J'ai déjà fait l'éloge du même auteur il y a quelques temps sous la forme d'un petit strip.
J'ai acheté il y a peu ce livre de Benoît Jacques chez l'association, maintenant que je l'ai lu je peux vous le dire : il est fabuleux. Et je vais essayer d'argumenter.
D'abord on a un livre aussi épais que dense dans son propos. 9 chapitres composent l'ensemble. Pour les yeux c'est un régal d'invention, d'intelligence, sur la composition même des pages, l'énergie du graphisme. On retrouve le trait propre à Benoît Jacques mais je trouve qu'il a ouvert son style a des formes plus sombres, plus complexes et plus réalistes (ce qui enrichit encore sa palette).
Parlons du fond maintenant. Un petit texte nous l'explique en préambule : l'auteur a tenté à travers cette bande dessinée (oui cette fois-ci on peut le dire, bande dessinée, même si la lecture reste très ouverte, on a un propos tenu du début à la fin, on dépasse la simple jubilation du dessin pour aussi raconter et exprimer un message fort) d'exorciser un passage difficile, une crise - la rupture d'un couple d'amis.
Résultat : un maelstrom parfois fulgurant d'images, de suites d'images évoquant le sexe, la mort, le désir, la rupture, le couple, le foyer, la famille, bref : la vie.
Ce sont en quelques sortes 9 apocalypses (au sens aussi de révélations) et tous ceux qui ont un jour vécu une rupture (une vraie) s'y reconnaîtront : comme survivant d'une tempête (c'est comme ça que commence le livre).
Mais toutes ces destructions ont une fin qu'on découvre... à la fin.
Pour le titre L : elle, ailes, la figure de l'ange traverse le récit en opposition à différents démons et monstres.
Je dirais pour conclure que BJ fait là un "putain" de livre, puissant, beau, humain, tourmenté, juste et qu'il arrive même à se renouveller graphiquement, qu'il arrive à la fois à être sombre, et facétieux, poétique et léger (comme on le savait déjà).