Magazine Enfants

Une parenthèse...

Publié le 23 septembre 2010 par Valou94
Une parenthèse...Hello mes petits clous !
Hier soir, je me suis perdue dans les bois.
Je cherchais des champignons pour le repas du soir. Il faut dire que c’est le début de la saison, et je connais peu de choses meilleures au monde qu’une omelette aux girolles, aux cèpes ou aux morilles...
Après quelques minutes de marche, sous des frondaisons orangées par le soleil couchant, je suis tombée sur une clairière herbue, bien ronde, qui me rappelait vaguement quelque chose. Vous connaissez cette sensation diffuse de déjà vu, qui peut vous assaillir parfois, sans pouvoir exactement mettre le doigt sur le souvenir que cela a réveillé en vous ? C’était exactement cela. Je reconnaissais cette clairière, mais il était matériellement impossible que je sois venue ici auparavant, physiquement du moins.
En même temps que cette connaissance, une sensation de peur s’instilla en moi. Je me sentis en danger, comme traquée, dans ces bois étrangers et pourtant familiers.
Je sus, instantanément, que je ne devais pas rester ici, en pleine lumière, vulnérable. Je longeai la lisière des arbres, et m'enfonçai plus profondément dans la forêt, en contournant le buisson de sumac vénéneux qui était exactement à sa place, de l’autre côté de la clairière.
Après le buisson, la forêt s'assombrit brusquement. Les arbres étaient plus hauts, d’essence différente. Ils semblaient bien plus vieux, largement centenaires. La peur dans mon cœur se précisa.
En avançant, je fus frappée par le silence. Plus un son, plus d’oiseaux farfouillant dans les quelques feuilles mortes déjà tombées, à la recherche de larves d’insectes, plus de mouches bourdonnant dans un rayon de soleil, plus de grincements de branches dans le vent.
Ce silence en devenait assourdissant. Tendant l’oreille, je perçus un murmure très faible, comme le bruit d’un ruisseau qui courrait sous la mousse, vers ma gauche.
Je décidai d’aller dans cette direction, de rechercher l’humidité favorable aux sporophores convoités.
M’enfonçant au cœur de la forêt, je progressai difficilement, dans ce qui ressemblait de plus en plus à un taillis impénétrable de ronces entremêlées, tout chemin disparu depuis longtemps. Pas moyen de faire demi-tour, je continuai à avancer coûte que coûte, sur un terrain qui s’élevait maintenant en pente douce. Brusquement, sans que rien ne l’annonce, je me retrouvai au bord d’un escarpement là où je ne voyais qu’un enchevêtrement de branchages quelques instants auparavant. Le ruisseau était là, à quelques dizaines de mètre en contrebas, et je devais descendre une pente boueuse et presque à pic pour y parvenir.
En me retournant, je ne vis qu’une masse compacte et hostile d’arbustes épineux, et les griffures nombreuses sur mes mollets me dissuadèrent de tenter la traversée dans l’autre sens. Et puis, j’avais toujours un sentiment d’urgence qui m’aiguillait.
Je posai doucement et sans bruit le pied gauche bien à plat dans la descente, puis transférai lentement une partie de mon poids sur ma jambe avant, et je ramenai le pied droit. Ce léger mouvement me déséquilibra, je glissai et tombai jusqu’en bas, ruinant au passage mon pantalon et ma dignité.
J’atterris presque dans le ruisseau, évitant par je ne sais quel miracle de finir ma course dans ce dernier, complètement trempée.
L'hostilité muette de la forêt face à mon intrusion bruyante m'écrasa de tout son poids. Je me relevai lentement, attentive à ne plus faire de bruit. Un mouvement furtif attira mon attention vers la saillie rocheuse que je venais d'abandonner de manière peu orthodoxe. Je crus discerner une ombre là-haut, mais elle se dilua dans les arbres alentours lorsque je cherchai à la distinguer plus précisément.
 Je jaugeai ma situation présente. Impossible de traverser, l’épaisseur de boue de part et d’autre de cet affluent me dissuada de toute tentative en ce sens.
Je n’avais plus qu’à suivre le ruisseau, vers l’amont ou vers l’aval, en priant pour retrouver mon chemin un jour ou l’autre.
Je choisis l’amont, qui avait l’air plus praticable.
En suivant le large coude que faisait le ruisseau vers la droite, je traversai une haie d’arbustes que je ne sus identifier, et de l’autre côté, je découvris un paysage fabuleux éclairé en lumière rasante par les derniers rayons du soleil qui s’attardaient: une trouée irréelle dans la forêt, un tapis de champignons inconnus...
Alors, je les vis. Un drôle de petit vieux tout habillé de rouge, au milieu de dizaines de petits bonshommes bleus, pas plus haut que trois pommes.
C’est là que je me suis réveillée.
A bientôt mes petits clous !
Partager

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Valou94 1861 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte