Pour préparer la fête de l'exaltation de la sainte Croix (1)

Publié le 10 septembre 2010 par Hermas

ECCE LIGNUM CRUCIS

IN QUO SALUS MUNDI PEPENDIT


VOICI LE BOIS DE LA CROIX

AUQUEL A ETE SUSPENDU LE SALUT DU MONDE



Crucifix accompagné des « Arma Christi »

à Poppiano près de Montespertoli en Toscan


INTRODUCTION


« Ecce Lignum Crucis » : c’est le moment le plus solennel du Vendredi Saint. La Croix qui était voilée, et qui est toujours voilée dans le rite tridentin, depuis le Dimanche de la Passion, est montrée solennellement aux fidèles. Ayant pris conscience, pendant le temps du Carême, de leurs péchés, de la gravité du péché qui sépare de Dieu, ils se sentent comme abandonnés, ce qu’exprime Jésus de manière émouvante et impressionnante, lui qui porte tous les péchés du monde : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ». A ce moment, Jésus, « écrasé » par des péchés commis depuis Adam et Eve et par ceux qui seront commis jusqu’à son Retour Glorieux, pour sauver l’homme se dépouille, s’anéantit, nous dit Saint Paul. André Frossard interprétait ces paroles par une dépouillement complet : Jésus s’est anéanti, et, à ce moment, il y a comme une « éclipse » furtive de sa divinité : il ressent ce que le pécheur endurci peut ressentir, quand ses péchés l’ont séparé de Dieu. Il s’est fait un de nous, jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême. Le Verbe de Dieu fait homme, se dépouille plus encore, s’anéantit plus encore, et Dieu le lui demande, pour nous faire comprendre combien le péché est horrible, car il sépare totalement de Dieu.


La liturgie consacre deux fêtes à la Sainte Croix, « l’INVENTION DE LA SAINTE CROIX » (le 3 mai), et l’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX » (le 14 septembre). « Invention », Exaltation » sont deux paroles qui laissent quelque peu perplexes quand à leur signification moderne. On dit facilement de quelqu’un qu’il est un « exalté », dans un sens péjoratif. Quant à la parole « invention », elle laisse entendre que c’est une chose créée de toute pièce, « inventée », comme on invente une histoire par exemple », et donc sans rapport avec la réalité vraie et concrète, avec l’histoire. C’est pourquoi il est bon de retrouver le sens précis et profond de ces deux fêtes, en retournant aux sources, la Sainte Ecriture, et l’Histoire, pour redonner à la Sainte Croix sa place et comprendre sa signification, pour qu’elle s’imprime en quelque sorte dans nos coeurs.


L’EXALTATION DE JESUS DANS l’Ecriture Sainte

Dans l’Epitre aux Philippiens, parlant de l’abaissement du Verbe de Dieu, saint Paul déclare, utilisant la parole « exalté » concernant Jésus :


Philippiens, chapitre 2°

6. 

Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu.

7. 

Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme,

8. 

il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix !

9. 

Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom,

10. 

pour que tout, au nom de Jésus, s'agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers,

11. 

et que toute langue proclame, de Jésus Christ, qu'il est SEIGNEUR, à la gloire de Dieu le Père.



La note « l » de la Bible de Jérusalem précise à ce sujet : exalté, « par la Résurrection et l’Ascension ».


Le texte de la Nouvelle Vulgate est le suivant :

«  Propter quod et Deus illum exaltavit et donavit illi nomen, quod est super omne nomen »…

L’Exaltation devient ainsi la glorification du Fils de l’Homme qui, de Dieu qu’il est, s’est anéanti, s’est dépouillé de tout, pour sauver l’homme déchu, et le relever de sa déchéance. Mais elle a pour conséquence heureuse de sauver l’homme de sa déchéance, et de l’exalter lui aussi, attiré par Jésus sur la Croix qui devient le signe de l’exaltation, de la glorification. Jésus déclare en effet clairement à Nicodème :


Jean chapitre 3° :

14. 

Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l'homme,

15. 

afin que quiconque croit ait par lui la vie éternelle.

16. 

Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle.



La Bible de Jérusalem explique, dans la note « a : « Pour être sauvé, il faudra ‘regarder’ le Christ « élevé » (Jean 12, 12) sur la Croix. C’est-à-dire croire qu’il est le Fils Unique. On sera alors purifié par l’eau qui sort de con côté transpercé ».


