Magazine Humeur

Point Final

Publié le 09 septembre 2010 par Sophiel

point.jpg Couché dans son lit, il entendit le bruit de la grille. Il flottait entre rêve et réalité, en apesanteur entre ces deux mondes opposés, ne sachant vers lequel glisser.

De nouveau, la grille grinça, le réel l’accrocha, il ouvrit les paupières.

La nuit avait envahi la chambre à coucher, seul le faisceau bleuté du radio réveil tentait une incursion dans l’obscurité opaque.

A ses côtés, la place était vide. Elle n’était pas encore rentrée.

Quelle heure était-il ? Pourquoi ces absences toujours plus longues ? Pourquoi s’endormait-il, soir après soir, renonçant à l’attendre ?

Il traqua dans le silence le bruit de ses pas descendant l’allée ; la clé dans la serrure, qu’il fermait désormais à double tour ; la porte qui claque, sans compassion pour les dormeurs ; les talons secs sur le parquet ; les vêtements jetés sur le canapé ; son corps nu et froid glissé dans les draps ; son dos, toujours son dos…

Il se redressa dans son lit, en appui sur ses coudes pour mieux écouter.

Ni pas, ni clé, ni talons.

Silence.

Avait-il rêvé après tout ? Etait-ce l’attente inconsciente de son retour qui l’avait éveillé ? Reviendrait-elle ce soir ?

Elle était peut-être là, dans l’allée, hésitante.

D’un bond, il fut debout. Son instinct le poussait à la retenir. Il ouvrit la fenêtre, puis les volets, mais ne l’aperçut pas. La grille était fermée, elle n’avait pas grincée. L’allée était vide.

La porte ! Elle était certainement à la porte !

Il n’avait pas entendu ses pas parce que…. parce qu’il dormait, voilà tout.

Rassuré, il se dirigea vers l’entrée, ses pieds nus silencieux sur le sol, heureux de l’accueillir, décidé, enfin, à l’écouter.

Trop tard.

Les bras ballants, il fixait la porte désespérément close d’elle.

Il eut peur. Ce jour avait-il été le dernier ? La nuit précédente, l’ultime ?

Se pouvait-il que la fin ne ressemble qu’à une journée banale ?

Il traversa la maison silencieuse, surpris plus qu’attristé, intrigué plus qu’ébranlé.

Et pourquoi pas ?

Pourquoi ne pas en finir ainsi ? Avaient-ils besoin d’explications ? Leurs silences n’étaient-ils pas suffisamment explicites ?

Pas de mots laissés sur un coin de table, pas de paroles superflues ni d’attaques stériles, seulement une fin en forme de point, sans retour à la ligne.

Revenu dans sa chambre, il se recoucha et n’eut plus qu’une idée : Se rendormir


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