SECTION I : LES PERSECUTIONS DU PREMIER SIECLE
1. Une superstition nouvelle et maléfique
L’historien Caius Suetonius Tranquillus (Suètone), fonctionnaire impérial de haut rang sous les Empereurs Trajan et Adrien, intellectuel et conseiller de l’Empereur, justifiera cette intervention contre les chrétiens, ainsi que celles qui les suivirent, en définissant le christianisme par ces mots très forts : « Une superstition nouvelle et maléfique ».
En tant que superstition, le christianisme était ainsi rattaché à la magie. Pour les romains, celle-ci désignait un ensemble de pratiques irrationnelles auxquelles recouraient des mages et des sorciers sinistres pour abuser les gens ignorants, sans éducation philosophique. La magie, c’était l’irrationalité opposée à la raison, la connaissance vulgaire opposée à la connaissance philosophique. L’accusation de magie (comme celle de folie) était une arme dont se servait l’Etat romain pour accuser et contrôler des composantes douteuses de la société. Ainsi du christianisme.
Le terme maléfique (porteur de maux) alimentait la suspicion obtuse du peuple, qui voyait dans cette nouveauté (comme dans toute nouveauté) la source des délits les plus déplorables, et, par conséquent, la cause de tous les maux inexplicables qui se répandaient, de la peste aux inondations, de la famine à l’invasion des barbares.
(à suivre)