Magazine Journal intime

Simple comme un coup de fil

Publié le 21 septembre 2010 par Kabotine
Simple comme un coup de fil
- Allo Madame Kabo ?
- Ouiiii ? [un oui méfiant, celui que l’on donne au démarcheur téléphonique, celui qui écoute mais qui s’apprête à interrompre l’interlocuteur au plus vite invoquant le prétexte fallacieux]
- Je suis Monsieur Astruc du cabinet de recrutement chose… je vous avais contacté au mois de juillet…
- Ha oui, je m’en souviens… Vous deviez m’envoyer un mail… que je n’ai jamais reçu [et comme je n’ai pas relevé votre numéro, n votre nom, ni rien se rapportant à vous, je ne vous ai pas rappelé… en plein mois de juillet en plus… vous n’y pensiez pas !]
- Je vous avais contacté pour un poste de responsable de département… à Lugdunum…
- Ha oui, je me souvient… mais voyez vous, je suis dans la région de Lutèce, alors, Lugdunum… à moins qu’il ne s’agisse majoritairement de télétravail…
- Heu non, pas vraiment, il ya a quand même les équipes commerciales à mettre en place, en télétravail, ce ne serait pas possible…
- Je comprends…Et il consistait en quoi déjà ce poste à Lugdunum? [des fois que je veuille regretter de ne pas vivre entre les deux fleuves…]
- Il s’agit d’un poste de responsable du département transport dans une multinationale. Vous seriez en charge de … blablabla et blablabla et aussi… [il me déverse toute une liste alléchantes de choses que j’ai pu faire dans une vie antérieure, à l’époque où j’étais reine du monde, avant d’être mère…]. Le siège étant à Hambourg, vous auriez quelques déplacements là bas, à raison d’un tous les trois mois…
- Le poste semble intéressant… Mais voyez vous, je vis à Banlieue-là, et je n’ai pas pour projet de déménager pour le moment…
- Ha oui, je comprends… à vrai dire, je m’en doutais un peu… Mais juste pour compléter notre dossier, auriez vous un peu de temps à me consacrer pour me dire ce que vous faites en ce moment ?
- Oui, bien sûr !...
Ainsi, telle la desperate housewife de base, je lui raconte mes enfants, les plus beaux de la terre, qui sont bien sûr scolarisés, mais qui ont oh combien besoin de leur maman… Je lui parle de mon mari qui ne peut vivre sans ma présence –qui lui repasserait ses chemises ? (heu qui donnerait ses chemises à repasser, je veux dire), et puis mon engagement dans diverses associations où je suis bénévole, de mes cours aux beaux arts, de mon projet de bouquin en cours…
Je n’ai même pas l’impression de le saouler. Au contraire, il me parle de sa sœur qui elle essaye d’écrire sur internet, et nous voilà partis sur les blogs…
- Mais au fait, le poste à Lugdunum, il était à combien ? –juste pour savoir…
- Heu… [il cherche, bafouille un peu] alors, c’est un peu difficile parce qu’il y a une part variable et d’autres avantages, mais il est à 55k€
- Ha… [à vrai dire, je ne sais même pas si c’est un bon ou un mauvais salaire pour le poste, mais il interprète mon ânonnement comme le signe d’une déception].
- Oui, je comprends, que le salaire ne soit pas celui que l’on peu espérer dans le secteur de la banque ou de l’assurance… Le transport n’est pas un secteur qui paye beaucoup… mais le poste est intéressant…
- Oui, intéressant… mais à Lugdunum… désolée !
La fin de la discussion n’est que banalités et politesses, il reprend mes coordonnées. Je l’entends tapoter sur son clavier, je le devine annoter mon dossier : « prétentions prétentieuses, Lutécienne »

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