Danse macabre

Elle se regarde dans le miroir. Se noircit encore un peu plus le regard. Elle ne reconnaît pas le reflet qui lui est renvoyé.

Parfait. C’est une autre qui sort ce soir…

Il fait un peu frais, elle a un peu peur. Elle sent ses seins pointer sous la toile légère de sa robe, ses poils se hérisser sur ses bras, sa tête se se vider peu à peu, son ventre se tordre de douleur.

Dégoût, tout n’est que dégoût. Ces yeux qui la déshabillent, lui ôtent le peu de tissu qui la recouvre encore si peu. Elle a sa main dans la sienne. Pourquoi le suit-elle ? Pourquoi s’est-elle embarquée dans cette aventure ?

Oublier. Ne plus penser. Ne plus rien ressentir. Elle lui sourit, rit avec lui. Un verre, un autre, encore un autre. Il faut qu’elle bouge, qu’elle s’échappe encore davantage de tout état de conscience.

Elle se lève. Un pas décidé, l’allure altière, l’air provocateur. Danser, bouger, oublier. Elle ferme les yeux, laisse la musique l’envahir toute entière. Elle laisse sa poitrine se balancer, son sexe se dénuder, ses fesses s’offrir aux spectateurs…Surtout ne pas ouvrir les yeux, pas maintenant, pas déjà.

Des mains la touchent. Elles se glissent en elle, intrusives, invasives. Elles l’embarquent au bord de la piste et la plaquent contre les fauteuils miteux. Elle ouvre les yeux. Ils sont là, excités, libidineux, répugnants.

La voilà la petite mort. Elle s’offre à ses bourreaux. Ils croient baiser une chienne bien chaude, s’en réjouissent et en jouissent tour à tour. Elle s’en fout, il a bien longtemps qu’elle est déjà morte.

La danse macabre est son poison. Nuit après nuit, elle lui permet de disparaître ; nuit après nuit, elle lui permet de s’oublier.

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