Bien sûr, la future maman n’est pas complètement innocente, elle a bien souvent un compagnon qui se charge de lui donner quelques indications sur ce qui l’attend dès qu’elle aura endossé son nouveau statut :
N’est-ce pas elle qui lui rappelle inlassablement qu’elle a acheté une sorte de corbeille appelée communément « panier à linge sale » et dans lequel il serait bon d’y déposer ses chaussettes « sales » - précision qui se révèle bien souvent indispensable - au lieu de les laisser traîner au pied du lit ? D’ailleurs, ces chaussettes, dégageant un fumet indescriptible suscitent généralement une remarque anodine, telle que : « Chéri, depuis quand n’as-tu pas changé de chaussettes » suggérant par là qu’il serait souhaitable que son compagnon étrennât les cinq nouvelles paires qu’elle lui a acheté il y a quelques mois déjà…
Alors qu’elle se maquille dans sa salle de bain, n’est-il pas courant qu’elle précise que l’eau de la douche est sensée s’écouler par l’orifice prévu à cet effet et non s’étaler lentement sur le carrelage ?
N’a-t-elle pas coutume, avant de déposer un baiser maternel sur les lèvres de son grand dadais, de vérifier s’il a bien pris toutes ses affaires pour aller à l’école au travail ?
Alors que son regard maladif et fiévreux se pose sur elle, ne sait-elle pas les mots qui le soulagent de ses maux ? N’est-elle pas la main qui soigne et qui apaise ?
Ainsi, toute femme, sur le point d’enfanter, possède, sans même s’en douter, presque tous les outils qui feront d’elle un exemple de tranquillité maternelle. Au fil des années, elle affute si bien son « self control » que même sa propre mère a du mal à reconnaître l’adolescente colérique d’autrefois.
Pourtant…
Pourtant, il est des situations où la meilleure maîtrise de soi ne suffit pas :
Toute femme, déjà mère, a à cœur de fêter dignement l’anniversaire des ses gremlins par une belle fête, un gâteau moelleux au chocolat et les cadeaux depuis si longtemps convoités.
Elle regarde, fondante de tendresse, les yeux brillants d’impatience du petit gremlin qui trépigne devant la boîte si joliment emballée. Sans égards pour le temps passé à faire l’emballage, les petites mains agrippent, tirent, déchirent le papier pour en extirper fièrement le joujou désiré.
Un sourire d’intense contentement aux lèvres, la maman se liquéfie devant la joie manifeste de son tout-petit et c’est avec bonheur qu’elle accepte de lui sortir les multiples « Pet Shop », « Chevaliers » et autres « Polly Pocket » du carton magique.
Le gremlin, frénétique, attend avidement qu’elle libère les petits personnages. Tout d’abord, il ne remarque pas le sourire qui se fige sur le visage de sa mère, les doigts qui tirent de plus en plus fort sur les pièces solidement enferrées.
- - Alors Maman, tu me donnes mes Pet Shop ?
- - Oui bon, j’essaie, ok !!
Le gremlin sent que l’orage gronde, il observe sa mère dont le sourire crispé se transforme en une grimace exaspérée :
- - P***** de M****, ils le font exprès de mettre du scotch, des agrafes et des fils partout là !
- - Maman, t’as dit un gros mot !
- - Tu les veux tes jouets oui ou non ?
- - Oui…
- - Alors, ta gueule tais-toi ! s’énerve-t-elle en tirant si fort qu’elle déchire feu le salon de coiffure du Pet rose.
Au terme d’une demi-heure de laborieux efforts et de coupe de ciseaux rageurs, elle parvient à libérer douze petits animaux multicolores qu’elle prend déjà en horreur. Elle les tend au gremlin peu rancunier, tout en maudissant les emballeurs de jouets dont elle pense que l’embauche se fait certainement en fonction de leur degré de sadisme.
Le visage rouge et le corps en eau, son degré de colère atteint son paroxysme lorsqu’à quatre pattes, elle ramasse, le nez au sol, les dizaines de petits bouts de plastiques et d’agrafes qui jonchent le parquet.
Indifférent à l’état peu maternel de sa mère, le gremlin s’apprête enfin à vivre mille aventures avec ses nouveaux compagnons lorsque son imagination est soudainement étouffée dans l’œuf :
- - Allez, au lit ! dit une voix autoritaire.
- - Mais… J’ai même pas eu le temps de jouer !! proteste-t-il, abasourdi par tant d’injustice.
Plus tard, cette mère songera fortement à déposer une plainte contre ces fabricants de jouets ayant le vice dans la peau et dont elle a, par leur faute, réduit à néant tant d’années de sérénité si durement acquise.
Et aussi qu’elle s’initierait bien au bouddhisme…
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