… C'est quand…

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