Il est une espèce d'abstinence qui convient à ceux qui ont conservé leur innocence, et il en est une autre qui regarde ceux qui l'ont perdue, et qui par les salutaires rigueurs de la pénitence cherchent à la recouvrer; car les personnes qui ont heureusement gardé leur innocence, se mortifient selon qu'elles voient qu’elles en ont besoin pour résister aux mouvements de la concupiscence; au lieu que celles qui sont tombées dans des fautes mortelles, doivent jusqu'à la fin de leur vie, sans relâche et sans adoucissement, faire souffrir une chair qui leur a fait perdre le trésor des trésors, afin de pouvoir le retrouver. Ainsi les premiers se proposent dans leur mortification de conserver l'heureux état de justice et de sainteté, et les derniers font tous leurs efforts pour se rendre Dieu propice par leur pénitence et par leurs larmes.