Montagnes neuchâteloises
La traditionnelle torrée
Dans le Jura neuchâtelois à la fin de l’été et en automne, l’une des plus belles saisons dont on puisse profiter dans nos froides montagnes, on organise les traditionnelles torrées. Cette ancienne coutume d’ici s’est étendue à toutes les crêtes du Jura y compris en Franche-Comté. Cependant cela reste une activité très ancrée à une région puisque, même en Suisse romande, peu de gens comprennent le mot féminin torrée qui vient du latin “torrere” qui signifie « griller, brûler ». Le plus intéressant à mon sens, car c’est là que le pays qui m’a vu naître rejoint mes proches origines, c’est qu’en espagnol griller se dit torrar.
Une torrée est un repas qui se déroule dans les pâturages et qui rassemble des personnes d’une même famille, des amis ou des personnes ayant une même activité. Sous la braise l’on fait cuire le traditionnel saucisson neuchâtelois préalablement emballé dans du papier de boucher, du chou ou de l’oignon et ensuite enroulé de papier journal. On l’accompagne de pommes de terres cuites sous la braise dans du papier d’alu. Auparavant on peut déjà se mettre en appêtit avec le non moins traditionnel cervelas. Naturellement tout change. De nos jours beaucoup préfèrent les chips aux patates et les côtelettes sur le gril au saucisson, l’important étant que les rencontres autours des braises demeurent sympathiques et conviviales.
Dimanche, nous sommes allés à la torrée annuelle de Rosemary, la maman de l’une de mes amies de longue date. Le temps était idéal. Ce fut vraiment agréable, charmant et… gourmand.
Le lieu: un pâturage des montagnes neuchâteloises
Pour faire une bonne torrée il faut des sapins, un pâturage avec des habitants peu farouches,
des personnes conviviales,
du bois et … encore des vaches sympathiques,
curieuses,
accueillantes et tolérantes qui ne s’offusquent pas que l’on écrase leur garde-manger.
La nourriture
Du saucisson neuchâtelois, du chou, et du journal.
On ligotte le saucisson, enroulé dans le chou et le journal, avec une ficelle en fibre naturelle qui ne brûle pas.
Un saucisson emballé de manière traditionnelle. Lorsqu’on est nombreux on peut encore le décorer de grigris pour le reconnaître parmi les autres.
Notre saucisson et son grigri, emballé par Sacha. La cordelette en fibre naturelle manquant chez moi, mon paramilitaire a ficelé notre repas avec du câble de détonateur -de récupération, il a déjà été utilisé - dénudé.
L’ouverture des braises.
On balance tous les saucissons dans les cendres brûlantes.
On recouvre les saucissons de braises, on pose quelques branches de sapin par dessus et on les laisse cuire 30 à 40 minutes.
Pendant que cuit le saucisson, on cherche une branche de noisetier ou autre branches fraîches résistant au feu,
afin d’y embrocher les cervelas. Sur la droite on voit les pommes de terre dans l’alu sur le point d’être recouvertes de braises.
Ceux qui n’aiment ni le saucisson, ni le cervelas, peuvent se faire griller d’autres choses, saucisses à rôtir, côtelettes, wienerlis, chipolatas ou… poisson. Du lac de préférence.
Certains remplacent les patates par de la polenta au fromage. En fin de repas, en guise de dessert , emballées dans de l’alu, nous avons fait cuire des pommes sous la braise. Si l’on a pris du sucre et qu’on l’en saupoudre un peu c’est encore meilleur.
L’ambiance
L’ambiance se passe de commentaires.
Le résultat en fin de journée
Il n’y a pas que les cervelas qui ont été “torrés” -en français-. Moi aussi je suis bien “torradita” -en espagnol-. Trompée par le soleil aux douces apparences d’une fin d’été et par l’air un peu frais de nos pâturages montagnards, malgré la crème solaire, j’ai attrapé un coup de soleil comme je n’en avais jamais attrapé de ma vie. Nous sommes vendredi et il pique encore. Comme depuis dimanche le températures ont baissé et la grisaille -intermitante- est revenue, il me permet de me souvenir ue parfois il fait beau et chaud chez nous aussi, sinon je n’aurai pas pû passer la journée en top.