Magazine Journal intime

Journal d’une paresseuse (troisième partie)

Publié le 07 septembre 2010 par Anaïs Valente

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En mars 2007, je commençais l'aventure "paresseuses" : écrire mon premier livre, un guide rigolo et pratique sur le célibat.  Bon, tout ça, vous le savez.  Ce que vous ignorez c'est que durant les treize mois et des poussières qu'a duré cette aventure, j'ai tenu un chtit journal, pour immortaliser mon ressenti, mes angoisses et mes joies.  Un journal top secret, vu que je pouvais pas en parler ici.  Le but était de le publier sur ce blog le jour de la sortie officiel de "La célib'attitude".  Mais, ce jour venu, j'ai trouvé que ça faisait vraiment "je me la pète grave de chez grave de raconter tout ça".  Alors j'ai rien publié.

Ça fait deux ans presque et demi que le livre est sorti, c'est maintenant de l'histoire ancienne... alors, vu que durant quelques jours, je vais pas être cap' de vous publier des nouvelles fraîches de bibi et de la vie de bibi, je me suis dit que c'était le moment c'était l'instant de vous faire découvrir tout ça. 

Quatre jours pour vous faire découvrir cette tranche de ma vie restée secrète...

Bonne lecture.

TROISIEME PARTIE

Vendredi 20 juillet 2007

12h22, c’est un grand jour, je viens de dépasser les 200.000 caractères.  200.049 exactement.  Pour rappel, je dois en fournir de 250.000 à 300.000.  Vu les chapitres que je dois encore traiter, j’atteindrai sans doute les 300.000.

Je réalise à quel point écrire est un vrai travail : il faut établir un plan de travail, recueillir des informations pertinentes et utiles, s’assurer de leur véracité (d’autant que je suis belge et que le livre sera distribué en France, pas questions dès lors de fournir des informations typiquement belges, notamment dans le domaine juridique). 

Je suis dans un état d’alerte permanent, quoi que je fasse, où que je sois, je pense « livre livre livre ».  Je scrute mes chapitres dans ma tête, histoire d’avoir des idées.

Un vrai travail, je vous dis !

Mercredi 25 juillet 2007 

Une grosse enveloppe brune dans ma boîte ce soir.  Aucune adresse d’expéditeur.  J’ouvre, sans réelle curiosité, imaginant une publicité quelconque, et je découvre mon contrat d’auteur, MON CONTRAT D’AUTEUR.  Je fais des bonds de gazelles dans tout le living.  Dans « mon contrat d’auteur », y’a le mot auteur.  Suis-je une auteure ?  Est-ce bien vrai ?  Et puis y’a contrat, que je vais signer après lecture, qui détermine mes obligations et mes droits.  Je n’en reviens pas.  Un contrat d’auteur.  Noir sur blanc.  Ce n’était pas un rêve.  Reste à signer et à renvoyer… et surtout à terminer mon manuscrit !

Vendredi 27 juillet 2007

250.955.  250.955.  250.955.  Voilà, j’ai atteint le nombre de caractères minimum prévu dans mon contrat.  Je me sens comme libérée.  Mon manuscrit n’est pas terminé, loin de là, mais je n’ai plus cette pression que je me suis mise (pression inexpliquée, puisque j’ai encore deux mois pour rendre la dernière mouture de mon manuscrit).  J’ai plusieurs chapitres à fignoler et tout le texte à relire, corriger, mettre un peu plus à ma sauce avec des traits d’humour.  Mais j’ai pu y arriver, j’ai atteint ce seuil fatidique des 250.000 caractères, en pile un mois, puisque j’ai commencé à travailler mon synopsis pour le transformer en livre le 28 juin.  Je me sens bien.  Bon, j’ai lu mon contrat plusieurs fois, s’ils n’aiment pas le manuscrit, ils peuvent tout annuler, et on en reste là.  Logique.  Mais quel stress, encore une fois…  Je passe tout le temps de « ce que j’ai écrit est chouette, intéressant, avec un zeste d’Anaïs qui ravira le lecteur » à « c’est nul à chier, personne ne voudra acheter ce bouquin, et d’ailleurs personne ne pourra l’acheter, puisqu’il ne sera pas édité ».

Doute, doute, quand tu nous tiens…

Samedi 28 juillet 2007 

Voilà, ça fait pile un mois que j’ai commencé mon livre et je l’ai terminé.  Enfin l’ébauche générale, reste maintenant à tout relire, rajouter des détails, corriger les bêtises, remplir quelques blancs…  Je vis un drame existentiel.  Tout ce que j’écris est nul, j’ai plus qu’à tout jeter à la poubelle.  De toute façon je me demande pourquoi j’écris encore ce journal, il est clair que le manuscrit va être refusé ou, pire, comme prévu au contrat, repris par quelqu’un qui le rendra potable et mettra son nom à côté du mien, la honte intégrale.  Dans ces deux cas, je ne publierai jamais ce journal sur le blog, ça va pas la tête non ?  Je vis un drame.  Un drame.  Zentendez ?  UN DRAME ! (au fait, je suis à 270.000 caractères)

Samedi 19 août 2007 

Voilà bis, le manuscrit est quasi terminé, j’ai tout relu, corrigé les monstrueuses fautes d’orthographe, apporté une touche Anaïsienne.  Grande nouvelle : je l’aime bien, j’y retrouve ma façon d’écrire au milieu de bons conseils.

