Informatique

Un amour à la casse

Adieu fidèle ami Mac

Pour écrire mon ordinateur est mon ami. Pour effectuer des recherches rapides mon ordinateur est mon ami. Pour rester en contact avec ma famille, mes copines, mes amours, mon ordinateur est mon ami. Pour m’informer mon ordinateur est mon ami. Pour écouter de la musique mon ordinateur est mon ami. Pour combattre la solitude mon ordinateur est mon ami. Quand je suis malade mon ordinateur est mon ami. Quand je déprime mon ordinateur est mon ami.

Pour vivre mon ordinateur est mon ami.

Sans lui je ne vis pas. Je survis.

Je peux me passer de plantes vertes, de viande, de maquillage, de chien ou de quotidiennement voir ma famille, mes amis, mes amours. Pas de mon ordinateur. Mon Mac c’est mon mec idéal. Je l’ai dans la peau. Plus fidèle que la plupart des humains. Plus fiable qu’un chien.

Je suis accro à mon ordinateur. J’en suis raide dingue. Je peux m’en passer. En vacances uniquement. Lorsque comme pour un vieux couple, une saine séparation s’impose. C’est tout. A la maison j’ai besoin de sa compagnie quotidienne, de sa disponibilité sans failles pour répondre à tous mes caprices, à toutes mes nécessités à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.

Parfois les ordinateurs s’avèrent susceptibles. L’ami G5 a peu supporté les nombreuses vacances prises cette année en compagnie de mon autre amour, celui d’os et de sang. Chagriné par de successifs abandons, peu habitué à mon absence, au retour de l’une d’elle, terrassé par le dépit amoureux, il s’est définitivement éteint.

Un choc énorme.

Par chance, contrairement à la famille, aux copines, aux amours de chair et aux chiens, un ordinateur perdu se remplace facilement par un plus beau, plus aimant, plus performant, plus puissant, plus sexy que le précédent.

Il m’a toutefois fallu un temps de deuil avant de me décider à me débarrasser de la carcasse inerte de mon G5. Encouragée par Sacha, nous l’avons amené à la casse le 31 août. Un jour de triste pluie. Nous l’avons délicatement posé dans le bac destiné aux appreils éléctriques morts ou épuisés. Sous les yeux méfiants de l’employé communal qui veille sur le lieu, je lui ai rendu lui dernier hommage en prenant trois photos de lui en souvenir des moments partagés. Des instants de vie remplis de joies, de peines, de changements. Angèle me l’avait offert en 2005. Tant de choses se sont passées depuis le jour ensoleillé où nous l’avions adopté.

J’ai tourné le dos à la vieille machine que j’avais tant aimée pour aller à la voiture. En ouvrant la portière, j’ai vu l’employé communal se diriger vers le bac des objets éléctriques, prendre mon Mac chéri sans ménagement et le jeter vers l’arrière du bac pour laisser de la place aux éléctroménagers suivants. Mon G5 s’est écrasé avec fracas. Le bruit m’a serré les tripes. J’en ai presque essuyé une larme.