Nous fumions tous comme des pompiers à la sortie de l’enterrement. On finirait tous par attraper le cancer des poumons avec tous ces morts prématurés. Après Yves, c’était Franck qui nous quittait à 34 ans d’une crise cardiaque inexpliquée…
Ca nous foutait grave le bourdon à tous. Nous nous serrions les coudes comme face à un penalty. On ne se protégeait pas les burnes mais presque. Pas de doute, ce soir, après nous être saoulés, nous baiserons tous nos femmes par réflexe de défense. C’est ce que nous avions déjà fait à l’enterrement de Yves. Tous sauf Franck… D’abord, parce qu’il n’avait pas de femme mais surtout parce qu’il avait été embarqué par les pompiers et cette Eva.
C’est alors que je la vis. Franck n’était plus là pour me donner un coup de coude et me questionnait sur cette sublime apparition. Il était aussi trop tard pour moi pour détourner mes yeux. Et quand elle leva sa voilette, dévoila son beau visage et que nos yeux se rencontrèrent, je sus que je n’aurai désormais plus qu’une seule obsession : elle… et que je signais ici mon arrêt de mort.