En mars 2007, je commençais l'aventure "paresseuses" : écrire mon premier livre, un guide rigolo et pratique sur le célibat. Bon, tout ça, vous le savez. Ce que vous ignorez c'est que durant les treize mois et des poussières qu'a duré cette aventure, j'ai tenu un chtit journal, pour immortaliser mon ressenti, mes angoisses et mes joies. Un journal top secret, vu que je pouvais pas en parler ici. Le but était de le publier sur ce blog le jour de la sortie officiel de "La célib'attitude". Mais, ce jour venu, j'ai trouvé que ça faisait vraiment "je me la pète grave de chez grave de raconter tout ça". Alors j'ai rien publié.
Ça fait deux ans presque et demi que le livre est sorti, c'est maintenant de l'histoire ancienne... alors, vu que durant quelques jours, je vais pas être cap' de vous publier des nouvelles fraîches de bibi et de la vie de bibi, je me suis dit que c'était le moment c'était l'instant de vous faire découvrir tout ça.
Quatre jours pour vous faire découvrir cette tranche de ma vie restée secrète...
Bonne lecture.
PREMIERE PARTIE
Ce journal a été écrit par mes soins, du 22 mars 2007 à ce jour… Au fur et à mesure de l’avancement de ce projet. Livré brut de décoffrage, comme vous en avez l’habitude. Ça vous tente de partager mes joies, mes angoisses, mes insomnies et mes crises de délire ? Installez-vous confortablement...
Jeudi 22 mars 2007. « Le printemps est arrivé la belle saison… »
C’est le plus beau jour de ma vie.
J’ai reçu un mail me proposant d'écrire un guide des paresseuses.
Aaaaaaaaaaaaaaaaaargh. Je me meurs. Vite, apportez des sels. Anaïs va faire une crise cardiaque, une crise d’angoisse, une crise d’hystérie, ou même les trois.
Je suis au bureau, je dois garder un air concentré.
Le mail a été envoyé mardi, mais sur mon ancienne adresse que je ne consulte quasi plus. Je bénis le ciel de l’avoir conservée, cette adresse. Et consultée, par hasard. Je n’ose imaginer le drame si je n’avais pas consulté cette boîte mail. Enfin, pas de drame, je n’aurai rien su. Mais un drame tout de même.
J’ai envie de danser autour de mon bureau, de courir partout en hurlant à mes collègues « je vais écrire un guide des paresseuses… », de donner ma démission « je vais devenir une écrivaine célèbre », d’aller chercher une bouteille de champ et de la boire cul sec pour me remettre de mes émotions.
Je ne pense plus qu’à ça.
Je dois trouver mon sujet. MON sujet. Evidemment, mon sujet c’est le célibat. Mais j’ai envie de faire quelque chose sur tous les aspects du célibat. Pas uniquement le célibat et les rencontres. La vie de la célibataire. Je maîtrise bien ce sujet, pour sûr.
Je finis ma journée à midi, heureusement car je suis incapable de travailler correctement.
Je pars donc en goguette dans ma ville, trouver le rayon « Paresseuses ». Je le trouve. Il est gigantesque, tout un pan de mur consacré à ces ouvrages, avec un magnifique cadeau, la trousse des paresseuses offerte à tout achat. J’ai bien envie de l’avoir, cette trousse, puisque j’en serai bientôt une, de paresseuse.
Bon Anaïs, tu mérites deux claques.
Tu es là à imaginer ton ouvrage dans le rayon, à te demander si tu diras aux vendeuses « vous voyez, cet ouvrage là, ce guide des paresseuses, si beau, si tentant, c’est moi qui l’ai écrit, MOI, vous comprenez ? », à imaginer des séances de dédicaces avec une file interminable, à te demander si tu sortiras de ton anonymat pour l’occasion, au bureau, dans ta famille, au moyen d’une big réception qui te coûtera 10.000 eur alors que tu en gagneras royalement 1.000. Le prestige n’a pas de prix.
Oui tu es là à échafauder tous ces projets, à nager dans le bonheur, à voir du soleil dans ce ciel gris de printemps en grève.
Mais tu oublies un tout petit détail… insignifiant…
Tu n’as pas encore pondu la moindre ligne !
Vendredi 23 mars 2007
Pas su dormir, je tournais et retournais dans ma tête ce projet de bouquin. J’ai cauchemardé : des centaines de bouquins avec mon nom en gros me dégringolaient dessus. Et lorsque je les ouvrais, ils étaient tous totalement vides, un monceau de pages entièrement blanches. Aaargh.
