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Les premiers chrétiens : l'expansion du christianisme (4)

Publié le 18 septembre 2010 par Hermas

SECTION III : L’EMPIRE PAIEN ET LE CHRISTIANISME : LES PERSECUTIONS


Le christianisme est né et s’est développé dans le cadre politico-culturel de l’Empire romain. Pendant trois siècles, l’Empire païen a persécuté les chrétiens, parce que leur religion représentait un autre universalisme et interdisait à ses fidèles de rendre un culte religieux au souverain.


1. Introduction : L’Empire romain et le christianisme


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La naissance et le premier développement du christianisme eurent lieu dans le cadre politico-culturel de l’Empire romain. Il est certain que la Rome païenne a persécuté les chrétiens pendant trois siècles. Cependant, ce serait une erreur de croire que l’Empire ne fut qu’un facteur négatif par rapport à la diffusion de l’Evangile. L’unité du monde gréco-latin, réalisée par Rome, avait créé un immense espace géographique, gouverné par une seule autorité suprême, et en lequel régnaient l’ordre et la paix. Cette tranquillité, qui s’est poursuivie jusqu’au début du 3ème siècle, ainsi que la facilité de communication entre les différentes terres de l’Empire, favorisèrent la circulation des idées. Les voies romaines et les routes maritimes de la mer latine furent, à n’en pas douter, des vecteurs de la propagation de la Bonne Nouvelle évangélique dans tout le pourtour méditerranéen.


2. Les premiers convertis


L’affinité linguistique - sur la base du grec, d’abord, puis du grec et du latin ensuite - facilitaient la communication et la compréhension entre les hommes. Le climat spirituel, dominé par la crise du paganisme ancestral, ainsi que l’extension d’un désir de religiosité authentique entre des personnes spirituellement choisies, prédisposaient aussi à l’accueil de l’Evangile. Tous ces facteurs favorisèrent certainement l’expansion du christianisme.


Cependant l'adhésion à la foi chrétienne impliquait également des difficultés qui, sans exagérer, étaient considérables. Les chrétiens qui venaient du judaïsme devaient rompre avec leur communauté d'origine, laquelle les considérait désormais comme des transfuges et des traîtres. Les obstacles que devaient surmonter les convertis venus de la gentilité n'étaient pas moins grands, surtout pour ceux qui appartenaient aux classes sociales plus élevés. La foi chrétienne les obligeait à s'éloigner d'un ensemble de pratiques traditionnelles de culte, à Rome et à l'Empereur, qui n’avaient pas seulement un sens religieux païen mais qui constituaient aussi un facteur d'insertion du citoyen dans la vie publique, et comme un témoignage de fidélité à l'égard de l'Empire. De là vint l'accusation "d'athéisme" lancée tant de fois contre les chrétiens. De là vinrent aussi les menaces de persécution et de martyre qui pesèrent sur eux durant des siècles et qui faisaient de la conversion chrétienne une décision risquée et courageuse, même d'un point de vue purement humain.


Quelles furent les raisons qui déterminèrent le grand affrontement entre l'Empire païen et le christianisme ? La religion chrétienne encourageait pourtant ses fidèles au respect et à l'obéissance envers l'autorité légitime. « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu» (Matthieu 20, 15-21) fut le principe formulé par le Christ lui-même. Les Apôtres développèrent cette doctrine. « Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu » écrivit saint Paul aux fidèles de Rome (Romains, 13, 1). Saint Pierre exhortait ses disciples en ces termes : « Honorez tout le monde, aimez vos frères, craignez Dieu, honorez le roi » (1 Pierre 2, 17). De son côté, l'Empire était religieusement libéral. Il tolérait facilement les cultes nouveaux et les divinités étrangères. Le choc et la rupture se produisirent lorsque Rome prétendit exiger de ses sujets chrétiens quelque chose que ceux-ci ne pouvaient lui donner : l'hommage religieux de l'adoration, qu'il ne leur était licite de rendre qu'à Dieu.


3. La persécution de Néron


Les circonstances qui entourèrent la première persécution - celle de Néron (64) - eurent des conséquences très importantes, bien que cette persécution ne paraisse pas s'être étendue au-delà de la Ville romaine. L'accusation officiellement lancée contre les chrétiens d'être les auteurs d’un crime horrible - l'incendie de Rome - contribua d'une manière décisive à la création d'un état généralisé d’opinion publique, profondément hostile à leur égard. Le christianisme était considéré par l'historien Tacite comme « une superstition détestable », « nouvelle et dangereuse » par Suétone, « perverse et extravagante » par Pline le Jeune. Le même Tacite qualifiait les chrétiens « d'ennemis du genre humain ». Il n'est pas étonnant, dès lors, que le peuple ait attribué aux disciples du Christ les plus monstrueux désordres : infanticides, anthropophagie et toutes sortes d’abominations. « Les chrétiens aux bêtes ! », dira Tertullien, « devint le cri obligé de toutes les émeutes et de toutes les manifestations populaires ».

(à suivre)


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