Après vous avoir raconté mes matinées, il est temps de vous raconter ce moment merveilleux d’échange et de partage qu’est un repas du soir en famille chez les « nous, on » (« moi, je », « nous, on ». Logique.).
19h15 : Dans ma cuisine équipée tout confort années 50 (papier peint au plafond, four et hotte en rade, plaques de cuisson ayant connu de nombreux accidents, carrelage marron avec feuilles d’automnes, intérieurs de portes qui tiennent par miracle, ou qui tombent brusquement dans un grand claquement, écrasant tout se qui se trouve sur leur passage, vaisselle ou doigts), je déboule en trombe après la sortie de garderie, de crèche, le bain des enfants, le rangement de la chambre des enfants ou du salon (parfois les 2). Il est idéal de faire manger les enfants tôt, ils sont souvent fatigués de leur DURE journée passée à dessiner, à jouer, à rire et à faire la sieste. De mon côté, je suis en pleine forme, bien sûr.
Un repas pris plus tôt permet de les coucher tôt, et évite souvent les crises du soir. Accessoirement, cela permet également de regarder le film sans manquer les trois premiers quarts d’heure. A vrai dire, je connais à peu près la seconde moitié de tous les films des 20 dernières années, mais pas la première. J’ai calculé que le repas idéal pour remplir tous ces critères commence à 19h15.
Donc là, on n’est pas dans la merde.
19h16 : J’ouvre le frigo pour vérifier mentalement que je n’ai aucune idée quand à ce que je vais bien pouvoir faire à manger, de manière rapide mais nutritionnellement correcte. J’épluche une carotte et la grignote en réfléchissant. Toujours ça que les boches n’auront pas.
19h17 : j’ai opté pour un « je réchauffe les restes des trois jours précédents » et je rajoute une salade et du fromage pour faire bonne mesure. Ce sera donc salade + riz complet + poêlée de légumes + fromage + pain.
19h18 : Je constate qu’il ne reste plus de pain, que je n’ai pas pensé à en refaire (oui je fais mon pain, enfin pas moi, la machine, faut pas déconner non plus, on n’est pas chez les Ingalls). Je n’en ai plus dans le congélateur non plus.
Etat de ma réflexion :
SaladeCa me paraît un peu juste quand même. Je rajoute du jambon pour faire bonne mesure.
Riz complet
Poêlée de légumesFromagePain
19h30 : salade essorée et sauce faite, restes micro-ondés, jambon débarquetté, je demande aux enfants de mettre la table. Schtroumpf rêveur, n’a pas entendu, ni la première, ni la seconde fois. La troisième, il répond qu’il n’a pas envie, qu’il est trop fatigué, soupire et va s’allonger sur le canapé en geignant. Schtroumpf Gourmand, lui, veut mettre toute la table du haut de ses 2 ans, y compris les 4 verres en verre à la fois et les assiettes avec. J’hésite à investir dans un service entier en mélaminé, mais je n’ai pas trouvé ça chez Ikea.
19h35: je finis de mettre la table, et j’appelle tout le monde. « A table !!!! »
Pas de réponse.
Bruits de légos qui chutent, de jouets électroniques divers qui jacassent, miaulent, chantent des comptines, et d’enfants qui cavalcadent au premier étage.
19h36 : « A table !!! » (plus fort)
19h37 : « Je mange, tant pis pour vous !! Il y a de bonnes chose à manger de la salade et puis des légumes.»
19h38 : « Dernier appel pour le repas du soir à destination de la table. Tous les mangeurs sont invités à se présenter dans la salle à manger pour nourrissage immédiat. » Je répète, « dernier appel… »
19h39 : Hay hi, hay oh, l'Homme rentre du boulot . Descente immédiate des enfants qui crient « papa !! », se jettent dans ses bras, et viennent se mettre à table.
19h40 : « Maman, il y a des pâtes ? ». Non.
19h50 : Schtroumpf Gourmand a décidé soudainement qu’il adorait la salade, mais pas les légumes. Schtroumpf Rêveur lui se régale des légumes, mais le jambon ne lui plait pas. Et les deux sont d’accord pour ne pas vouloir de riz complet. Heureusement, l'Homme mange avec appétit tout ce que je lui propose.
19h55 : Après des menaces diverses et variées pour qu’ils acceptent d’obéir à nos principes éducatifs (tu goutes de tout mais tu n’es pas obligé de finir), nous en sommes aux ultimatums suivants : confiscation de la future Nintendo DS prévue pour Noël pour le grand, et pas de dessert et direct au lit pour le petit. Chacun accepte finalement de manger une cuillère de riz complet. Suite à quoi, ils en redemandent, mais avec du ketchup, que nous accordons de guerre lasse, et ils raclent leurs assiettes, puis réclament du fromage. Sans pain. Spa grave.
19h58 : Schtroumpf Rêveur a décidé de servir tout le monde en eau, bilan : un demi-verre d’eau sur la table, un demi-verre d’eau par terre. Il me regarde d’un air à peu près aussi expressif qu’un bulot. Pendant ce temps, la nappe d’eau par terre s’étend, agglomérant au passage les morceaux plus ou moins identifiables de nourritures diverses qui entourent la chaise haute de son frère. Je soupçonne ce dernier d’être animiste, et de vouer un culte secret à une quelconque divinité terrestre à laquelle il verse environ la moitié de ce qu’il mange à chaque repas.
20h00 : environ un demi kilo de fromage pour chaque Schtroumpf après, c’est l’heure du dessert. Les fruits passent bien, mais chacun a sa préférence. Pommes vertes et prunes pour le grand, bananes et brugnons pour le petit. Et moi ? J’épluche, et je coupe.
20h10 : C’est l’heure de monter se coucher, mais ils négocient encore un morceau de chocolat, des noisettes, des crêpes pour demain soir, le visionnage de Némo, une invitation du meilleur copain pour le week-end prochain. Schtroumpf Gourmand n’a manifestement pas envie de se coucher, la seule chose compréhensible qu’il a dite depuis tout à l’heure étant « pas dodo ».
20h15 : tout le monde est sorti de table et monte les escaliers, je vais piquer en douce un carré de chocolat dans le frigo... Et puis une poignée de noisettes dans le placard. C'est qui qui décide?
A bientôt mes petits clous!
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