La grêve a ses bons côtés pour les grands-mères

Publié le 23 septembre 2010 par Mpbernet

Moi, elle me permet d'avoir à garder Hugo, par exemple. Toujours un moment de bonheur.
Mais il aura fallu ce conflit autour du problème crucial de la réforme du financement des retraites par répartition pour qu'on évoque l'injustice du traitement discriminatoire des femmes au travail.
Car non contents de leur imposer une double journée, ( même si, de nos jours, les jeunes pères s'occupent de plus en plus de leur progéniture ), ce n'était pas le cas il y a trente ans, on leur applique encore aujourd'hui des salaires au rabais. Rien à faire, c'est, au bas mot 25% de moins à compétences équivalentes. Et pourquoi cet abattement, cette "réduction", cette humiliation, au nom de quoi ?
On vous sort une batterie de motifs tous aussi fumeux et dépassés les uns que les autres : elles sont plus absentes que les hommes à cause des bobos de leurs enfants, elles tombent enceintes et il faut financer leur remplacement, elles ne sont pas aptes à exercer le commandement sur des hommes, il y a une grille et on ne peut pas leur donner plus par rapport à celles qui sont déjà là....
Surtout, surtout, je vais vous dire : elles acceptent de travailler au rabais parce qu'elles ont besoin de travailler absolument. Elles se défendent mal sur un marché où l'offre est plus forte que la demande, elles se disent que l'important est de "mettre un pied dans la porte" et que l'employeur se rendra bien compte qu'elles valent plus.....Naïveté et candeur. Le pire, c'est que le différentiel de salaire est aussi appliqué aux femmes qui n'ont pas d'enfants - on leur rétorque qu'elles "risquent" d'en avoir - ou qui ont passé l'âge ou le désir d'en avoir.
A ces jeunes femmes qui venaient me dire, les yeux baissés et parfois culpabilisées, qu'elles étaient enceintes, je disais, lorsque j'étais DRH : Comme vous avez bien fait ! De toutes façons, on vous l'a fait payer d'avance !
C'est en fin de carrière qu'on fait les comptes. Et il n'y est pas, même avec une carrière sans "trou" puisque les cotisations sont proportionnelles aux salaires, donc elles aussi amputées de 25%. C'est arithmétique.
Ce qui me désole, c'est qu'il aura fallu la nécessité urgente de reformer le système pour qu'on s'en aperçoive et que l'on commence à en parler sérieusement. Jusqu'ici, malgré de bonnes paroles, il semble qu'il y ait eu un consensus pour "ne pas tirer la queue du dragon qui dort". On s'est contenté d'imposer aux employeurs l'obligation de négocier des mesures de réduction de l'écart de salaires entre hommes et femmes. Mais tout le monde sait qu'en droit du travail, obligation de négocier ne signifie aucunement l'obligation de conclure. On évoque des sanctions financières : les employeurs préfèreront payer, comme pour le non-respect du taux d'emploi de travailleurs handicapés. Et où ira l'argent ? Si c'est dans un fonds pour les retraites.....
Bon, voilà mon deuxième coup de gueule de la journée. Les défilés n'y changeront rien. Et je crains que les pesanteurs sociologiques ne nous imposent encore longtemps des disparités salariales totalement injustifiées, scandaleuses - c'est Madame Parizot qui le dit, c'est un comble - dont nous sommes tous et toutes quelque part responsables.
Quant à moi, laissez-moi savourer le plaisir d'être mamie !