Lesdits clients sortent du lot, ils sont tous deux écrivains et assument leurs désirs. Peu représentatifs de la clientèle habituelle, à mon avis. Dommage.
Cependant, les témoignages des professionnelles de la rue (on ne peut encore les appeler ainsi en Belgique, puisqu’en France, la loi dont j’ai oublié le nom tarabiscoté leur a interdit l’accès au trottoir, dénommé raccolage public), sont intéressants, même si à nouveau triés sur le volet :
- une belge érudite, intelligente et qui assume totalement ce choix qu’elle n’a jamais regretté (40 ans de métier), qui agit telle une mère, une infirmière, une amie, une psy, sur ses clients. Fabuleuse, je l’ai déjà vue à la TV, je ne sais plus ni où ni quand.
- un jeune écorché vif beau comme un dieu tombé dans la prostitution par hasard, ressorti de la prostitution par hasard quelques mois plus tard.
- deux escort girls qui « recrutent » sur le net et bossent dans des hôtels chic (sans s).
- une ancienne du Bois de Boulogne, si nostalgique qu’elle continue à y aller malgré la loi qui l’interdit et les dangers encourus (viols récurrents depuis que le Bois de Boulogne ressemble au désert de Gobie comme elle le dit si bien).
Première constatation : 1/3 des prostitués sont des hommes. Bien sûr, on sait tous que les hommes se prostituent, mais 1/3 ! Je ne l’aurais jamais cru.
Je suis sciée également de voir que plusieurs des témoins ont écrit un livre. Tchu moi aussi je voudrais écrire un livre. Vous me direz "t'as déjà écrit", mais c'était du guide. Là je veux écrire du livre, du témoignage. De quoi pourrais-je témoigner ? « Anaïs, histoire d’une célibataire dont le dernier orgasme remonte au 20e siècle ». Blurp, ça me paraît peu vendeur et pas super intéressant. Je vais investiguer pour trouver un sujet passionnant, promis.
Détail qui est sidérant également, malgré que toutes (+ un) disent ne pas en être arrivés à faire ce métier suite à un traumatisme de l’enfance, la majorité ont subi qui attouchement qui viol dans leur jeune âge. Le lien de cause à effet semble facile à établir. Ils le nient cependant et n’aiment pas cet amalgame.
Détail autrement frappant, les tarifs des escort girls ! De 250 à 400 eur de l’heure, voire plus. Je suis sur le cul, sans mauvais jeu de mots. Je vous choque en disant que ce tarif horaire me laisse rêveuse ? Tant pis. Je pourrais vous choquer en disant que j’admire les gains du trafic de drogue. Je l’admets. D’ailleurs le trafic de drogue me révulse au plus haut point. Mais les prostituées gagnent leur vie en ne faisant rien de mal, voilà ma théorie. Personnellement ça ne m’a jamais tentée et ne me tentera jamais. Je peux comprendre que l’appât du gain ait un effet convaincant. Et si elles aident les hommes à apprendre le B.A. BA du sexe, tant mieux. Si elles aident les hommes frustrés sexuellement dans leur vie de couple à assouvir certaines pulsions, tant mieux. Si elles servent d’épaule consolatrice pour les hommes malheureux, tant mieux.
Je suis estomaquée par cette loi débile qui n’a rien résolu, mais qui agit juste comme un cache misère. Ça faisait mauvais genre dans les rues ? On l’interdit. Elles bossent donc chez elle, en solitaires, avec les dangers que cela implique. On s’en moque.
Moi je dis que la répression de la prostitution, c’est comme la prohibition de l’alcool, ça ne sert strictement à rien.