Le mari de Chantal est parti.
Personne ne l'a revu.
La boulangère a dit : "Il est passé ce matin avec une tête déconfite", mais Chantal n'est pas sûre de vouloir croire la boulangère.
Le mari de Chantal a laissé un mot :
"Occupe-toi bien de la fille et des chats.
N'oublie pas de nourrir régulièrement les cerveaux contenus dans les cuves de la cuisine.
Fais-leur écouter de la musique car ils y sont sensibles.
Les cerveaux aussi bien que les chats.
La fille se contente généralement d'un bol de Nesquick à 17h.
Et d'un cookie.
La fille n'aime pas la musique.
La fille n'a pas besoin qu'on la couve.
La fille est autonome.
La fille fait des trucs de filles à partir de 19 h et s'enferme dans sa chambre".
Chantal est blessée que son mari n'ait fait aucune allusion à elle dans sa lettre.
Il aurait pu écrire : "Prends soin de toi" ou bien : "Ce n'est pas ta faute, mais la mienne" ou encore : "Tu mérites mieux que moi".
Mais non.
Rien.
Nada.