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J'ai enfin compris d'où venait mon malaise lorsque je ren...

Publié le 26 septembre 2010 par Chroniqueur
J'ai enfin compris d'où venait mon malaise lorsque je rends visite à un proche à l'hôpital et que ni lui ni son lit ne se trouvent dans la chambre. Qu'il se soit momentanément absenté, c'est une chose, mais qu'un meuble aussi crucial l'ait suivi en est une autre. La pièce est mutilée, il lui manque un organe central autour duquel vient s'organiser toute la scène de notre rencontre. Je suis assis sur une chaise et j'observe cette béance, avec une petite crainte: est-ce que le lit reviendra avec son patient, et dans quel état? Je vois des lunettes posées sur la table de nuit, lunettes sans lesquelles je sais qu'il n'y voit rien. On a donc jugé inutile qu'il y voit quoi que ce soit. C'est dire. On ne lui laisse pas l'opportunité de s'échapper. Au pire, il y aura même sa bague de mariage. Tous les amarres sont rompus, on l'a voulu dans sa plus extrême nudité et, si le pire survenait, il n'aurait même pas la possibilité de caresser ce repère familier. Décidément, rien ne lui est épargné. Pourtant, ce même lit peut être un cocon dans lequel on se blottit pour rêver. Mais la condition du voyage est la paix du sommeil, ou ni le lieu ni le corps ne bougent. Celui qu'on arrache à cette douce immobilité est forcément la victime d'un ébranlement ou d'un tremblement qu'il n'a pas souhaité.

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