Les loups - page 3 et fin.

Publié le 18 juillet 2010 par Raider43

 

   Le père est allé décrocher l'escopette au-dessus de la cheminée.  Il l'a chargée et, doucement, il a ouvert la porte sur la nuit.  L'air glacial s'est engouffré par l'ouverture, nous faisant tous frissonner.  J'avais bien peur, mais j'étais très curieuse aussi.  Je me suis faufilée derrière mon père, qui était resté debout devant le seuil de notre logis à scruter les ténèbres, son arme à la main.  " Joachime!  rentre tout de suite!  ", s'est écriée ma mère, tremblante.  Mais déjà, j'avais saisi la main libre de mon père.  Avec lui, je ne craignais rien ni personne.

   Et ce que j'ai vu, alors, jamais je ne l'ai oublié.  Tout autour de notre maison, dans l'air immobile et sourd de la nuit d'hiver, scintillaient des dizaines de lumignons dorés.  Suspendus au-dessus de la neige dans la zone ténébreuse, guirlandes phosphorescentes enroulées autour des pieds noirs de la montagne, les yeux des loups brillaient.

   Je crois que mon émerveillement a été plus fort que ma peur.  J'ai serré, serré la main de mon père en lui murmurant:

   "  Pare, son estrelles!  "  *

   Mon père a tiré en l'air.  Les lumignons dorés ont chaviré, puis se sont éteints.  Le coup de tonnerre avait mis les loups en fuite.  Il m'a semblé que j'en éprouvais du chagrin.

  

   Et maintenant, loups, louves et louveteaux, tout le monde au lit!  ".

  

   "  Père, ce sont des étoiles!  "  , en catalan.