Ma chronique du 7mag... parue hier : Ça flaire la rentrée

Publié le 05 septembre 2010 par Anaïs Valente

(demain, l'horoscope...)

"Ça flaire la rentrée

A l’heure où je vous écris ces lignes, soit mi-août, ça sent déjà la rentrée.  Ou plutôt, ça pue la rentrée, pire que si j’avais marché dans une crotte de doberman géant.  Ou de doberman nain.  Une crotte étant ce qu’elle est, quelle que soit sa taille, elle pue.

De une, il pleut de façon incroyable, n’en déplaise à l’IRM qui précise que ce sont les normales saisonnières pour notre petit pays, alors que ma piscine pour pieds, savoir une vieille bassine bleue qui m’a été bien utile pour faire descendre ma température corporelle lors de mes derniers ébats amoureux lors de la canicule s’est remplie totalement en une seule nuit de pluie hier, si ça c’est normal, moi je suis la reine d’Angleterre. Et puis les jours diminuent, beurkitude intégrale.  Météo de rentrée.

De deux, dans les supermarchés et librairies, dans les folders publicitaires, dans les devantures de magasin, bref partout, c’est l’invasion de grammaires, dictionnaires, plumiers, bics, stylos, feutres, crayons, marqueurs, correcteurs, fluos, cahiers et autres classeurs multicolores.  Ambiance de rentrée.

De trois, les bottes ont déjà envahi les magasins de chaussures.  Tchu y’a de super modèles, je vous le dis, je vais encore faire pleurer mon banquier et gémir ma carte de crédit.  Les fringues en soldes sont toujours tapies dans un coin à espérer une adoption de dernière minute que la nouvelle collection pointe déjà le bout de son nez avec son lot de coloris tous plus sinistres les uns que les autres. Fringues de rentrée.

Oh, oui, c’est indéniable, ça flaire la rentrée…

Quand j’étais môme (donc au siècle dernier), j’appréhendais la rentrée.  Et j’adorais la rentrée.   

Je l’appréhendais, la rentrée, car elle signifiait de nouveaux professeurs, de nouveaux potes de classe et de nouveaux cours de gym et sport, ma hantise, avec leur lot de cabrioles sur cheval d’arçon, de sauts sur « plint », d’abominables matches de volley et d’échecs scolaires pour bibi.  J’ai tout tenté pour y échapper : feindre de tomber malade tous les lundis à la même heure, rater le bus scolaire, avoir mes « ragnagnas » chaque semaine, prétendre souffrir d’une maladie gravissime dont je n’avais le droit de parler à personne… en vain.

Je l’adorais, la rentrée, car elle était synonyme de nouveaux protège-cahiers, classeurs, bics et plumiers.  Et puis la mallette.  Sans oublier les chaussures, le manteau d’hiver et les traditionnelles nouvelles sapes de rentrée.  Quand, encore en plein été, nous allions faire les courses de rentrée, ben c’était Saint-Nicolas et Noël avant l’heure.  A l’époque, le bio-économico-écolo n’avait pas encore envahi les rayons et les mentalités.  Je pouvais donc, sans culpabiliser, opter pour des articles pleins de produits chimiques cancérigènes fabriqués par des enfants de trois ans au fin fond de la planète Mars.  Que du bonheur.

Oui, j’aimais et je détestais la rentrée.

Alors, maintenant que je suis devenue une grande fille sérieuse, chaque année, en septembre, j’ai un léger pincement au cœur.  Je bénis le ciel de ne plus subir les affres de la rentrée scolaire, bien sûr.  Mais je regrette un tout petit chouia le temps où, durant la dernière semaine d’août, je passais ma journée à renifler ma nouvelle gomme parfumée à la fraise et à ranger mon plumier plein de jolies choses, tout en priant pour qu’il pleuve le 1er septembre, afin que je puisse porter mes jolies bottes et mon manteau bien chaud.

Rhaaaaa, vivement que j’aie des enfants, pour pouvoir revivre ça par procuration.  Mais sans gommes parfumées, c’est cancérigène.  Et puis sans produits fabriqués par des pauvres gosses, non mais ça va pas la tête.  Et sans nouvelles fringues, faut pas pousser, tout ça c’est que du marketing.  Et puis sans mot d’excuse pour les cours de gym ou sport, passque le sport, c’est bon pour la santé.  Qui a dit que j’étais un futur bourreau, que je le frappe bien fort avec mon plumier.

Alleye, bonne rentrée à tous, scolaire ou pas."