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Les Landes : souvenirs, souvenirs...

Publié le 16 septembre 2010 par Isabelledelyon

Comme je vous le racontais dans un précédent post, je suis allée passée quelques jours de vacances avec ma petite famille sur la côte landaise fin août.
J'ai envie de revenir sur l'importance de ce lieu, Saint-Girons Plage ou plus exactement Vielle-Saint-Girons Plage.
Mes parents y sont allés avant ma naissance, dans ce même camping, Eurosol. Ensuite nous avons vécu plusieurs années dans le midi, nous n'allions pas dans les Landes, plutôt à la montagne et nous, les enfants, nous passions quelques semaines avec nos grands-parents. Les grands-parents paternels vivaient alors vers les magnifiques châteaux de la Loire. Tous les étés, nous allions admirer les cavaliers de Saumur. Les grands-parents maternels étaient dans le Var et nous retrouvions nos copains de vacances, venus comme nous, passés un peu de temps avec leurs grands-parents.
Et puis nous avons déménagé à Toulouse. Les premiers étés, nous sommes retournés dans le midi mais jamais agglutinés sur la plage, coincés entre deux serviettes. Et puis, mes parents ont eu envie de changer. La première année, timidement, nous nous sommes arrêtés quelques jours, en passant, dans ce camping. Nous quatre, les enfants, avons été conquis tout de suite, nous avons manifesté notre désir de revenir plus longtemps. L'année d'après, nous avons dû venir quatre semaines. Mon père travaillait mais comme il était commercial avec tout le sud-ouest en charge, il se débrouillait pour être dans le coin lorsqu'il n'était pas en vacances et nous, nous restions sur place, dans notre camping. Mais nous n'en avions pas assez. Nous avons ensuite instaurer un rituel, passer 6 semaines dans ce camping, chaque été. Nous arrivions en général vers le 14 juillet et nous y restions jusqu'à fin août. J'ai même abandonné mes colonies de vacances et mes camps scouts  que j'avais réclamés à corps et à cris et qui m'ont permis de faire tout un tas d'activité hyper intéressantes. Ma sœur et moi, nous avions notre tente, rien que pour nous deux. Mes frères avaient la leur et mes parents une caravane, la grande tente s'était vite révélée inadaptée. Nous arrivions dans deux voitures, chargées à bloc, avec les animaux qui ne quittent jamais ma mère et nous installions notre campement. Notre premier soir, nous allions au snack du camping et nous assistions au spectacle proposé par le personnel du camping. J'ai commencé à venir dans ce camping à l'adolescence. Je devais passer en troisième. Ma sœur et moi nous avions le droit de sortir le soir. Nous restions après le spectacle, toutes les deux, la musique continuait jusqu'à minuit et nous dansions. Ma sœur aime encore plus danser que moi. En général, au moins deux fois par semaine, il y avait des bals à la plage. Ils attiraient un peu plus de monde, nous y allions aussi et nous restions un peu plus tard. Mes parents ont toujours été extrêmement permissifs, ils savaient que nous étions raisonnables et nous ont toujours fait confiance et appris à être très autonomes. Nous adorions nous préparer pour aller à ces bals d'été, nous nous en faisions une fête. Peu à peu, nous avons commencé à connaître pas mal d'habitués, eux aussi venaient tous les étés. Nous les retrouvions d'un été sur l'autre, nous avons flirté avec la plupart. J'y ai même rencontré mon premier amour, il habitait à côté de Toulouse et pendant ma classe de première, nous nous retrouvions presque tous les week-end. Et puis, les années passant, nous étions amis avec toute la bande d'animateurs du camping, nous sortions en boîte avec piste extérieure, piscine. Nous dormions à la plage. Nous avons vraiment fait les folles avec eux, on peut dire que nous avons profité à fond des été de notre jeunesse. C'était un véritable contraste avec l'année scolaire, nous étions très sérieuses, très bosseuses. A Toulouse, je sortais avec mes amis au bowling, à la patinoire, j'allais voir beaucoup de concerts mais je passais surtout la plus grande partie de mon temps à travailler avec ma meilleure amie.

