degré XIV, XIII
Publié le 11 septembre 2010 par Moinillon
Évagre,
agité par l'esprit des ténèbres, s'était imaginé, à cause de son éloquence et
de la perspicacité de son esprit, qu'il était plus sage que les sages; mais
combien il s'est horriblement trompé, puisque dans ce que je vais rapporter,
comme dans plusieurs autres choses, il a fait voir à tout le monde qu'il était
plus fou que les fous. Voici donc une de ces maximes : «Lorsque notre âme
soupire après les délices que procure la variété des mets, il faut la punir
sévèrement en nous condamnant impitoyablement au pain et à l'eau.» Or, parler
de la sorte, n'est-ce pas vouloir exiger que d'un seul saut, un petit enfant
monte tous les échelons d'une échelle ? Je pense donc que pour rendre cette
maxime saine et praticable, il faut dire : «Notre âme désire plusieurs mets
pour contenter ses appétits ; ce désir étant conforme aux inclinations de la
nature, nous devons user de beaucoup de prudence et d'industrie pour combattre
la plus rusée et la plus artificieuse des passions; car en agissant autrement
nous nous engagerions imprudemment dans une guerre très dangereuse, et nous
nous exposerions au péril d'une perte éminente. Privons-nous d'abord des mets
capables de nous donner trop d'embonpoint, ensuite de ceux qui peuvent
enflammer les humeurs, enfin de ceux qui sont doux et agréables.»
saint Jean
Climaque : L'Échelle sainte
«De la Gourmandise, qui, tout impitoyable qu'elle soit, plaît à tout le monde»
(О любезном для
всех и лукавом владыке, чреве)