Dimanche 2 septembre 2007 – 13h57

Voilà ter, j’ai terminé la énième lecture et correction de mon manuscrit.  Je ne peux plus le voir, le sentir, le toucher.  J’en peux plus.  Je le hais.  Je veux qu’il disparaisse à jamais de ma vue et ne plus jamais en entendre parler.  Jamais.

Mardi 4 septembre, 18h30

Clic.

Le clic d’envoi de mon manuscrit restera à jamais dans les anales.  Le sort en est jeté.  Reste maintenant à attendre le verdict.  Attendre, toujours attendre.  Je finirai par devenir d’une patience d’ange, à force d’attendre, moi qui déteste ça.

1er novembre 2007

Deux mois déjà que j’ai envoyé mon manuscrit, et le silence absolu en retour.  J’ai tout imaginé : silence car mon manuscrit captive toute l’équipe, silence car ils cherchent un moyen de le refuser sans me pousser au suicide, silence car le bâtiment de Hachette-Marabout a explosé, et, comme je ne regarde pas l’actualité, j’en ignore tout.  Silence car ma boîte mail a refusé les mails qui me confirmaient que j’étais acceptée, refusée, lynchée…

J’imagine tout tout tout. 

20 novembre 2007

Je suis fière de moi, j’ai tenu le coup depuis le 4 septembre : deux mois et 16 jours de silence.  D’attente.  De patience d’une impatiente.  Mais aujourd’hui, il le fallait.  J’ai envoyé un mail.  Tout doux tout gentil.  Histoire de tâter le terrain : « Bonjour, Je me permets de revenir à vous pour avoir quelques nouvelles. Avez-vous pu déjà jeter un oeil au manuscrit ? »  Traduction : dites ça fait deux mois et 16 jours que vous avez mon manuscrit, vous l’avez ouvert ou pas, je vous en supplie, dites moi que vous l’aimez, hein que vous l’aimez ?

La réponse arrive en deux minutes.  Angoisse.  « oui j'ai déjà regardé et ça a l'air d'aller plutôt bien ! »

Encore cette sacro-sainte différence : je suis le manuscrit numéro 12478, le dossier 12634.  Non que je suis traitée comme telle, que du contraire, j’ai toujours réponse à mes mails.  Et réponse gentille.  Et réponse patiente.  Mais je guette, jour après jour, une réponse, tandis que mon manuscrit attend gentiment son tour.

Ils ont peut-être prévu une publication le 14 février 2014 ?

Mais finalement « ça a l’air d’aller plutôt bien », c’est bon signe, non, hein que c’est bon signe ?  Quoique…

30 décembre 2007 

Et voilà, dans quelques heures, le cap de l’an 2008.  Alors j’envoie mes vœux à mon éditeur, et, ni vu ni connu, je demande des nouvelles….  Et j’ai des précisions, alléluia, bonheur suprême, nirvana intense : mon titre est prévu pour mai.  Donc j’aurai mon BAT vers mars.  Mon BAT ?  Bien à toi ?  Bordel absolument total ?  Je réfléchis je réfléchis.  Ce jargon éditorial, j’y suis nin co habituée.  Et puis ça tilte : mon bon à tirer.  Argh.  Je me meurs.  Ça se précise vachement.  Le passage à l'an 2008 sera féérique... un conte de fées, oui, un conte de fées sous forme de petit livre à moi rien qu'à moi.

27 janvier 2008

Ça y eeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeest ! Je suis une paresseuse.  Vous le saviez.  Lymphatique, fainéante, molle, tire au flanc. Mais là c’est différent. Chuis une paresseuse officiellement officielle.  Une paresseuse paresseusement écrivaine.  Bonheur ultime.  Un mail d’avant-hier s’est perdu dans mon ancienne boîte mail, que je ne relève jamais, pour peu je ne l’aurais pas vu, ce mail tant attendu, qui me confirme que mon manuscrit est à l’édition, que le BAT va me parvenir incessamment (maintenant je sais ce qu’est un BAT, tout comme un synopsis, je deviens intelligente en plus de paresseuse).

Chuis heureuse de chez heureuse.

Je vais pouvoir tenter de relire ce manuscrit que j’ai caché sous trois tonnes de magazines depuis son envoi, il finissait par me faire peur...

A suivre...

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