Les Landes sont associés à une foule de souvenirs heureux, notamment à mon père.
Il adorait les vagues, restait des heures à se faire rouler par elles, à ressortir les cheveux en pétard, le maillot plein de sable. Il s'était lié d'amitié avec la patronne du camping avec sa bonne humeur perpétuelle et sa gentillesse naturelle. Il était choisi très souvent comme cobaye pour monter sur scène dans les spectacles pour notre plus grande hilarité.
Quand je pense aux Landes, à ce camping, je pense à lui et quand je pense à lui, j'ai forcément des images de lui qui me viennent dans ce cadre.
Il aimait siffler et il sifflait très bien mais il le faisait uniquement quand il se lavait. En camping, j'adorais être à proximité du bloc sanitaire s'il y était, je l'entendais siffler sous la douche, heureux d'être là. Sa bonne humeur, son bonheur était communicatif.
Et puis nous avons grandit, nous avons voulu partir de notre côté avec nos amis en vacances. Nous sommes moins venus alors que mes parents continuaient de le fréquenter chaque été avec mes deux frères.
J'ai rencontré C., aujourd'hui mon mari. Le premier été passé ensemble, je l'ai amené dans ce camping, rien que tous les deux, fin juin. Il ne faisait pas beau mais nous en gardons de supers souvenirs. Je lui ai fait découvrir Biarritz, St Jean-de-Luz, les pistes cyclables. Il a beaucoup aimé. Nous y sommes retournés rejoindre mes parents plusieurs fois quelques jours.
Et puis tous les deux, après un bref séjour d'un an à Montpellier, nous sommes venus habiter à Bordeaux, nous étions beaucoup plus proches, nous pouvions y aller, aux beaux jours, pour un week-end.
Nous sommes venus à Lyon, en 1999, l'année de notre mariage, après 6 ans de vie commune. Le premier été où nous sommes restés en France, en 2001, j'étais enceinte de ma fille aînée, mon père venait de décéder, l'année écoulée avait été terriblement éprouvante. Nous étions HS, nous avions vraiment besoin de nous reposer, de nous aérer l'esprit. Après un essai en Bretagne, nous avons terminé dans les Landes, dans ce camping. La patronne était au courant du décès de mon père, elle était très attristée, elle l'appréciait beaucoup. Son mari faisait parti de la bande des anciens animateurs avec qui j'ai tant fait la fête.
J'ai certainement eu besoin inconsciemment de revenir là, dans ce camping, après le décès de mon père, pour le retrouver un peu. J'avais un énorme problème qui m'a suivi pendant au moins deux ans. Je n'arrivais plus à me le figurer autrement que dans l'état dans lequel il était ses derniers mois de vie. Je voulais revoir ce père, jeune, tout sourire et je voyais un vieillard affaibli, condamné. Je dis vieillard car en quelques mois, tous ses cheveux étaient devenus blancs, enfin ceux qui ont résisté, il marchait courbé, avec une canne, avait des difficultés de diction, à la fin de toute façon il ne pouvait plus parler, il pouvait seulement murmurer et restait cloué dans un lit en attendant l'échéance inéluctable.
En étant dans les Landes, j'avais l'impression qu'il était là, je sentais sa présence rassurante et vivante. J'en avais tellement besoin.
Et puis nous n'y sommes pas retournés. Pourtant nous avons tout notre matériel de camping, j'adore le camping, ça me rappelle ces années de jeunesse insouciante. Mon mari n'en avait jamais fait avant de me rencontrer, il a eu un peu de mal à s'y faire mais je lui ai fait un entraînement super pro avec toutes mes années de scoutisme...
Avec les enfants, nous sommes allés plus souvent dans les mobil-home, dans des locations et puis nous avons voyagé et nous allons tous les deux ans, l'été, à l'Ile Maurice.
Nous devions revenir en 2006 et puis j'ai eu ce cancer, justement cette année-là. J'ai quand même été faire du camping, deux semaines, avec des foulards sur la tête mais à Châtel, pour pouvoir revenir chaque semaine avoir ma perfusion. Nous avons pu faire des randonnées en montagne et découvrir cette si belle vallée de l'Abondance ainsi que les rives françaises du lac Léman, Evian, Thonon et Yvoire.
Nous n'étions pas retournés camper depuis Châtel, ça faisait 4 ans et ma dernière fille âgée de 5 ans et demi ne s'en souvenait plus. J'ai décidé de réitérer l'expérience et surtout de leur faire découvrir ce lieu dont elles ont déjà entendu parler dans nos conversations familiales. Nous y sommes tous très attachés.
Elles ont adoré. Elles veulent y retourner. De deux piscines, le camping est passé à quatre piscines, il s'est amélioré encore et toujours mais en même temps, je le retrouve, je me revois avec mon père, je me revois plus jeune.
J'ai pu emmener ma fille aînée sur les pistes cyclables. J'adore faire du vélo, au milieu de la forêt de pins, avec leur forte odeur de résine, le bruit des vagues de l'océan, jamais très loin et aucun bruit parasite.
Ma deuxième fille vient enfin d'acquérir un nouvel apprentissage, le vélo sans petites roues. Ça sera pour la prochaine fois, une ballade en vélo, tous les quatre et l'école de surf pour l'aînée.
J'y ai regoûté et j'ai comme un goût de pas assez, une très forte envie d'y retourner. Je ne veux pas aller tous les ans au même endroit mais on va le remettre dans nos projets plus souvent et nous y reviendrons avant qu'il se passe encore 9 ans.
Une chose a changé et m'a énormément amusée. Ce camping est immense, il fait 17Ha. Lorsque nous l'avons traversé le soir, lorsque la nuit tombait. Des campeurs éclairés par des bougies, avaient leur ordinateur portable de sorti. J'ai trouvé ça complètement insolite, la tente, les bougies et le mac tout blanc sur la table de camping. J'ai regretté de n'avoir jamais l'appareil photo à chacun de ces moments car il n'y avait pas qu'une seule famille de campeurs à amener son ordinateur portable en camping...

Quelques photos :

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Mes deux princesses en paréo mauricien, forcément...

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Et nous trois, dans une activité
que je pratiquerais bien à l'heure qu'il est...


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