Magazine Humeur

Pour préparer la fête de l'exaltation de la sainte Croix (4)

Publié le 13 septembre 2010 par Hermas
L’INVENTION DE LA SAINTE CROIX : sa découverte par Sainte Hélène (fête le 3 mai)

 

Le mot « invention » est tout simplement tiré du Latin « invenire » : trouver, découvrir. Et précisément, après la Victoire de Constantin, et sa conversion, sa Mère Sainte Hélène se rendit en Terre Sainte.


Sainte Hélène est la mère de Constantin qui deviendra empereur à la suite de son père et proclamera le Christianisme religion officielle de l’Empire romain. Avec Constantin, Hélène devint la puissante protectrice des chrétiens, puisant largement dans le trésor impérial pour construire ou doter de nombreuses églises, tout en secourant les pauvres, protégeant les opprimés et s’efforçant d’améliorer le sort des prisonniers, ce qui la fit vénérer du petit peuple.


Hélène partit vers la Terre Sainte au lendemain du meurtre de son petit-fils Crispus, victime de complots dans la Rome impériale. Elle avait alors près de 80 ans. Quittant Rome avec Constantin pour Milan, elle gagna probablement la Thrace, s’embarqua à Alexandria Troas afin de passer en Asie Mineure, puis suivit la route la plus proche des côtes, pour s’embarquer à nouveau afin de gagner Chypre. Elle a dû y rester tout l’hiver, à attendre un temps plus favorable pour continuer sa route. On suppose que, le printemps venu, elle s’est embarquée pour Tyr, et de là, a atteint Jérusalem où, après avoir fait faire des fouilles sur le lieu du Calvaire, elle découvrit la Sainte Croix.


A part quelques détails secondaires, des auteurs dont l’enfance est contemporaine du voyage de l’Impératrice ou ceux de la génération qui suit, attestent la découverte de la Sainte Croix par sainte Hélène et son culte ; ainsi peut-on se référer à saint Cyrille de Jérusalem (mort en 386), à saint Paulin de Nole (mort en 431), à Sulpice Sévère (mort en 420), à saint Ambroise de Milan (mort en 397), à saint Jean Chrysostome (mort en 407), à Rufin d’Aquilée (mort en 410), à Théodoret de Cyr ou à l’avocat de Constantinople, Socrate


Le récit de Rufin d’Aquilée


Hélène apprit, par révélation, que la croix avait été enfouie dans un des caveaux du sépulcre de Notre Seigneur, et les anciens de la ville, qu’elle consulta avec grand soin, lui marquèrent le lieu où ils croyaient, selon la tradition de leurs pères, qu’était ce précieux monument ;


Or, il y avait en ce lieu un temple de Vénus qu’avait fait construire l’empereur Adrien, de façon que quiconque y viendrait adorer le Christ parût en même temps adorer Vénus, et pour enlever définitivement toute trace du sépulcre de Jésus . Et, pour ce motif, les chrétiens avaient cessé de fréquenter ce lieu. Mais Hélène fit raser le temple, elle fit creuser en ce lieu avec tant d’ardeur et de diligence, qu’elle découvrit enfin ce trésor que la divine Providence avait caché dans les entrailles de la terre durant tout le temps des persécutions, afin qu’il ne fût point brûlé par les idolâtres, et que le monde, étant devenu chrétien, lui pût rendre ses adorations.


Dieu récompensa cette sainte Impératrice beaucoup plus qu’elle n’eût osé l’espérer : car, outre la Croix, elle trouva encore les autres instruments de la Passion, à savoir les clous dont Notre Seigneur avait été attaché, et le titre qui avait été mis au-dessus de sa tête. Cependant, une chose la mit extrêmement en peine les croix des deux larrons, crucifiés avec Lui, étaient aussi avec la sienne, et l’Impératrice n’avait aucune marque pour distinguer l’une des autres.


Mais saint Macaire, alors évêque de Jérusalem, qui l’assistait dans cette action, leva bientôt cette nouvelle difficulté. Ayant fait mettre tout le monde en prière, et demandé à Dieu qu’il lui plût de découvrir à son Église quel était le véritable instrument de sa Rédemption, il le reconnut par le miracle suivant : Une femme, prête à mourir, ayant été amenée sur le lieu, on lui fit toucher inutilement les deux croix des larrons ; mais dès qu’elle approcha de celle du Sauveur du monde, elle se sentit entièrement guérie, quoique son mal eût résisté jusqu’alors à tous les remèdes humains et qu’elle fût entièrement désespérée des médecins. Le même jour, Macaire rencontra un mort qu’une grande foule accompagnait au cimetière. Il fit arrêter ceux qui le portaient et toucha inutilement le cadavre avec deux des croix ; aussitôt qu’on eut approché celle du Sauveur, le mort ressuscita.