Samedi 24 mars 2007
Je vis un enfer. Pas moyen de pondre la moindre idée pour ce fichu bouquin. Je suis dans un état de stress proche de l’explosion.
Je me demande si je ne suis pas plutôt faite pour écrire un recueil sur « comment survivre à une proposition d’écriture de bouquin » plutôt que pour l’écriture.
Comment suis-je capable de pondre des lignes sans sourciller pour mon blog, et incapable d’avoir la moindre idée pour ce livre.
Au lieu d’écrire, ou du moins de tenter d’écrire, je suis obnubilée par l’après parution… Vais-je faire une fête pour marquer le coup ? Qui inviter ? Quelques membres de la famille (oups il reste peu de monde), mes collègues adorées (elles, rien qu’elles). Et à qui je vais distribuer mes exemplaires d’auteur ? Car parait que quand on écrit un bouquin on reçoit, avant la parution, quelques exemplaires. A qui les donner ? A mes amis… euh, les vrais amis (2), les faux (342) n’auront qu’à aller se faire voir, na. A mon boss ? Oups je suis dubitative. Vais-je vraiment en parler ? Oui je crois, j’en meurs d’envie, là, déjà, tout de suite, mais je dois tenir je dois tenir je dois tenir je dois tenir je dois tenir je dois tenir je dois tenir je dois tenir je dois tenir, parce que si je me vante partout d’écrire un livre, et que les chefs des paresseuses refusent mon synopsis, bonjour le râteau professionnel !
Synopsis, aaaaargh.
Je dois faire mon synopsis. Kekseksa ? Déjà entendu ce mot, mais de là à en savoir le sens. Et puis ce que j’ai noté sur un bout de papier, quand j’ai eu la responsable parisienne (oui Paris, aaaaah) au téléphone, je l’ai perdu. Je vais pleurer, là, tout de suite, je le sens.
« Synopsis : récit très bref qui constitue un schéma de scénario. »
Allez au boulot !
Dimanche 25 mars 2007
Je suis poursuivie par les écrivains : L’auberge espagnole, un écrivain, Le Come Back, une parolière (écrivaine de musique, c’est écrivaine tout de même), un lancement pour la vie de Béatrix Potter, écrivaine, Le film « mensonges et trahisons et plus si affinités », un écrivain.
Je nage en plein cauchemar.
J’ai avancé dans mon synopsis, j’ai les titres, j’ai quelques idées. Mais je ne parviens pas à totalement me lâcher. D’un côté je dois juste faire le synopsis, d’un autre j’ai des idées qui fusent, de sorte que j’ai déjà commencé à écrire certains chapitres.
Je me suis dit une bonne chose : si le synopsis est refusé, ou si, pire, le roman est refusé, comme j’aurai avancé dans le travail, je le proposerai à autrui, voilà. Mais quelle déception. Je vivrai cet échec comme un drame, c’est clair et net comme clarinette. Pffff. Défaitisme quand tu nous tiens.
Lundi 26 mars 2007
En rentrant du bureau tout à l’heure, je trouve dans ma lettre un guide des paresseuses envoyé par la maison d’édition. « Le prince charmant des paresseuses ». Que je dois lire pour m’assurer que mon sujet à moi ne sera pas un copier-coller du sujet « prince charmant ». Pas de risque, moi je parle du célibat, de la vie de la célibataire, de comment s’organiser, survivre… Waw qu’il est beau ce livre. Et je me mets à fantasmer comme une dingue sur la future couleur du mien, le titre du mien, le succès du mien. Et je me plonge dare dare dans le synopsis du mien. Plus tôt je l’enverrai plus tôt je serais fixée sur mon sort… Angoisse quand tu nous tiens…
Mardi 27 mars 2007
Vous allez assister en direct à l’envoi de mon synopsis, tandis que moi j’assiste en direct au lancement d’Appolo 13 à la TV. Deux moments de l’histoire de l’humanité (oh ça va je rigoooole). Voilà, je vais cliquer. Voilà j’ai cliqué. Mon destin vient de se jouer en un petit clic de souris. A partir de ce mardi 27 mars 2007, 22h40 (mince j’aurais dû attendre 27h77… tous ces 7 m’auraient porté chance), je ne dors plus. J’attends. Je stresse. Je trouille. J’angoisse. Je vais lire mes mails chaque minute. Pourtant ça prendra peut-être du temps. Je vais vivre un enfer. Enfer qui ne sera rien à côté du moment où on m’annoncera que mon projet est refusé. Parce qu’il va l’être, bien sûr. Ou peut-être pas, je garde un tout petit espoir qu’il soit aimé, mon petit projet du « célibat des paresseuses ». Faites que faites que faites que.
A suivre...