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Parle leur.....

Publié le 07 septembre 2010 par Ckankonvaou
Parle leur.....Ce petit ouvrage fut acquis avant de savoir qu'il serait sélectionné pour le Goncourt 2010, tant son titre et le résumé que j'en avais lu m'avaient accrochée.
Je viens donc de l'achever. Le Goncourt ? sans doute que non.
Je dirais que c'est un poème en prose qui nous narre une petite période du labeur de Michelangelo, chargé par le sultan de réaliser un pont sur la Corne d'Or qui se jette dans le Bosphore, travail d'abord confié à Léonard de Vinci.
Michel Ange à vingt neuf ans à cette période, en 1506. En froid avec le pape Jules II, il laisse tomber le projet d'édification de son tombeau qu'il reprendra plus tard et répond à la demande du Sultan Bayazid, (Bajazet pour nous). Il mourra soixante ans plus tard à l'âge de quatre vingt neuf ans.
Couvert de dettes, laid, sale et sans le sous, Michel Ange n'arrive pas à trouver le déclic pour la réalisation de cet édifice ! C'est une rencontre qui provoquera la création. Une rencontre très sensuelle.
Ce pont ne verra hélas jamais le jour. Un autre sera édifié s'inspirant des plans de Léonard de Vinci.
Mathias Enard nous fait parcourir avec son Michelangelo, les tripots de la Corne d'Or, nous la traversons avec lui et y sommes enfermés pour de mystérieuses et voluptueuses agapes avec Mesihi, Manuel, Arslan et ce mystérieux danseur
Ton ivresse m'est si douce qu'elle me grise. Tu souffles doucement. Tu es en vie. J'aimerais passer de ton côté du monde, voir dans tes songes. Rêves-tu d'un amour blanc, fragile, là-bas, si loin ? D'une enfance, d'un palais perdu ? Je sais que je n'y ai pas ma place. Qu'aucun de nous n'y aura sa place. Tu es fermé comme un coquillage. Il te serait pourtant facile de t'ouvrir, une fente minuscule ou s'engouffrerait la vie. Je devine ton destin.. Tu resteras dans la lumière, on te célébrera, tu seras riche. Ton  nom immense comme une forteresse nous dissimulera dans son ombre. On oubliera ce que tu as vu ici. Ces instants disparaîtront. Toi-même tu oublieras ma voix, le corps que tu as désiré, tes tremblements, tes hésitations. Je voudrais tant que tu conserves quelque chose. Que tu emportes une partie de moi. Que se transmette mon pays lointain, non pas un vague souvenir, une image, mais l'énergie d'une étoile, sa vibration dans le noir. Une vérité. Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l'amour ; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et des temples. Ils s'accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards ; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, de rois, d'éléphants et d'êtres merveilleux ; en leur racontant le bonheur qu'il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l'amour, l'amour, cette promesse d'oubli et de satiété. Parle-leur de tout cela, et ils t'aimeront ; ils feront de toi l'égal d'un dieu. Mais toi tu sauras, puisque tu es ici tout contre moi, toi le Franc malodorant que le hasard a amené sous mes mains, tu sauras que tout cela n'est qu'un voile parfumé cachant l'éternelle douleur de la nuit. p.66-67

 Il est dit que son Moïse, garde l'empreinte dans sa réalisation, de ce séjour à Istanbul et que seraient cachés dans le plafond de la Chapelle Sixtine certains personnages rencontrés la bas.

Alors, à toi.
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