Sainte Hélène, ravie d’avoir trouvé le trésor qu’elle avait tant désiré, remercia Dieu d’une grande ferveur, et fit bâtir au même lieu une église magnifique ; elle y laissa une bonne partie de la Croix, qu’elle fit richement orner ; une autre partie fut donnée à Constantinople ; enfin le reste fut envoyé à Rome, pour l’église que Constantin et sa mère avaient fondée dans le palais Sessorien (demeure de l’Impératrice) près du Latran qui a toujours depuis le nom de Sainte-Croix-en-Jérusalem.


Les Eglises de l'Orient et de l'Occident ont produit un grand nombre de compositions liturgiques en l'honneur de la découverte de la Sainte Croix, dont l’hymne de Venance Fortunat (cf. ci-dessous)
L’Eglise latine utilisait cette Séquence attribuée à Adam de Saint-Victor

SÉQUENCE.


Célébrons avec transport les louanges de la Croix, nous pour qui la Croix a été le principe de l'allégresse et de la gloire ; dans la Croix nous triomphons, par la Croix nous remportons sur notre farouche ennemi la victoire qui nous assure la vie.


Que nos deux concerts pénètrent jusqu'aux deux ; il mérite, ce bois cher aux hommes, que l'on consacre à sa gloire les plus doux accents. Mettons d'accord et nos voix et nos vies ; quand la vie ne contredit pas les chants que la voix fait entendre, c'est alors que la mélodie est agréable au ciel.


Célébrez la Croix, serviteurs de la Croix ; c'est par la Croix que les dons de la vie céleste sont venus réjouir vos cœurs ; dites donc tous ensemble, et que chacun répète : « Hommage à toi, arbre salutaire, principe de salut pour le monde entier ! »


Autel du salut, autel illustre et fortuné, qui fus rougi du sang de l'Agneau, de l'Agneau sans tache, qui purifia le monde de son antique péché.


La Croix est l'échelle des pécheurs, par laquelle le Roi des cieux, le Christ, attira toutes choses à lui ; par sa forme quadrangulaire, elle montre que sa vertu s'étend aux quatre confins du monde.


La Croix n'est pas un mystère nouveau, son culte ne date pas d'hier ; par elle Moïse rendit douces les eaux amères, par elle il fit jaillir les sources du rocher.


Point de salut dans la maison, si l'homme n'imprime sur la porte ce signe protecteur ; qu'il le fasse seulement, et il sera sauf du glaive, et son premier-né lui sera conservé.


La pauvre femme de Sarepta, cherchant le bois, trouva le salut ; sans ce bois cher à la foi, ni l'huile ni la farine n'auraient abondé dans sa maison.


Ces mystères furent longtemps cachés sous les symboles de l'Ecriture; mais aujourd'hui les bienfaits de la Croix éclatent au grand jour; les rois ont embrassé la foi, les ennemis sont en déroute ; par la Croix seule, sous le Christ notre chef, un seul de nous met en fuite mille adversaires.


Rome vit Maxence submergé dans le Tibre avec ses vaisseaux ; ailleurs, les Thraces et les Perses furent taillés en pièces, et le chef ennemi tomba sous les coups d'Héraclius.


La Croix rend forts et victorieux ceux qu'elle protège, elle guérit maladies et langueurs ; par elle les démons sont repoussés; aux captifs elle rend la liberté, aux morts une vie nouvelle ; elle rétablit toute créature dans sa dignité première.


Hommage à toi, bois triomphal, ô Croix, salut du monde ! Nul arbre ne t'est comparable pour le feuillage, pour la fleur ni pour le fruit; remède des chrétiens, sois la force de ceux qui sont sains, guéris ceux qui sont malades ; en ion nom l'homme obtient ce qui dépasserait ses forces.


O toi qui as consacré cet arbre, daigne nous écouter célébrant les louanges de la Croix ; après cette vie, transporte les serviteurs de ta Croix au séjour de la lumière véritable. Ils honorent l'instrument de ton supplice ; délivre-les des tourments de l'enfer ; et quand viendra le jour delà colère, mets-nous en possession des joies éternelles.

Amen.


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