4. Une nouvelle expansion
La progression du christianisme n’a pas été interrompue par la mort de Constantin, si l’on excepte la vaine tentative de restauration païenne de l’Empereur Julien l’Apostat (331 ou 332 - 26 juin 363) (1). les autres empereurs - même ceux qui sympathisèrent avec l’hérésie arienne - furent résolument opposés au paganisme. En accédant au pouvoir impérial en 375, Gratien renonça au traditionnel titre de « Pontife suprême » que ses prédécesseurs chrétiens avaient consenti à conserver. Un affrontement significatif entre le christianisme ascendant et le paganisme décadent se produisit dans le théâtre le plus vénérable de la Rome antique : le Sénat.
L’autel de la Victoire, qui dominait l’assemblée, comme symbole de la tradition païenne, fut ôté par la volonté des sénateurs chrétiens, qui étaient majoritaires, face au groupe des « vieux romains » dirigé par le sénateur Symaque. L’évolution religieuse s’acheva avant la fin du 4ème siècle, grâce à l’Empereur Théodose. La constitution “Cunaos Populos”, promulguée à Thessalonique, le 28 février 380, ordonna à tous les peuples d’adhérer au christianisme catholique, désormais seule religion de l’Empire.
5. La réorganisation de l’Eglise
Un fois obtenue sa liberté, l’Eglise dut réorganiser ses structures territoriales, pour adapter son action pastorale dans un monde qui se christianisait rapidement. En vertu de ce qu’on appelle le « principe d’accommodation », l’Eglise prit les structures administratives de l’Empire comme critères de sa propre organisation. La circonscription la plus classique - la province - servit de modèle à la province ecclésiastique. A la fin du 5ème siècle, l’Empire comptait plus de 120 provinces. La division provinciale de l’Eglise s’implanta graduellement dans ce cadre territorial.
L’évêque de la capitale de la province civile acquit progressivement une certaine prépondérance sur ses collègues de la province : ce fut le « métropolite », évêque de la « métropole », tandis que les autres étaient ses suffragants. Dans le domaine judiciaire, le métropolite était l’instance supérieure des autres tribunaux diocésains et c’est à lui qu’il revenait de consacrer les nouveaux évêques de sa province. Il devait en outre présider le concile provincial - assemblée des évêques de cette région - lequel, selon une règle du 1er Concile de Nicée qui ne fut jamais bien observée, devait se réunir deux fois par an.
(à suivre)
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(1) Julien, appelé également Julien le Philosophe, Julien II ou Julien l'Empereur, régna de 361 à 363. Il doit son nom “d’Apostat” au fait qu’il tenta de restaurer le paganisme dans l’Empire, alors qu’il avait été élevé dans le christianisme (l’arianisme, en réalité). Ils écrivit différents ouvrages contre le christianisme, notamment un Contre les Galiléens.