L'entrevue de Saint-Cloud d'Harold Cobert

Publié le 10 septembre 2010 par Elisabeth Robert

 

Harold Cobert est un écrivain !

De ceux, qui, peu importe le sujet, vous embarque aussitôt dans un univers complet. Son écriture vous capture et les pages défilent rapidement, trop rapidement. C’est ainsi que j’ai dévoré l’an dernier « Le reniement de Patrick Tréboc » puis l’émouvant « Un hiver avec Baudelaire ».

J’ai croisé plusieurs fois Harold en deux ans, au détour d’un dîner, mais aussi lorsqu’il a accepté spontanément de venir dédicacer ses livres au profit de la lutte contre la mucoviscidose. Et puis au cours de Salons du livre communs, lors de signatures et puis de nos échanges.

Je connais donc l’écrivain et un peu l’homme. Un peu car il est tout en discrétion.

Harold est tout autant un orateur qu’un auteur. Lorsqu’il vous raconte une anecdote, qu’il vous parle du sujet de son prochain livre vous ne pouvez pas vous détourner de ses propos. Il fait partie de ces gens qui vous apportent du rêve, de l’histoire et de la culture. Loin d’être un cancre cet homme là a multiplié les diplômes. Courageux il ne s’arrête pas à son statut d’écrivain, il enseigne aussi.

Bref, vous l’aurez compris, Harold Cobert ira loin ! Et depuis trois ans il suffit de suivre son parcours pour croire en lui.

Il n’est pas le nouveau romancier people de l’année, il est juste doué.

Sans doute même que certains le jalousent. Mais à quoi bon ? Il suffit de le lire pour l’apprécier.

Son nouvel ouvrage, paru le 26 août 2010 aux éditions Héloïse d’Ormesson, est très différent des premiers. Il aborde un pan historique, l’époque de la Révolution. Enfin surtout un moment bien particulier, celui de la chute du roi, et donc de la reine. Fustigés par le peuple et craignant la déchéance, le couple royal conserve quelques avantages. Période trouble qu’Harold a abordé en imaginant une entrevue bien étrange...

Un rendez-vous secret entre le comte Mirabeau et la reine Marie-Antoinette. Celle-ci, comme l’indique le titre de l’ouvrage, va se dérouler à Saint Cloud.

Tout au long du texte on sent que le comte Mirabeau est suffisant, insultant et met au plus bas une Marie-Antoinette abîmée, vide. Elle était aimée par son peuple tandis qu'elle le haïssait de toutes ses forces.

Cette conversation changera-t-elle malgré tout le cours des événements ?

Cette rencontre est fixée pour trouver une solution qui calmerait la colère d'un peuple et qui pourrait ainsi sauver la France de l'horreur en cours et à venir. Mais... aucun des deux protagonistes n’a confiance en l’autre. La manipulation est aussi au cœur de cette rencontre et c'est finalement deux objectifs bien différents qui semblent se dessiner : la défense de la monarchie contre une révolution massive et populaire. On espère malgré tout que cette période de terreur pourrait enfin cesser si cette entrevue aboutissait. Même si nous connaissons déjà la finalité historique.

Malheureusement ces deux personnages ne sont pas assez généreux pour ne pas mettre leurs propres différences de côté, ce qui aurait pu devenir apaisement va virer à l’affrontement.

Harold est saisissant de vérité lorsqu’il endosse le costume de Mirabeau, car oui je suis certaine qu’il y a de lui dans ces personnages.

Ce livre est composé de faits historiques mais aussi de fiction. Moderne et élégant, une écriture soignée et affutée, décidément encore un ouvrage à ne pas manquer !

Si seulement Marie-Antoinette et Mirabeau avaient pu se comprendre...