Le MLF, Les MILF et les autres

Publié le 20 septembre 2010 par Sophiebib
Cela fait plusieurs semaine que je repousse la rédaction de ce billet (sans bibliothéconomie)
Dans ce billet je ne prétends pas apporter quoi que ce soit, juste donner un point de vue : le mien. Garder une trace d'une lecture et d'un sujet qui me tiennent à coeur. Ce billet est un peu plus personnel que ce que je mets habituellement en ligne ici.
J'ai laissé passer l'occasion lors de l'anniversaire des 50 ans du MLF. Mais là, il faut que je me lance surtout depuis que j'ai rencontré en vrai @Olympeblogueuse. Une rencontre très sympa, tout comme la soirée ou nous avons fait connaissance la désormais place to be : la #twittdarouen.
Presque inévitablement le sujet du livre de Badinter "Le conflit" est arrivé sur le tapis d'autant plus qu'au cours de la soirée nous étions avec de jeunes parents et de leur adorable bébé. Dont on retiendra et j'imagine qu'on ne manquera pas de le lui rappeler plus tard (au bébé), que son père lui a changé sa couche (non lavable) sur la table d'un bar devant un public ébahi et les flashes des photographes qui ont voulu immortaliser et twitter cet instant (pauvre gamine ;-)




Donc j'ai évoqué le livre d'Elisabeth Badinter devant Olympe et @laureLef : que n'avais-je pas fait là ? j'ai eu du mal à défendre mon point de vue tant elles sont montées tout de suite au créneau. Evidemment si j'avais mieux lu le blog d'Olympe j'aurais su qu'elle avait fait des billets sur le sujet et j'aurais pu l'aborder sous un angle différent. Je vous rassure la conversation est restée cordiale et je pense que nous aurions pu continuer longtemps... Car je reste convaincue que ce livre a le mérite de poser de vraies questions et de nous remettre en mémoire certains combats féministes (là je vais me faire huer donc je précise : je ne dis pas que Badinter est une féministe). Elle appuie là ou ça fait mal et notamment sur cette "connivence naturelle" entre les féministes et les écologistes qui prônent un retour au naturalisme.