Cette note nous renvoie ainsi à des textes de l’Ecriture qui ouvrent notre horizon spirituel, sur le mystère même de notre salut par Jésus et la Croix. Voici ces textes qu’il est important et nécessaire de connaître pour bien pénétrer dans le mystère d’amour rédempteur de Dieu :


Le serpent d’airain, Nombres 21, 5-9

5. 

(En chemin, le peuple perdit patience)  Il parla contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avez-vous fait monter d'Égypte pour mourir en ce désert ? Car il n'y a ni pain ni eau ; nous sommes excédés de cette nourriture de famine. »

6. 

Dieu envoya alors contre le peuple les serpents brûlants, dont la morsure fit périr beaucoup de monde en Israël.

7. 

Le peuple vint dire à Moïse : « Nous avons péché en parlant contre Yahvé et contre toi. Intercède auprès de Yahvé pour qu'il éloigne de nous ces serpents. » Moïse intercéda pour le peuple

8. 

et Yahvé lui répondit : « Façonne-toi un Brûlant que tu placeras sur un étendard. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie. »

9. 

Moïse façonna donc un serpent d'airain qu'il plaça sur l'étendard, et si un homme était mordu par quelque serpent, il regardait le serpent d'airain et restait en vie.



Ce n’est rien d’autre que ce qu’annonçait le prophète Zacharie :

Zacharie  chapitre 12° :

10. 

Mais je répandrai sur la maison de David et sur l'habitant de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils regarderont vers moi, Celui qu'ils ont transpercé. ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique; ils le pleureront



Texte que cite saint Jean (chapitre 19, 37), qui nous transmet une autre parole de Jésus, très significative, sur sa Mission de rédemption, par son élévation, et par l’élévation de ceux qu’il attirera à Lui, une fois élevé de terre, par son élévation sur la Croix, par sa mort, par sa Résurrection, et par son élévation au ciel à l’Ascension :


Jean chapitre 12° :

31. 

C'est maintenant le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors ;

32. 

et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi. »

33. 

Il signifiait par là de quelle mort il allait mourir.



C’est ainsi « l’élévation » du Christ sur la Croix, en même temps que son « élévation » au ciel avec la Résurrection, les deux aspects du même mystère. Exalté à la Droite du Père, dans la gloire, le Christ enverra l’Esprit, et, par Lui, il étendra sa domination sur le monde.


C’est dire l’importance et la valeur de la Croix, instrument du supplice, du Sacrifice de Jésus, de notre salut, de notre élévation avec le Christ, objet de nos regards pour être guéri la morsure mortelle de l’ignoble serpent, Croix Sainte qui nous révèle que Celui qu’elle a porté est le propre Fils de Dieu, qui s’est fait chair, qui a souffert sa Passion, qui est la Voie qui conduit au ciel, la Porte des brebis, comme le dit Jésus lui-même :


« Quand vous aurez élevé le fils de l’Homme, alors vous saurez que JE SUIS » (Jean 8, 28)


Et c’est pourquoi l’Eglise célèbre si solennellement la Sainte croix, le jour du Vendredi Saint, en la découvrant, et en la présentant aux regards de tous les fidèles, pour qu’ils la contemplent, et contemplent, attaché sur elle, le Sauveur du monde, en regardant avec foi , reconnaissance et amour vers « Celui qui a été transpercé » :


ECCE LIGNUM CRUCIS

IN QUO SALUS MUNDI

PEPENDIT

VENITE ADOREMUS


Voici le Bois de la Croix

Auquel a été suspendu

Le Salut du Monde

Venez, adorons-Le


Et reprenons cet chant de notre jeunesse qui chante si bien la Gloire de Jésus et la Gloire du Bois qui a porté le Fils de Dieu

Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Oh ! qu'il est bien juste qu'on l'aime,

Puisqu'en expirant sur ce bois,

Il nous aima plus que lui-même.

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Vive Jésus ! Vive sa Croix !

C'est l'étendard de sa victoire ;

De ce trône il donne ses lois,

Il conquiert le ciel et sa gloire.

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Vive Jésus ! Vive sa Croix !

De nos biens la source féconde,

Saint autel où le Roi des rois,

En mourant, rachète le monde.

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Vive Jésus ! vive sa Croix !

Prenons-la pour notre partage :

Ce juste, cet aimable choix

Conduit au céleste héritage.

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Ce n'est pas le bois que j'adore,

Mais c'est mon Sauveur, sur ce bois,

Que je révère et que j'implore.

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !

Chrétiens, chantons à haute voix : Vive Jésus ! Vive sa Croix !