Je vous le disais récemment, je suis zeeeeeeeeeeeeeeeen depuis que j’ingurgite mes potions magiques et mes pilules miraculeuses le matin.
Et l’autre matin, encore sous l’effet de tout ce que mon estomac venait de voir surgir (pour rappel quatre pilules, quatre ampoules, que du naturel ma bonne Dame, que de la plante miracle), je décide de traverser la rue. Enfin, je ne décide pas, je dois traverser la rue, c’est indispensable pour arriver au bureau, et je ne pense pas que boss adoré accepterait de m’installer une annexe de l’autre côté de la rue sous prétexte que j’aime pas traverser, qu’ils veulent tous m’écraser, que je tremble d’effroi.
Je suis tellement zen que, contrairement à mon habitude, je ne m’impose pas sur les lignes, au risque de me faire catapulter à cent mètres ou spotchier comme une crêpe au sucre sur le sol.
Non.
J’attends.
Je suis zen, j’attends.
J’attends qu’une auto me laisse passer, rien ne presse, zen attitude.
D’autant que là, au loin, un 4x4.
Et les 4x4, c’est bien connu, c’est conduit par des redede qui se la pètent gravent et laissent jamais passer les pauvres piétons, qu’ils préfèrent toiser de toute leur hauteur, eux qui adorent polluer en pleine ville avec une tuture qui n’a rien à y faire.
Donc j’attends.
Et le miracle se produit. La zen attitude est contagieuse. Le 4x4 ralentit doucement. Et je comprends qu’il me laisse passer. Alors, je passe. A mon aise. Et en faisant un grand signe de tête en guise de merci, passque chuis polie et je remercie toujours quand on me laisse traverser.
Quasi à mi-chemin, j’entends soudain un monstrueux bruit de freins. Tellement monstrueux qu’en un micromillionième de seconde j’ai le temps de me dire « purée Anaïs t’as mal vu, tellement zen que t’as pas remarqué que le 4x4 ne ralentissait pas, tu vas être écrasée comme une punaise et monter illico au paradis des gens zen, sur ce coup-là ». Dingue ce qu’on peut se dire en un micromillionième de seconde hein. Là, chuis plus zen, du coup. Mon cœur part en vrille, l’adrénaline s’excite dans tout mon organisme.
Mais le pire est à venir. Après le bruit de frein, monstrueux bruit de tôle froissée, écrasée, exterminée. Tellement monstrueux qu’en un micromillionième de seconde j’ai le temps de me dire « purée Anaïs t’as mal vu, tellement zen que t’as pas remarqué que le 4x4 ne ralentissait pas, mais tu vas pas être écrasée comme une punaise et monter illico au paradis des gens zen, sur ce coup-là, sinon tu l’aurais senti, la tôle, c’est pas toi qu’elle a touchée, mais keskelle a touché alors ? »
Et je me retourne.
Pour voir une pauvre petite vieille voiture faire un rebond vers l’arrière, après avoir embouti l’énorme 4x4, qui s’était bel et bien arrêté.
Rhaaaaaaaaaaaaaaa.
Mon adrénaline frôle la crise d’hystérie. Ma zenitude est montée direct au paradis.
Mon cœur bat comme si j’avais croisé homdemavie.
Et en plus, je culpabilise.
Je suis arrêtée, au milieu de la rue, et je culpabilise.
Pourtant, j’ai pas foncé, j’ai pas forcé le 4x4 à s’arrêter, comme je le fais d’habitude vu que j’étais zen vu que j’avais pris mes potions magiques.
Mais je culpabilise.
Chais pas quoi faire.
Puis les voitures repartent, se garent dans une rue transversale, pour le constat.
Alors je continue ma route, toujours sous le choc.
Et j’en oublie de regarder à droite.
« Toujours regarder à gauche, puis à droite, quand tu traverses ».
Je manque de me faire transformer en punaise écrasée par une petite voiture rouge qui surgit de la droite.
Je recule.
Je redeviens zen.
J’attends.
Puis je traverse.
Comme quoi, ma zen attitude n’a pas que du bon.
Vlà que pour la première fois de ma vie formidouble, je provoque un accident !
Et un petit aperçu de ce que j’ingurgite chaque jour. Rassurez-vous, je vous l’ai dit, c’est que du naturel ma bonne dame.