Avec Fabrice Hadjadj..
Que sait-on du paradis ? Autant, nous comprenons ce que peut-être - de vivre l’enfer, comme si nous comprenions mieux le mal.. ! Autant, le paradis nous
semble puéril ...
Comment puis-je tendre vers ce que je ne conçois pas ? L’imagination doit tendre vers ce que nous espérons … Certes, si la ‘ vraie vie est ailleurs ; il ne nous reste , peut-être, qu’à mépriser celle-ci ! Vision nihiliste, combattue par les matérialistes !
Le « royaume », n’est pas dans un autre monde, il est au milieu de nous. L’au-delà est un au-dedans. Il s’agit d’une vie déjà commencée. Une vie qui vient s’aboucher à sa source : elle se déploie ici-bas jusqu’à donner sa fleur là-bas, mais c’est la même sève qui circule et que les écritures appellent la grâce. . L’essence de la grâce, c’est l’accueil de l’autre. A l’inverse, l’enfer n’est qu’un repli sur soi, le désir d’un paradis à son étroite mesure.
« L’enfer, c’est de se croire au paradis par erreur » Simone Weil
" Dans le christianisme, le paradis est paradoxe. En effet, ce mot évoque deux réalités différentes : le paradis terrestre, qui est irrémédiablement perdu ; et le paradis céleste, qui est plutôt à gagner. Le premier est désormais barré par un ange à l’épée de feu : c’est un paradis régressif qu’il ne faut plus désirer. Le second est marqué par la Croix de l’amour : c’est un paradis exigeant qu’il s’agit d’accueillir. Il est refus de s’enfermer dans la nostalgie d’un monde originel, sans drame, sans péché." FH
" C’est précisément contre cela que se dresse l’appel du paradis céleste. Il nous demande d’assumer pleinement la réalité humaine, et de trouver une lumière au cœur même de la tragédie."FH
" Ce qui sauve, ce n’est pas la douleur, c’est l’amour reçu et donné. La douleur peut en augmenter le mérite mais, sans cet amour, elle ne vaut rien. Or, cet amour est sur la terre comme au ciel. La différence, c’est que, sur la terre il se vit dans la souffrance et la contradiction. Il provoque des résistances, suscite même une violence à notre propre endroit, car notre orgueil ne veut pas l’admettre… À dire vrai, le paradis ne se gagne pas, il se reçoit. Avec Dieu, il ne s’agit pas de travailler plus pour gagner plus, mais d’ouvrir notre être pour recevoir en abondance. Notre société de consommation (la publicité nous le rappelle tous les jours) peut nous permettre de jouir des petits plaisirs de l’existence. Mais elle ne nous donnera jamais la joie, la joie profonde et vraie. Car celle-ci ne s’achète pas. "FH
« Quand l’homme essaie d’imaginer le paradis sur terre, ça fait tout de suite un enfer très convenable », Paul Claudel