Magazine Journal intime

Titeuf ou pas Titeuf, that’s the question

Publié le 20 septembre 2010 par Anaïs Valente

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Il y a un petit temps déjà, se profilaient à l’horizon deux anniversaires de petits nenfants.  Souviendez-vous, acheter les cadeaux d’anniversaire, c’est pas mon fort, d’autant plus si c’est pour des nenfants.  La dernière fois, la recherche d’une balle fut une véritable (més)aventure.  

Cette fois encore, j’avais demandé une piste : « keske je peux offrir pour les zanniversaires ? »

La réponse fut rapide, claire et brève : « une BD ».

En apparence, cela semble facile d’offrir une BD.  Ça se trouve partout une BD, comme les balles décorées pour fillettes.  Partout partout.

Mais je n’avais pas songé à une question subsidiaire « quel genre de BD ? »

Passque les BD, c’est comme la musique, les macarons et les marshmallows, y’en a de tous les genres.

Mais vraiment de tous les genres.  En plus, faut associer le genre à l’âge.  Ne pas offrir les bisounours à un enfant de onze ans.  Ne pas offrir Happy Sex à un enfant de six.  Complexité du choix.  Choix cornélien.  Tintin ?  Petit Spirou ?  Lou ?  Boule et Bill ? Nelson ? Les Schtroumpfs ? Keskejensaismoua !

En désespoir de cause, et en grande nulle en choix de cadeau, je vous le répète, je m’adresse à Mostek, de mon air le plus suppliant « keske je peux acheter comme BD pour deux gamins ? »

Elle ne réfléchit absolument pas (hé, j’ai pas dit qu’elle ne réfléchissait jamais, mais que là, son neurone avait répondu spontanément, en toute logique) et me répond « Titeuf ».

Yes.  Alléluia.  Hosannah au plus haut des cieux.  Bénie soit celle qui vient à l’aide d’une pauvre Anaïs.  C’est çaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa.  Mais bien sûr, c’est çaaaaaaaaaaaaaaa.  Ce ne pouvait être que çaaaaaaaaaaaaa.  Titeuf.  TITEUF.  Le personnage adoré des courtes-culottes.  Mostek me sauve la vie.  Eternelle reconnaissance.  Sourire béat permanent au bureau (enfin durant dix minutes quoi, faut pas pousser, jusqu’à ce que mon sourire soit détruit pas une vilaine cliente pas belle en proie à une rage folle car boss chéri n’a pas rappelé dans la seconde).

Me voilà donc partie en quête d’un magasin qui vend des BD.  Facile à trouver.  Que du bonheur.

En entrant dans le magasin, je repère un énoooorme container plein de balles colorées.  Du Hello Kitty et de la princesse à revendre.  Note pour l’avenir : proposer d’intervertir les anniversaires, afin que celui de la fan de balles soit fêté en été.  Seconde note : d’ores et déjà acheter la balle de l’an prochain.  Troisième note : et si elle n’aimait plus les balles d’ici un an ?  Quatrième note : ne plus faire de notes, elles sont inutiles.

Je dégote le rayon des Titeuf, et le second choix cornélien se présente à moi.  Deux BD, ok, mais lesquelles ?  Zep est très créatif, et des Titeuf, y’en a plus de vingt, si mes souvenirs sont bons.  Alors :

- pour prendre deux BD au hasard, tapez 1

- pour prendre les numéros 1 et 2 tapez 2

- pour prendre les deux dernières tapez 3

J’abandonne le choix au hasard, me disant que si à l’avenir j’en achète d’autres, je suis cap’ de racheter les mêmes.

J’abandonne l’idée de prendre les deux dernières, me disant qu’il y a peut-être une suite logique aux histoires.

Je choisis donc Titeuf 1 et Titeuf  2.  Je m’évanouis en découvrant les titres de ces deux premiers ouvrages : « Dieu, le sexe et les bretelles », « l’amour c’est pô propre ». Est-ce bien raisonnable d’offrir ça à un enfant ?  Et si je prenais plutôt Musti ?  Ou Oui-Oui ?  Allons allons, sois moderne ma petite Anaïs, ne t’arrête pas à un titre et à ce dessin de Titeuf qui se mate les parties intimes en couverture.  J’imagine avec effroi l’intérieur de la BD, avec Titeuf qui se masturbe, Titeuf qui profite d’une merveilleuse fellation, Titeuf qui sodomise sa meilleure amie, Titeuf qui mate des vidéos pornographiques en faisant des choses pas très catholiques. Rhaaaaaaaaaaaaaa, dans quel monde vivons-nous ma bonne Dame.

J’achète donc les deux Titeuf et passe à la caisse avec la mine d’un gros pervers qui s’offre des magazines de cul en douce.  En prime, je choisis aussi des Titeuf version livres à lire, avec du texte et des images.  Orgie de Titeuf en perspective.

Et je me rends à la fête d’anniversaire munie de mes superbes emballages faits maisons, qui peuvent laisser croire qu’ils contiennent un ballon de foot ou une guitare, tant je suis douée pour emballer.  D’ailleurs, je suis douée pour emballer… dans tous les sens du terme, mais c’est une autre histoire sur laquelle je ne m’attarderai pas outre mesure.

J’offre le premier cadeau.  Opération déchirage d’emballage, découverte du cadeau, merci merci smack smack.  Un succès.  Je me gausse de ce choix, et, par souci d’honnêteté, j’avoue « je savais pas trop quelle BD choisir, mais ma collègue Mostek m’a conseillé Titeuf, car tous les enfants aiment Titeuf ».

Et c’est la que la catastrophe catastrophiquement catastrophique se produit : le second enfant, qui n’a pas encore ouvert son cadeau, s’exclame « non, tous les enfants aiment pas Titeuf, moi j’aime pas ».

Silence.

Blanc.

Une mouche passe.

Et repasse.

Rouge (ma tronche).

La vérité sort de la bouche des enfants.

Il aime pas Titeuf.  C’est une catastrophe, son cadeau comprenant Titeuf en BD et Titeuf en livre, orgie de Titeuf je vous dis.  Mais il aime pas Titeuf.

Bon.

Trop tard de toute façon.

Alors il ouvre son cadeau.  Au milieu de la procédure, il en remet une couche « ooooh, c’est Les Schtroumfs, c’est çaaaaaaa ? »

Naaaaaaaaaaa, c’est Titeuf, et t’as intérêt à faire semblait d’aimer, petit morveux, non mais.

Il termine d’ouvrir.

Et découvre ses Titeuf.

Il m’épargne un « J’aime pas Titeuf, je t’ai dit », mais n’en pense pas moins.

Puis il part dans un coin, lire Titeuf, qu’il n’aime pas.

L’an prochain, plus de Titeuf.  Et c’est là qu’il me dira, j’en mets ma paluche au feu « oooh, pas de Titeuf cette fois, dommage, j’avais tellement aimé ceux de l’an dernier ».  Sale môme.


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