C'est de mon point de vue un naturalisme aliénant qui porte préjudice aux femmes, d'autant plus qu'il porte le masque de la culpabilité et contraint les femmes à se soumettre d'elle-même sans même que l'homme n'ait à lever le petit doigt : la femme s'enchaîne toute seule, volontairement, chose qu'elle sait si bien faire !
Allez admettons-le c'est impossible, contrairement à ce qu'énonce la presse féminine, de concilier une carrière équivalente à celle d'un homme et l'élevage d'enfants... Et toutes les aides gouvernementales n'y suffiront pas : E. Badinter le démontre en citant les enquêtes faites dans les différents pays européens. Il n'y a pas qu'un aspect pécunier : Le poids de la société est bel et bien là, et si les femmes pensent s'en être débarrassé, il leur retombe dessus au moment ou elles sont le plus fragiles : la grossesse !
C'est à ce moment qu'elles vont essayer de trouver un modèle et seront prêtes à essayer n'importe quoi pour tenter de se rassurer. Certaines auront la chance (ou pas) de trouve un modèle avec leur mère, d'autres feront un mix et d'autres encore se chargeront d'un joug inutile parce qu'il fait modèle : allaitement, couches lavables, cododo, tous ces préceptes qui excluent le père et prônent ce retour au naturalisme tellement tendance... Oui vous êtes un peu plus esclave mais au moins vous êtes tendance ! 
Certes on focalise sur l'allaitement et les couches lavables qui soi-disant représentent une économie (je ne reviens pas dessus) et si la machine à laver a bien été un vecteur d'émancipation de la femme, on peut  évoquer la façon dont est traité, au contraire, le sèche-linge dans l'imaginaire collectif. Il est : présenté comme une nuisance : ahhhh faire sécher son linge au grand air, les économies d'énergie générées par ce retour à la nature en plus votre linge sentira le bon air frais (par contre on évite de vous parler des 70% d'économie en temps de repassage... Et si vous habitez en ville on n'évoquera pas non plus le Tancarville devant les radiateurs)
[...Rien  ne vaut la servitude volontaire !... C'est l'innocent bébé - bien malgré lui- qui est devenu le meilleur allié de la domination masculine...]
J'ai en ce moment mes deux nièces qui sont enceintes, je vois la pression qu'elles subissent et franchement ça me met hors de moi : l'une des deux avait des le départ décidé de ne pas allaiter son bébé afin de préserver "son intimité avec son amoureux" et je vois sa décision faiblir, non parce qu'elle prend conscience d'un éventuel instinct maternel mais parce que, entre autres, des les premières séances de préparation à l'accouchement elle a senti l'opprobre jeté sur elle : hou la mauvaise mère ! Et ce regard accusateur ne venait pas que du personnel hospitalier mais aussi et surtout des autres futures mamans !
Sa soeur elle a fait le choix opposé avec une certitude qui m'a fait peur j'ai gratté un peu le vernis pour m'apercevoir que cette certitude n'était ni plus ni moins qu'un moyen de se rassurer en adoptant une attitude qui fait l'unanimité et donc par là même rassurante. tout au long de leur grossesse nous avons évoqué ce sujet parmi d'autres, elles m'ont dit qu'elles aimaient en parler avec moi parce que je ne portais pas de jugement et qu'elles avaient le sentiment d'enfin pouvoir confier leur désarroi. Paradoxalement celle qui avait décidé de ne pas allaiter son bébé a changé d'avis car elle se sent plus forte !
Le livre de Badinter est un livre militant dans la mesure ou il fait réagir. Je suis d'accord que certains points peuvent être polémiques, mais ce livre fait réfléchir et nous interpelle. Rien n'est définitif tout reste à faire ou à refaire car je partage le pessimisme ambiant qui fait craindre une régression du statut de la femme, par la perte d'acquis remis en question.
Et je reste convaincue que ce livre ne pousse pas à être de mauvaises mères mais, pour reprendre le titre d'un autre livre qui m'a beaucoup quand j'ai du moi aussi passer par ce stade, à "comment ne pas être une mère parfaite" (de Libby Purves )

J'espère que l'individualisme, dont il est question à la fin du livre d'E. Badinter, comme pouvant redresser la situation sera un "individualisme collectif" qui permettra aux femmes de prouver et surtout de trouver par ces comportement individuels, réfléchis, assumés, un équilibre personnel loin de toutes idéologies aliénantes et intégristes.
[addenda] : Une autre raison qui m'a poussé à publier ce billet c'est quasiment un appel au secours laissé par une lectrice sur le portail de la bibliothèque nous demandant d'acheter un livre sur les couches lavables :
J'avoue que sur le moment j'ai répondu à mon conservateur : "Elle pourra se l'acheter ce livre avec les économies qu'elle va faire sur les couches. Mais de toutes façons cet argent gagné sera si peu en comparaison du "temps pour elle" qu'elle va perdre. Elle n'aura pas le temps de le lire ce livre trop occupée à faire ses machines à laver et à étendre son linge..." Je regrette ses paroles c'est de la pure méchanceté mais je crois que la violence de ma réaction a été à la (dé)mesure de cette demande : faut-il être perdue pour espérer l'aide d'une bibliothécaire ;-)
Titre : Les couches lavables - Le retour


Auteur : Marianne MarkmannEditeur : JouvenceISBN : 978-2-88353-707-1Commentaire : Bonjour, suggestion d'acquisition d'un livre sur les couches lavables. Ce livre est recommandé par des lecteurs. Il coûte un peu moins de 5 euros. Serait-il possible de l'ajouter à vos nouvelles acquisitions ? Merci de ce que vous pourrez faire.  une future maman intéressée par les couches lavables mais un peu perdue ...