Magazine Journal intime

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Publié le 03 septembre 2010 par M.
Et je voudrais me mettre en colère, crier, être une de ces insupportables putes qui exigent, je voudrais m'indigner putain, je voudrais un peu. Trop peu, c'est pas mon genre. Je voudrais avoir le droit que tu me manques et des fois j'ai pas envie de partager, mais on ne change pas les règles en cours de route, non, le jeu c'est le jeu, je triche pas, je tire les dés quand c'est mon tour, et ensuite, je te regarde partir et je t'ai à peine parlé, parce qu'on est tous là avec des éclats de rire qui laissent tellement croire que tout le reste, c'est pas important. Mais quand je te regarde au loin, juste avant que le bruit de tes chaussures sur le bitume disparaisse, il y a cet imperceptible craquement sournois quelque part et je me dis, merde. Qu'est ce que tu nous fais là, fillette. J'ai dans mon ventre la petite furie noire, la boule hérisson aux yeux doux, aux griffes sales, qui ne dort jamais - qui fait le pied de grue prête à se jeter sur la moindre étincelle. Août appuie fort sur l'idée de ne pas avoir de regrets, le doigt planté dans la poitrine, et j'acquiesce en remisant ta presque absence là où elle ne peut pas me heurter. Les garçons m'accordent une place dans le cercle et je m'y faufile avec une joie de gamin, éclatante, je m'accroche à leurs bras, je me pends à leur cou comme font les amoureuses, c'est comme un manège et je n'ai pas envie que ça s'arrête pour que la réalité me tombe sur le coin de la gueule avec ses couleurs Super U délavé. Je m'endors rassurée de savoir que je ne suis pas obligée de m'accrocher aux oreillers, parce qu'après un mois à gratter la mort proche et à lui passer de la crème, moi j'ai besoin de ça, de serrer les vivants contre moi et de leur faire craquer les os, de faire disparaître la sensation des mains tordues et crevassées agrippées aux miennes en me tenant à celles qui ont encore le temps d'avoir peur de vieillir, j'ai envie de revoir la reine Juliette aux yeux liquides avant qu'elle ne soit morte, et qu'elle me dise que je suis beau pendant que j'éponge ses bleus et qu'elle me chante d'autres berceuses, et à l'interrogation sur ce que je suis, je ne trouve plus d'autre réponse que : je suis sauvage et je veux aimer, comme personne n'aime. Je m'en fous de plus en plus tu sais si c'est pas la chose à faire, la reine, elle, a dit d'accord avant de s'en aller peut être pour toujours, alors moi j'y crois. Que ce soit comme une conne, toute seule, ou éparpillée dans les poumons de la terre entière. Comme personne n'aime : une déflagration permanente, une explosion fracassante qui ne laissera rien derrière.

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